Burkina en 2023 : Géolocalisation et espoir

Burkina en 2023 : Géolocalisation et espoir

2022, s’en va happée par l’intemporalité, avec sa cohorte de pathos mais aussi de quelques moments de bonheur fugace hélas !

Dans la lorgnette internationale, elle est estampillée des miasmes du covid19 laquelle pathologie a désaxé l’économie mondiale et notre mode de vivre, mais  aussi 2022 est marquée du fer rouge de la guerre aux portes de l’Europe : Russie-Ukraine, laquelle bouclera ses 12 mois en février prochain. Nul ne sait en dépit des multiples gestes diplomatiques, des sanctions contre la Russie, les appels du président ukrainien Volodymyr Zelensky, appels marqués tantôt de la commisération, tantôt un tantinet comminatoires, personne ne sait quand est-ce que le maître du Kremlin va arrêter «cette reconquête du territoire russe». Une guerre qui est aussi un requiem pour ce monde bipolarisé.

En Afrique certaines guerres ou rebellions, et surtout le terrorisme a atteint des pics himalayens au Sahel notamment qui peine à vaincre ces ennemis qui de plus en plus n’ont plus d’asymétriques ou d’ombres que de nom. Le Burkina et le Mali ont payé très cher ces attaques des katibas   dont les éléments sont de plus des fils de nos terroirs.

Roch et Damiba tombent pour cause de terrorisme

La démocrate quant à elle a connu quelques reculs à l’Ouest avec le retour des prétoriens en tenue de camouflage. Mali, Guinée-Conakry en 2020 et en 2021 et Burkina Faso, comme éffet domino  frappé  en 2022.

Dans l’Est de la RD Congo, une guerre vieille de plus d’une décennie, s’est remise à cracher ses salves mortelles comme le réveil d’un volcan.

Le M23, soutenu par le Rwanda (le dernier rapport onusien du 28 décembre 2022 l’atteste) guigne Goma, tuant, violant et forçant des milliers de populations à l’exil intra-muros, face une armée congolaise qui résiste comme elle peut, aidée en cela par des Kenyans et bientôt des militaires du Sud Soudan. 

Qu’en est-il du Burkina Faso à l’orée de la nouvelle année de cette seconde décade du XXIe siècle ?

Elle débuta (24 janvier) par une saute d’humeur de la soldatesque, teintée de mal de soldes de guerre contre les terroristes, et de mauvaise conditions de travail, le tout enrobé dans l’incapacité de Roch Kaboré le président élu à juguler la crise sécuritaire, et voilà l’artisan de la première alternance civile depuis 5 décennies qui tombe. Vive le Lt-cl  Paul-Henri Sandaogo Damiba que des  capitaines, les véritables putschistes appellent à venir tenir le gouvernail burkinabè qui connaît des secousses. Promesse avait été donnée par le même Damiba de faire baisser ce terrorisme, mais 8 mois après, constat est fait et par les capitaines eux-mêmes qui l’avaient hissé au sommet qu’il y a non seulement insuffisance de résultats, mais changement de trajectoire. Recadrage donc et Damiba qui chute comme une mangue blette de par le fait de ses frères d’arme.

Sunt Lacrimae rerum «en toute chose il y a des larmes». En cette année 2022, les Burkinabè ont geint comme Virgile dans l’Eneide, car sueur, sang et larmes pour reprendre Churchill ont émaillé leur quotidien. Le terrorisme est toujours là prégnant et le sentiment obsidional n’en est plus un, mais bien réel, car le Burkina est encerclé de  «l‘intérieur».

Coup d’arrêt au processus démocratique

«De quoi le Burkina Faso est-il le nom ?» pestait un diplomate, qui estime que c’est aux Burkinabè de prendre leur destin en main. Ce destin, IB l’a empoigné, et essaie de marcher sur les pas de Thomas Sankara, avec 35 ans dans le rétroviseur.

IB et le parfum de sincérité

Il y a un parfum de sincérité qui se dégage du Capitaine Ibrahim Traoré, mais il lui faut apprendre vite à bien s’entourer, à décider et à assumer. En effectuant sa révolution de palais au long cours les 30 septembre, 1er et 2 octobre 2022, lui aussi a jeté le cap sur la mise sous éteignoir du terrorisme. Les Burkinabè l’y attendent et en 3 mois, on ne va pas lui jeter la pierre, car le mal sécuritaire est très profond que même un Napoléon avec sa bonne fortune (chance) proverbiale (en vérité un art de la guerre consommé) ne saurait venir à bout.

Où est le Burkina ? Et où va-t-il ? Il y a indubitablement une question de géolocalisation pour le pays des hommes intègres. Et même pour tout le Sahel ! On sent des frémissements sécuritaires au Burkina avec des offensives des FDS et avec les 50 000 VDP recrutés même si les chancelleries  et pas seulement redoutent l’après-guerre pour la gestion de ces supplétifs.

2022, c’est assurément l’année de l’immixtion de l’armée dans la vie politique nationale. C’est l’année du coup d’arrêt au processus démocratique dans le pays. C’est l’année où jamais les menaces d’un terme au printemps des libertés de presse chèrement acquises n’ont été aussi ombrageuses.

Vision conflictuelle de la diplomatie pour la bonne cause ?

C’est également l’irruption dans l’arène politique de nouveaux acteurs religieux, pro-russes ou présentés comme tels qui font souvent dans la violence. Apparait aussi même si c’est pour la bonne cause, une vision conflictuelle de la diplomatie, qui est pourtant l’art de la chorégraphie, du compromis. On a tenté subjectivement avec les militaires de remplacer le régime des partis par celui des OSC et activistes. On découvre souvent la face hideuse d’une telle substitution. Politiciens et anciens sont fautifs de la situation actuelle, mais leur tenue à l’écart par le pouvoir kaki met en exergue les acquis du Burkina dont on le leur doit.

Voilà 2023, l’année où il va falloir opérer des choix judicieux. Et IB doit être le maître des horloges. Car le temps c’est ce que le MPSR2 n’a pas pour tout faire. 19 mois c’est une horloge politique trop courte.La pacification du pays, la création de conditions idéales pour des élections transparentes, sécurisées, objectives et inclusives est un chantier majeur sur lequel la transition militaire ne peut se défausser. C’est un impératif catégorique. 2023 est à ce titre une année préélectorale, reprise ou non des activités des partis politiques. Enfin, il faut des mesures rapides pour relancer  un peu l’économie locale, ne pas laisser mourir les PME et même les entreprises les plus insignifiantes. Retour à la paix et reprise économique sont des vases communicants. 2023 sera l’année du chaos généralisé ou l’embellie du pays. Souhaitons le meilleur, la paix, la vie, la joie retrouvée des filles et fils de ce pays. Espoir donc ! Bonne année 2023 aux Burkinabè, et aux habitants de la planète Bleue !

Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana

Directeur de publication

Directeur général

Chevalier de l’Ordre national

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