Panthéonisé par l’Afrique et même au-delà, Thomas Sankara dont le procès s’ouvre ce jour 11 octobre délocalisé dans la salle des banquets de Ouaga 2000, est un mythe, une légende, car tué trentenaire avant d’avoir déçu, et rejoignant la short list des martyrs-héros fauchés par des balles assassinées, sans que leur comportement ait pris une ride !
Difficile de juger un mythe, compliqué de faire le procès d’un évènement datant d’il y a 34 ans. C’est pourtant à cette tâche que va s’adonner le tribunal militaire qui aura à connaître les circonstances de lieu et de temps dans lesquelles Sankara a trouvé la mort le 15 octobre 1987 aux environs de 16h 30 au Conseil de l’Entente, avec 12 collaborateurs.
Qui a tué Sankara ? Blaise «jaloux de lui» comme le soutiennent certains ou le même Blaise téléguidé par Houphouët-Boigny et la France ?». A moins que ce ne soit la CIA, qui voyait d’un mauvais œil la terminologie lexicale anti-impérialiste de Sankara et sa proximité avec la Libye et cuba, comme l’écrit Jeune Afrique ? On aura tout entendu, presque tout dit sur cette «rectification» de palais, mais la justice, ce sont des preuves, des indices, des témoignages crédibles et probants, des agendas qui coïncident.
Depuis des années, des gens parlent sous le coup de l’anonymat, mais depuis la chute de Blaise Compaoré, le compagnon d’armes, l’ami de Sankara, depuis la fin de son pouvoir le 31 octobre 2014, les bouches deviennent plus volubiles sur le fatidique 15 octobre 87. Le juge d’instruction Yaméogo a aussi effectué un travail professionnel, et on estime que c’est un dossier bien enrôlé qui passe à partir de ce 11 octobre. Ces 2 derniers jours mêmes, sur les réseaux sociaux, des compagnons de Sankara et Blaise parlent … Le procès promet peut-être en révélations.
Dossier de crime, que celui de Thomas Sankara, mais dossier militaire, d’un coup d’Etat, ayant eu lieu dans un casernement de soldat et enfin affaire politique aussi, et c’est tout cet écheveau que le tribunal devra délier.
L’envergure de Thomas Sankara, le temps qui s’est écoulé, et à ce sujet, il aura fallu que la courageuse décision de la Transition, pour donner un coup d’accélérateur à ce procès, toute chose donc, qui font qu’il est attendu avec ferveur et fera date. Il devra permettre s’il tient son pari d’exorciser les rancœurs et les suspicions vieilles de 3 décennies.
Même si Blaise, le principal accusé sera jugé in absentia, et Hyacinthe Kafando le sera aussi, autre accusé majeur, malgré ces 2 jugements par contumace, nombreux sont ceux qui estiment que la vérité et la justice seront au rendez-vous, si encore faut-il que par exemple le général Gilbert Diendéré qu’un ex-ministre de Sankara qualifie «d’accusé VIP» encore faut-il donc que Diendéré accepte de délier la langue. Or pour ceux qui connaissent le taiseux ex-chef d’état-major particulier de Blaise, il ne dira peut-être rien ou pas grand-chose, tout juste répondra-t-il aux questions avec la prudence et le calme qui sont sa marque de fabrique. Dossier Thomas Sankara, un crime avec châtiment enfin ?
La REDACTION
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