Depuis ce 26 février 2011, les 1 211 candidats qui vont à la conquête des 255 sièges à pouvoir pour la Chambre basse, dans les 205 circonscriptions sont à la pêche des voix. La séduction de l’électorat est ouverte !
Une campagne électorale très serrée, vu que l’opposition qui a longtemps pratiqué la politique de la chaise vide est ce coup-ci, sur la ligne du départ. Une opposition qui n’a pas pu aller en rangs serrés comme elle l’aurait voulu à ces députations, quand bien même on note quelques regroupements intéressants, qui pourraient faire mouche.
Ainsi en est-il du tandem formé par EDS de la galaxie gbagboiste qui après une décennie de boycott actif de scrutins, revient aux côtés du PDCI et ses formations satellites, lequel attelage cornaque une liste commune où figurent des personnages emblématiques. Ou encore l’autre liste de rassemblement oppositionnel avec le FPI de Affi N’Guessan, le COJEP de Blé Goudé et l’UDPC de Mabri Toikeuse. C’est déjà pas mal manœuvré pour une opposition ostracisée, depuis l’annonce du 3e mandat de Ouattara jusqu’à la présidentielle et l’après.
Sortie de cette présidentielle du 31 octobre 2020 frappée par les oukases, et les embastillements de ces leaders, mais décidée à frapper un grand coup à ces législatives, elle n’a pas pu cependant aller en rangs serrés. Que n’aurait-elle pas pu faire en effet si elle avait réussi une seule liste commune EDS-PDCI-COJEP-FPI-Affi … face au RHDP réduite à quelques petits partis autour du RDR ?
Attention aussi à la liste des Indépendants qui sont soit des frondeurs du RHDP, ou ceux du PDCI, et du FPI toutes tendances. Les législatives sont la marque de fabrique de la donne personnelle. L’appareil est indispensable, mais le vote ethnique et régional n’a jamais été une vue de l’esprit en Côte d’Ivoire, même s’il est vrai qu’aux présentes, il pourrait y avoir des surprises.
Des législatives, quelque peu inédites, car se déroulant sans la présence physique sur le sol ivoirien de certains «barons» du RHDP et de l’opposition dont d’aucuns par ailleurs sont des patrons de l’Exécutif et du législatif. C’est rarissime pour ne pas dire du jamais vu dans l’histoire politique de la Côte d’Ivoire :
– Alassane Ouattara, le chef de l’Etat, et mentor du RHDP est à Paris et ne rentrera que le 5 mars, à quelques heures du scrutin.
– Le premier ministre Hamed Bakayoko est perclus dans un hôpital parisien pour des soins face à un mal mystérieux et pernicieux.
-Soumahoro Amadou le président de l’Assemblée nationale vient de regagner Abidjan mais n’a pas bon pied, bon œil, après son séjour médical en Turquie et en France.
– Jeanot Ahoussou, du sénat est aussi à l’extérieur pour un check-up médical.
– Mais aussi du côté de l’opposition sans Laurent Gbagbo, sans Blé Goudé, autant dire qu’il y a un grand vide qui se ressentira.
Des absences qui pourraient peser, car les candidats ont toujours besoin de la présence de ces «gourous» qui descendraient de temps en temps sur le terrain pour les encourager, d’une manière ou d’une autre.
Imaginons un Hamback haranguant ses ouailles à Abobo, la commune qu’il dirige en tant que bourgmestre ! ou à Yop City, (Yopougon) la circonscription abidjanaise la plus convoitée avec ses six sièges à conquérir.
Evidemment, l’enjeu de ces législatives est la prise de cette chambre basse. Mise sous éteignoir à la présidentielle, l’opposition veut rafler la majorité des sièges à l’hémicycle, ce qui contraindrait Alassane Ouattara à une cohabitation forcée, et même à des réformes et pourquoi pas à une présidentielle anticipée. A contrario, si le RHDP et ses alliés y sont en surnombre, on aura une Assemblée nationale pouvoiriste, l’actuel pouvoir aura tous les leviers en main pour gouverner, et ce serait la seconde défaite pour l’opposition, après le boycott bancal à la présidentielle. Mais les présentes législatives se déroulent également en mode COVAX, du nom de cette initiative mondiale qui vise à fournir des vaccins en 2021 à 20% de la population de 200 pays dont les Africains.
En effet, concomitamment au début de la campagne électorale, le 26 février dernier, 504 000 doses du vaccin Astrazenecca ont atterri à Abidjan, et des agents de santé, de l’enseignement et des forces de l’ordre seront les premiers à être vaccinés, aujourd’hui même 1er mars 2021 soit 2 semaines avant la date initialement prévue, qui était le 15 mars. Une Côte d’Ivoire qui enregistre 32 000 cas et 190 décès, et qui est le 2e pays «covaxé» après le Ghana. Des élections en mode Covid-19, mais sous vaccin COVAX, le pays d’Houphouët étant l’un des 2 à inaugurer ce processus. On verra des files d’électeurs partout en Côte d’Ivoire, pour glisser le bulletin dans l’urne, mais à Abidjan, notamment au Parc des sports de Treichville, on apercevra surtout un rang assez particulier, ceux qui vont tendre le bras pour recevoir la dose. Le premier lot des 2 millions attendus prochainement. Action à saluer, mais on n’aura de cesse de recommander toujours en ces temps électoraux en Côte d’Ivoire, le respect des mesures-barrières contre cette pandémie.
La REDACTION
COMMENTAIRES