Burundi : 26 ans après, qui a tué Melchior Ndadaye ?

Burundi : 26 ans après, qui a tué Melchior Ndadaye ?

Le fantôme de Melchior Ndadaye au Burundi est semblable à celui d’un Thomas Sankara au Burkina, il hante le pays, tant que justice ne sera pas faite, tant que ses assassins n’auront pas été jugés. Justice pour le premier président du Burundi démocratiquement élu, mais justice également pour les 30 000 tués, victimes de la guerre civile consécutive à ce régicide du 21 octobre 1993.

Hier 8 octobre, à deux semaines du 26e anniversaire de cet assassinat, quelques-uns des présumés sicaires sont dans le box des accusés : 5 personnes, dont 4 hauts gradés de l’armée, à dominance Hutue, mais avec l’absence d’un accusé de poids, le major Pierre Buyoya, putschiste notoire, qui avait cédé le pouvoir à Ndadaye, 3 ans avant son élimination, avant de le reprendre en 1996, via un nouveau coup d’Etat contre Sylvestre Ntibantunganya, un Pierre Buyoya actuellement représentant de l’UA au Sahel. Au total, une vingtaine d’accusés ont des mandats d’arrêt internationaux aux trousses, 15 sont donc jugés par contumace.

Il s’agira de connaître la vérité sur  ce jour sanglant du 21 octobre 1993, donc de répondre à plusieurs questions :

Qui était à la tête des putschistes composés des militaires du 1er bataillon blindé et des para-commandos qui ont bombardé la présidence, dès potron minet de ce 21 octobre 1993 ?

Quel rôle a joué l’aide de camp de Melchior Ndadaye, ce jour-là ?

Pourquoi les éléments de la garde présidentielle du camp Muha ont-ils choisi de livrer le président (qui s’était réfugié chez eux) aux putschistes, sans résister ?

Qui a brisé les vertèbres du président Ndadaye et l’a fait ensevelir au cimetière de Ruziba à la sauvette, pour le faire exhumer, le 30 octobre après ?

Dans un Burundi de 1993, où les tensions ethniques Hutu-Tutsi étaient vives, les regards sont tournés vers Pierre Buyoya, qui renversa d’abord Jean-Baptiste Bagaza, puis Sylvestre Ntibantunganya, entre 1994 et 1996. Certes, il a mené la réconciliation entre Burundais, et demeure un élément-clé des Accords d’Arusha de 2000. Mais l’homme reste nimbé de mystères.

Le fondateur de l’UPRONA garde des zones d’ombre, car à l’époque un jugement expéditif, comme toujours en pareil cas, avait condamné les «exécutants» de ce putsch, dont un lieutenant mais rien de plus. Le tout fut renvoyé à la Commission  Vérité et réconciliation (CVR) après Arusha. Manifestement, les Burundais ont décidé de rouvrir cette page sombre de leur histoire pour se regarder en face, afin de la fermer définitivement.

La décrispation politique, qui se dessine née de la rencontre entre le CNARED et le pouvoir explique-t-elle ce procès ?

Pourvu que ce ne soit pas une forme de vengeance hutue à travers le CNDD/FDD, du président Pierre NKurunziza, désormais au pouvoir ! On saura de tout façon vendredi 11 octobre et sur la compétence de ce tribunal et ce qu’il adviendra de ce procès.

Sam Chris

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