Burkina Faso : Remaniement de guerre

Burkina Faso : Remaniement de guerre

Moins radical comme de nombreux Burkinabè l’avaient souhaité et au regard de la conjoncture nationale, le remaniement gouvernemental, intervenu hier 24 janvier, se veut pourtant très significatif. Depuis la nomination de Christophe Dabiré remplaçant Paul Kaba Thiéba, le tout-Burkina bruissait de noms, de futurs ministres. Tel ministre était donné partant, tel autre restait, telle personnalité ferait son entrée, il  y aurait quelques permutations…

Préparé par Roch, entouré de caciques du parti, il s’est agi d’un réaménagement, qui a surtout porté sur des dossiers particulièrement sensibles telles la défense, la sécurité, les finances…

Au total huit (8) ministre font leur entrée et 8 sortent. Deux ministères d’Etat naissent en lieu et place d’un dans le précédant. Le chef de l’Etat a décidé de faire le ménage en limogeant les ministres Jean-Claude Bouda et Clément Sawadogo. Les tueries, rapts et assassinats dont Toéni et Yirgou sont les exemples emblématiques ne seraient pas étrangers à ce congédiement de ces titulaires de maroquins régaliens, d’autant que ce sont des départs réclamés et par l’opinion et par l’opposition.

La suppression du poste de ministre d’Etat qui avait échoit à Simon Compaoré disparaît également, sans doute pour des raisons d’économie budgétaire et aussi permettre à l’intéressé peut-être, d’étrenner pleinement la présidence du MPP, 2020 n’étant plus loin.

La grande argentière Rosine Coulibaly perd également son portefeuille et sans doute, les grèves à tiroir, les éternels bras de fer avec le SYNAFI, le SNAID pourraient expliquer ce départ. Même si étant depuis quelques temps sur la sellette, on avait entendu dire qu’elle voulait rendre le tablier.

D’autres défenestrations de moindre importance, comme celles du Dr Smaïla Ouédraogo, de la jeunesse au profit d’un militant au long cours, Salifou Tiemtoré, ainsi que le ministère de la Santé où le prof. Nicolas Méda est remercié, sont aussi des marques de cette nouvelle équipe. René Bagoro, ministre depuis la transition, voit son ministère de la justice, amputé des droits humains et civiques pour Minata Ouattara/Ouattara.

Pas donc de césarienne, puisque 3/4 des titulaires de poste de l’ex-gouvernement ont conservé leur maroquin.

Les têtes de ponte entrantes sont sans doute Chérrif Sy et Ousseni Compaoré. Ils symbolisent la justification de ce réaménagement, puisque le Burkina est en guerre et leurs devanciers étaient taxés à tort ou raison de ne pas être à la hauteur des fonctions.

Fils du général Baba Sy de vénérable mémoire, Chériff connaît les casernes, a des promotionnaires et des connaissances dans la hiérarchie militaire. Lorsqu’il était au CNT, il s’est fait aussi des accointances et de solides rapports avec certains éléments de la grande muette.

Chériff Sy a le caractère bien trempé et il aime mouiller le maillot. Par exemple, il est fort à parier qu’il ira passer quelques heures ou jours avec les FDS du Sahel ou à l’Est. Ce sont autant d’atouts pour le nouveau ministre de la défense. Son talon d’Achille demeure ses positions sentencieuses et son refus d’arrondir souvent les angles.

Quid d’Ousseni Compaoré, nouveau premier securocrate du Burkina ? C’est un retour à la maison (Burkina) et dans la Maison (gendarmerie), car il a été chef d’état-major de la gendarmerie, sous le règne de Thomas Sankara. A partir de l’avènement de Blaise Compaoré, il s’était mis en réserve de la République et officiait depuis plusieurs années dans le système des Nations unies. Il est un pandore, donc, il connaît le milieu, même si son éloignement et le fait qu’il soit à la retraite le déconnectent de ses actuels frères d’armes. Come-back donc d’un colonel de la gendarmerie à la retraite.

A son sujet, on aura remarqué un fléchissement du président du Faso qui avait promis que nul militaire ne ferait partie de son gouvernement. Ousseni Compaoré est un gendarme retraité, mais est un militaire. Roch semble avoir écouté le chœur et la bronca de ses compatriotes qui demandaient que ces postes de sécurité soient pourvus de militaires. Ils sont satisfaits en partie, de ce côté-là.

Remaniement de guerre donc au Burkina, ce gouvernement de Dabiré I  est très attendu car à peine à l’orée de  plus d’une année d’un rendez-vous crucial que la présidentielle  il doit rassurer les Burkinabè au plan sécuritaire, cohésion sociale, finances et étoffer le bilan du patron, le locataire de Kosyam.

Au travail donc chers ministres ! 

Sam Chris

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