Qui l’eut cru ? Qui aurait parié que le remplaçant de Pierre N’Kurunziza, le colonel Evariste Ndayishimye fendrait l’armure, et ferait face à la presse internationale ? Car s’il y a une race au Burundi qui semble être l’adversaire et même l’ennemi désigné du pouvoir, c’est bien les médias.
En tous cas sous N’kurunziza, radios, médias écrits et tous ceux qui voulaient s’exprimer ont été réduits au silence. Rien que le cas de notre confrère Iwacu est assez emblématique de ce bâillon étatique posé sur la presse.
Alors quand le président burundais choisit France 24 et RFI pour s’exprimer, ce n’est pas un hasard, ni une lubie, mais c’est parce qu’il mesure l’importance et le rôle des médias concernant le Burundi qu’on compare à un pays orwellien. Et le colonel Ndayishimye sait également que le sujet qu’il évoque est au cœur même de la vie du pays : les sanctions imposées par l’UE. Si sanctions, il y a, c’est que justement le Burundi est au ban de la communauté internationale, par l’ostracisation des médias, mais aussi des opposants politiques. Pour le maître de Bujumbura, les sanctions européennes sont obsolètes. Mais question : y a –t-il eu un changement fondamental dans la gouvernance ? Une esquisse de dialogue est entamée concède-t-il, mais pour aboutir à quoi et avec qui ?
Car concernant les droits de l’homme et la chasse aux opposants, cas d’Agathon Rwasa, le colonel-président botte en touche en parlant de «criminel qui se cache au Rwanda». Soit, il invite les groupes armés burundais qui écument la frontière d’avec le pays de Kagamé à rentrer. Mais quel gage donne –t-il pour leur sécurité ?
In fine, c’est une sortie qui brise la glace, une tonalité pour donner de la voie, c’est déjà un petit pas, mais insuffisant pour convaincre de la bonne foi, qui on imagine est loin d’être contagieuse.
La rédaction
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