Buhari II : Les Nigerians aimeraient retrouver le général à poigne des années 80

Buhari II : Les Nigerians aimeraient retrouver le général à poigne des années 80

56% tel est le score à la présidentielle du 23 février obtenu par Muhamudu Buhari, président-sortant, qui se succède à lui-même, malgré de nombreux facteurs qui auraient pu le faire perdre.

L’INEC en publiant les résultats de certains Etats tels que Delta, Riviera, Katsina, Kano, Borno, avait déjà dessiné le profil du gagnant. Quoiqu’on dise, c’est un peu sur son bilan clair-obscur qu’il a été reconduit. Et si les Nigerians ont préféré poursuivre dans la continuité, c’est qu’ils ont opté de donner une seconde chance à Buhari de valider son 1er bail, mais surtout, ils piaffent d’impatience et appellent de tous leurs vœux, l’avènement du Buhari des années 80.

En ce temps là, certes c’est bien en tant que prétorien qu’il est parvenu au pouvoir suprême, mais il avait fait de bonnes et grandes choses. D’ailleurs, nombreux sont ceux qui estiment que le Nigeria, ne peut être régenté que par un militaire, d’actif ou à la retraite.

Entre 1983 et 1985, après son pronunciamiento, c’est un frêle général, mais dont le pédigrée en imposait qui prend en main les affaires de ce géant d’Afrique. Jeune capitaine dans les années 60, il avait fait la guerre du Biafra, il a mâté des mouvements séditieux, il est musulman et est du Nord. Ce n’est pas rien au Nigéria.

Le militaire putschiste, usa de camps de discipline et de punitions diverses pour diriger un pays dont la pagaille est le sport favori, surtout avec les turbulences des sessionnistes du Delta du Nil. C’est ce Buhari là que les Nigerians espèrent pour le second mandat, et ils en ont besoin, car il y a 40 ans, il n’y avait pas Boko Haram, ni de rapt de jeunes filles, ni de corruption d’une telle ampleur.

Ramener le sens et l’autorité de l’Etat, la bonne gouvernance (par exemple, comment comprendre que le 1er producteur de pétrole en Afrique connaisse souvent des pénuries de carburant), mâter les ripoux au col blanc, bref, nettoyer de fond en comble les écuries du pays, c’est ce président à la main dure que veulent les Nigerians.

Buhari II le pourra-t-il ? lui qui a certes fait bouger les lignes, côté lutte contre le terrorisme sans pourtant abattre le monstre ? La corruption sera-t-elle réduite à sa portion congrue ? Et encore, voila un pays et on ne le dit pas assez ou la fracture Nord-Sud ne fait que s’élargir, et il lui faudra réduire cette béance, en associant son vice-président Yemi Oseymbajo, qui avait été très compétent lors de l’interminable vacance médicale de Buhari. En plus, il est du Sud.

C’est dire que cette deuxième levée au palais présidentiel  de Buhari II sera du tout, sauf de tout repos, et s’il y a quelque chose que le réelu n’aura pas, ce sera, un laps de temps de grâce, même pas une once, tant les Nigerians attendent, et la déception du 1er mandat leur reste au travers de la gorge.

Alors, derrière l’homme frêle, le militaire autoritaire, et pétri de rigorisme qui affleure, fera-t-il surface ? C’est tout ce que souhaitent ses compatriotes. Et ils ont raison.

La Rédaction

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