Burkina Faso : 16 tués au Sahel  A quand les supplétifs locaux aux FDS ?

Burkina Faso : 16 tués au Sahel A quand les supplétifs locaux aux FDS ?

12 octobre 2019 : 4 tués au Nord

19 octobre 2019 : 5 autres tués au nord ;

20 octobre 2019 : 6 tués au Nord ;

26 octobre 2019 : 3 tués au Nord ;

28 octobre 2019 : 16 tués au Nord.

36 personnes ont eu la vie ôtée en 2 semaines dans ce Nord du Burkina Faso lequel septentrion  a glissé subrepticement en un no man’s land qui ne dit pas son nom !

Le Burkina est devenu comme un corps endolori par mille plaies. Il ne sait plus quel endroit de son corps lui fait le plus mal. Le Nord ? Le Centre-Nord ? Le Sahel ? 16 civils ont encore été arrachés à la vie à Pobé-Mengao ce dimanche 27 octobre dans le Sahel. Ils viennent allonger la liste d’une trentaine de civils tués en moins de deux semaines. Les chiffres sur les morts s’égrainent, tel un chapelet infernal fabriqué dans les entrailles de la géhenne.

Les doigts des internautes burkinabè sont endoloris tant ils ont tapé «RIP» en bas des publications qui annoncent les tristes nouvelles. Les soupirs ne sortent plus des poitrines, tant les poumons en ont exhalés. La seule question qui s’impose désormais sur les lèvres, c’est à quand la fin de tout ça ? Car, tel un corps dépassé par la souffrance, il s’évanouit et se mure dans le silence parce que n’ayant plus assez de mots pour qualifier sa souffrance.

Ces mots manquent dans le vocabulaire d’autant qu’on ne sait plus très bien qui sont ceux qui commettent massacres sur massacres dans ces parties ensanglantées du Burkina.

– Sont-ce des groupes «djihadistes» ? Difficile de corroborer puisque ces derniers par essence revendiquent leurs attaques. Or, ces gens qui œuvrent de façon funeste dans ces entrailles du pays ne revendiquent rien, n’émettent aucun ahanement qui puisse guider ne serait-ce que sur leurs intentions, leurs envies, leurs désirs ou même leurs revendications.

– Est-ce des bandits de grands chemins, qui ont profité du délitement de la situation pour mieux s’incruster dans cette délinquance mortifère ?

– Des opposants armés au pouvoir, thèse brandie également en ces heures sombres ?

Les Burkinabè ne savent même pas pourquoi on les tue d’une façon aussi barbare.

Les yeux se tournent donc vers les potentielles sources de solution. Et ils se froncent de douleurs lorsque par exemple, les 16 infortunés de Mengao ont certainement pu entendre l’appel lancé par le Laarlé Naaba Tigré, un ministre du chef traditionnel des Mossé le Mogho Naaba, lancé le 26 octobre 2019 depuis un rassemblement en soutien aux Forces armées nationales.  Dans la cuvette du stade Issoufou Conombo, ce charismatique chef coutumier, proche du pouvoir avait appelé les Burkinabè dans les différentes régions à s’organiser pour ne plus se laisser surprendre par les attaques des terroristes. Le Larlé Naaba Tigré appelait ni plus, ni moins à ce que les populations meurtries par tant de barbaries s’organisent en groupements d’autodéfense, bref à l’avènement de supplétifs aux militaires et aux Forces de défense et de sécurité (FDS).

Dit en français facile, que ces populations se regroupent pour faire face à ces croquants qui surgissent juchés sur des motos, sèmant mort et désolation et se volatilisant après.

A Kongoussi, ville du Centre-Nord, il y a quelques semaines, un  appel identique avait  été lancé par des organisations de la société civile, pour inciter les Burkinabè à prêter main forte aux forces armées nationales.

Il est clair que sans moyens conséquents de surveillance aérienne, le renseignement au sol, apanage des populations, pourrait être une solution. Mais une chose est d’appeler les Burkinabè à ce genre d’action une autre de leur dire comment l’opérer. Quels seront les critères pour cette conscription spéciale ? Qui et qui seront aptes à en faire partie ? Qui pour les former à exercer cette violence réciproque ? Quelles armes leur seront dotées ou est-ce avec bâtons, machettes et autres coupe-coupe, qu’ils affronteront ces cruels croquants ? Faut-il donner des armes à des civils, sans risquer de créer un terreau favorable à une guerre…civile ? Si un militaire sans formation patriotique est un criminel en puissance un civil sans formation militaire n’est l’est-il pas aussi ? comme le disait le père de la révolution burkinabè. Comment les encadrer ?

On est enclin à une prudentissime posture au regard du cas des «Koglwéogo» ces justiciers de la brousse qui ont fait œuvre utile, mais dont certaines bavures, ont fini par susciter polémiques,  questionnements et désaveux.

Autre temps, autre exemple, retour en 1984 : La Révolution du fringant capitaine Thomas Sankara a accouché des comités de défense de la Révolution (CDR), bastions anti-réactionnaires qui eurent leur heure de gloire, mais qui finirent «en CDR  brouette» condamnés par Sankara lui-même.

En tous les cas, l’heure est grave. Les assassinats deviennent pratiquement journaliers, au point qu’on a l’impression que les zones attaquées se sanctuarisent en non-Etat. Il est plus qu’urgent d’apporter des supplétifs aux forces armées nationales pour stopper l’hydre qui souille le territoire.

Il est temps de mettre fin à tout ça. Mais à quand l’arrivée de cette cavalerie locale  civile ? 

Ahmed BAMBARA

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