Burkina-Côte d’Ivoire : Allons seulement…

Burkina-Côte d’Ivoire : Allons seulement…

Ce 31 juillet dans la matinée, du côté de la salle des Banquets de Ouaga 2000, s’est tenu un cénacle entre 2 chefs d’Etat : le Burkinabè Roch Kaboré et l’Ivoirien, Alassane Ouattara. 8e cru du Traité d’amitié et de coopération (TAC) entre ces 2 pays, le TAC est une locomotive qui cornaque à la fois des projets politiques et économiques entre 2 pays que le hasard, l’histoire et la géographie ont condamné à coexister.

Précédés  de l’éclairage des experts, et par un Conseil de ministres conjoint des 2 gouvernements avec leurs premiers ministres respectifs, cette réunion au sommet se veut une évaluation des acquis et insuffisances issus du 7e TAC, tenu à Yamoussoukro, il y a un an.

Bien sûr, on a parlé infrastructures routières et ferroviaires, énergie et mines, coopération, diplomatie et intégration régionale, sécurité, bref, les sujets convenus dans ce genre de jamborée.

Cependant, le coup d’Etat de septembre 2015 et Blaise Compaoré étaient dans tous les esprits pour ne pas dire qu’il planait sur le toit de la salle des Banquets. Certes, l’image d’Epinal d’un Roch Kaboré et d’un Alassane Ouattara, éclatant de rire en marge du sommet de l’UA le 29 janvier 2016 à Addis-Abeba, était indicateur que le dégel avait eu lieu entre les deux dirigeants qui se connaissent bien.

En effet, depuis la chute de Blaise Compaoré, en fin octobre 2014, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts Kadiogo et Ebrié : du mandat d’arrêt émis par le Burkina contre Blaise dans le cadre de l’enquête sur l’assassinat de Thomas Sankara, en passant par celui émis le 9 janvier 2016 contre l’alors président du parlement ivoirien, Guillaume Soro, lequel mandat avait été jugé «inamical», jusqu’à cette sorte de théâtre d’ombres, entre les 2 pays via les minutes du procès du putsch manqué, où des noms de proches du pouvoir ivoirien sont cités, on nageait en plein suspicions. A-t-on tout effacé pour recommencer ?

Depuis en tout cas, le mandat de Soro a été «géré diplomatiquement», même si aujourd’hui, la rupture entre Soro et Ouattara rebat les cartes judiciaires.

Ironie du sort d’ailleurs, c’est dans la même salle des Banquets, où se sont déroulés les travaux de ce 8e TAC ivoiro-burkinabè, qu’a lieu ce procès sur le coup d’Etat du 16 septembre 2015. Au demeurant, en raison de ce raout politique, ledit procès a été suspendu ce 31 juillet pour reprendre aujourd’hui 1er août. Le hasard est souvent étrange et renvoie les hommes à une sorte de miroir où ils peuvent percevoir tout ce qu’ils ont de laideurs et grandeurs.

Le cas de l’ex-n°1 burkinabè Blaise Compaoré, taraude également les esprits, du moins est dans la tête de Roch et Alassane. Passé le temps des épistolaires, entre Blaise et Roch, sur l’ardent vœu du 1er de revenir au bercail, passé cette période et les tenants et aboutissants d’un éventuel retour de Blaise Compaoré évalués, il va falloir que Roch décide :

  • soit l’illustre exilé burkinabè rentrera au Burkina pour solder ses comptes judiciaires et politiques ;
  • soit il ne rentrera pas de sitôt et rejoindre son patelin de Ziniaré.

Subsidiairement, les 2 pays tiendront une présidentielle en 2020 à quelques mois d’intervalle. Sans savoir si Alassane Ouattara sera candidat ou s’il laissera Gon Coulibaly compétir, la météo politique ivoirienne demeure nuageuse, et au Burkina Faso, avec le vote de la diaspora, dont la majorité de ce corps électoral (1,5 million) est éburnéenne, les 2 présidents se doivent d’agir avec tact, car trop de dossiers politico-militaires brûlants lient toujours la Côte d’Ivoire et le Burkina.

Ce 8e Tac, au-delà des circonlocutions de circonstances, n’apurera pas ces contentieux toujours pendants, malgré le réchauffement des relations. Il va falloir que le téléphone pleure encore entre Kosyam et Cocody, qu’il y ait de secrets chasses-croisés diplomatiques et surtout que les échéances électorales à venir se passent bien dans les 2 pays. Faut-il dire allons seulement pour paraphraser les férus des réseaux sociaux au Burkina ?

Sam Chris

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