Burkina Faso : l’hebdo panafricain du 51 bis, rue d’Auteuil suspendu

Burkina Faso : l’hebdo panafricain du 51 bis, rue d’Auteuil suspendu

Les dernières publications de l’hebdomadaire panafricain Jeune Afrique ne sont pas gout du gouvernement burkinabè. Après un premier article faisant cas «d’une grogne dans la casernes» paru le jeudi 21 septembre dernier, le journal est en effet revenu à la charge hier lundi 25 septembre 2023. Dans sa parution de cette semaine, le journal informe que les tensions persistent au sein de l’armée provoquant l’ire des autorités burkinabè qui qualifient ce nouvel article publié sur le site du journal de «mensonger».

Selon l’exécutif burkinabè, ces «affirmations faites à dessein sans l’ombre d’un début de preuves n’ont pour seul but que de jeter un discrédit inacceptable sur les Forces armées nationales et par-delà l’ensemble des forces combattantes qui se battent avec abnégation pour la souveraineté et la dignité du peuple dur la terre libre du Burkina Faso».

Face à ce qu’il qualifie de manipulation grotesque et de cabale médiatique, le gouvernement a décidé de suspendre jusqu’à nouvel ordre tous les supports de diffusion de Jeune Afrique au Burkina Faso à compter d’hier lundi 25 septembre 2023 (Lire communiqué du gouvernement à la page 7). Depuis la signature le 19 avril 2023 du décret par le président de la Transition de la Loi portant Mobilisation générale et mise en garde (pour une durée de douze mois) plusieurs médias ont écopé de sanctions. En décembre 2022, tout en réaffirmant son attachement à la liberté d’expression et d’opinion, le gouvernement burkinabè avait suspendu la diffusion des émissions de RFI. Par la suite, plusieurs autres subiront le même sort.

Et la liste des médias internationaux frappés par les oukases de la Transition burkinabè s’allonge. Après RFI, France 24, LCI, les quotidiens français Libération et Le Monde, c’est au tour de Jeune Afrique, l’hebdomadaire panafricain d’être suspendu par les autorités burkinabè. Le journal fondé par Sy Béchir (plus connu sous le nom Béchir Ben Yahmed rappelé à Dieu le 3 mai 2021) a-t-il pêché en publiant par deux (2) fois et dans l’intervalle de 5 jours une information très sensible car ayant trait à la sûreté de l’Etat ? Pourquoi JA a-t-il réchauffé son plat après sa publication du 21 septembre démenti du reste par le gouvernement ?

Ce qu’il faut retenir, c’est le fait que le journal évoque des évènements gravissimes au Camp Guillaume Ouédraogo et aux alentours du Premier ministère lesquels, selon plusieurs sources restent à être vérifier. Aujourd’hui, un mouvement d’humeur dans un casernement militaire se sait à la minute près, même étouffée dans l’œuf. D’où JA tire donc ces sources, car c’est sur ce problème que ça achoppe. Est-ce qu’il y a des indices concordants qui confirment ces faits ? En tous les cas, le Burkina Faso vit sous la loi portant Mobilisation générale et de mise en garde et dans une situation de guerre, ou l’information est régulée. Qu’il se pose une question de déontologie ou pas, une telle situation incite à des mesures coercitives, qui limitent la liberté d’expression. Même les médias nationaux y sont soumis. Notre confrère Radio Oméga a écopé pendant un mois d’une suspension.

Le baroud d’honneur contre le France explique-t-il cette posture de part et d’autre ? Généralement, il est rare qu’entre les régimes militaires et les médias, il y ait l’entente parfaite, si en plus le pays est en guerre, l’information devient une chose à manier avec délicatesse, la responsabilité sociétale du journaliste très soupesée au trébuchet des tenants et aboutissants de ce qu’il avance est très engagée dans ce contexte.  

La rédaction

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