Dans cinq jours, les Guinéens se rendront aux urnes pour élire leur président. Cette présidentielle qui se tiendra le 18 octobre prochain, opposera Alpha Condé, président sortant et candidat à un troisième mandat, à Cellou Dalein Diallo, son principal opposant qui le défiera pour la troisième fois consécutive.
Outre ces deux duellistes, dix autres candidats sont également en course pour ce scrutin qui s’annonce tendue et risqué du fait de la polémique née de la volonté du président Condé de briguer un troisième mandat.
Après dix années au pouvoir, le chef de l’Etat guinéen se présente pour un 3e mandat malgré que la Constitution stipule de façon inamovible que le président guinéen ne peut effectuer plus de deux mandats. Pour contourner cette disposition, les laboratoires du parti au pouvoir, le Rassemblement du peuple de Guinée (RGP) s’appuie sur la modification constitutionnelle portant sur d’autres sujets, et estiment que le compteur d’Alpha Condé a été remis à zéro. A 82 ans, l’ancienne figure de l’opposition veut donc rempiler pour un mandat supplémentaire.
Pour sa part, après quelques moments d’hésitation, le chef de file de l’Opposition, Cellou Dalein Diallo avait décidé le 6 septembre dernier de se porter candidat à l’élection présidentielle. L’ancien premier ministre s’est dit très optimiste et capable de battre l’actuel locataire du palais de Sékoutoureya. Cette décision de l’ancien Premier ministre lui attire les foudres du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC) qui lutte depuis de longs mois contre la réforme constitutionnelle, la perspective du 3e mandat d’Alpha Condé et aujourd’hui, le processus électoral qui en découle. «J’ai pris la responsabilité de participer à l’élection présidentielle, puisqu’elle constitue une chance de bouter le despote hors du pouvoir. Je serai aussi dans la rue avec mon parti pour répondre à tous les appels à se mobiliser, à se rassembler, à manifester pour empêcher Alpha Condé de conserver le pouvoir à vie», a soutenu l’opposant.
En face, Alpha Condé dont la candidature est soutenue par une large coalition hétéroclite, composée de partis politiques, de mouvements citoyens et associatifs, est plus que jamais convaincu de sa victoire et déterminé à réaliser un coup K.O contre son principal challenger.
Avec des fortunes diverses, les deux hommes ont parcouru les différentes régions du pays. De la Haute Guinée à la Guinée Maritime en passant par la Guinée Forestière, chaque candidat a fait miroiter son projet de société à ses compatriotes venus à sa rencontre. Et malgré quelques couacs enregistrés çà et là, (dans le Fouta Djalon et à Kankan) les choses se sont globalement bien passées même si les germes d’une crise postélectorale n’ont pas été expurgé de ce processus tant décrié par l’opposition.
Dadis Camara très convoité
Comme on le constate, Moussa Dadis Camara est de nouveau le grand absent de ce rendez-vous électoral en Guinée. Après sa tentative infructueuse d’août 2015 de retourner au bercail, l’ancien numéro 1 de la junte militaire en exil dans la capitale burkinabè, observe de loin les choses. Très courtisé pour son aura dans la région forestière, l’ancien capitaine du fait du droit de réserve, ne s’est pas prononcé en faveur de l’un ou l’autre. Mais dans la configuration actuelle, on le sent plus proche du président-sortant que du candidat de l’UFDG. Du reste, plusieurs de ses fidèles compagnons dont son ancien ministre de la Communication, Idrissa Chérif, de l’Union pour le changement de Guinée (UCG), ont rejoint avec armes et bagages la large coalition qui soutient Alpha Condé en vue de cette présidentielle. A moins d’une semaine de cette élection, l’inquiétude grandit au plan international et nul ne saurait prédire avec exactitude ce qui pourrait arriver dans ce pays, abonné aux crises et aux violences politiques.
Davy Richard SEKONE
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