Les trois points ! C’est tout ce que les Pharaons retiendront de leur première sortie à la CAN 2019, celle qu’ils organisent du 21 juin au 19 juillet prochain. Opposés au Zimbabwe, dans leur belle enceinte de Cairo Stadium, les hommes de Javier Aguirre sont parus inhibés par la pression et l’enjeu qui entourent l’évènement. La différence ne s’est faite que sur un seul but, signé Mahmoud Trézeguet.
Face à une formation des Warriors venue défendre crânement ses chances, les Egyptiens ont dû patienter avant de débloquer la situation, malgré les opportunités nettes de buts en tout début de partie.
En accueillant la CAN au pied levé, les dirigeants égyptiens ont pris un pari sur l’extraordinaire magie de la boule de cuir, et ses effets enivrant d’opium. A défaut de démocratie et du pain, quoi de logique que du jeu à son peuple ? Mais encore faut-il que sur la pelouse, les Pharaons ne trahissent pas le rêve secrètement entretenu par le dictateur du pays des pyramides, de voir ses ambassadeurs de la 32e CAN se hisser sur le sommet du continent. Pour Al-Sissi, même si cette performance est d’autant plus primordiale qu’à défaut de faire de l’Egypte un jardin d’Eden où coule de long fleuves paisibles, elle apportera un semblant de charme à son autocratisme et apaisera surtout le vent glacial qui embrume le décès de l’ex-président Mohamed Morsi (lundi 17 juin) en plein procès, et enterré en catimini.
Pointé du doigt par certaines puissances occidentales, Le président égyptien, actuel président de l’Union africaine (UA), se serait sans doute bien passé de ce rappel à sa politique de répression vis-à-vis des Frères musulmans et les multiples violations des droits humains de son régime. Al Sissi qui accuse de son côté l’ONU de vouloir «politiser» la mort de Mohamed Morsi n’a qu’un seul souhait, voir son pays remporter la CAN.
Espéré comme un pain béni des dieux Pharaons, le prestigieux trophée continental apaisera la tension, ce qui par ricochet, offrira un moment de répit à Al-Sissi. Reste cependant, que l’entrée timide des Pharaons contraint Al Sissi à croiser les doigts, conscient qu’un «opium» de qualité approximative sera mal accepté par ce peuple qui n’est certainement pas prêt à s’endormir au prix de n’importe quelle dose. Or, face aux Warriors Zimbabwéens, les Pharaons n’ont pas véritablement été à la hauteur des performances qu’on espérait d’eux.
Tout comme l’Egypte, les équipes dites favorites ont connu une entrée en matière difficile, ou disons plutôt, les équipes dites «tocards» ont créé la sensation. C’est le cas des Grues de l’Ouganda qui ont remporté, samedi face à la RDC (2-0), leur premier succès en phase finale de Coupe d’Afrique des Nations de football depuis 1978. Le dernier succès de l’Ouganda remontait au mois de mars 1978 et la demi-finale de la 11e édition de la CAN, face au Nigeria (2-1). Depuis, ce pays enclavé d’Afrique de l’Est a dû se contenter d’un nul et de trois défaites, dont deux face au Ghana en 1978 et 2017, date de sa dernière qualification pour la compétition continentale. Samedi, au Caire, pour la première journée du groupe A de la CAN 2019, les Grues ont piégé la RDC grâce à des buts de Patrick Kaddu (14e) et Emmanuel Okwi (48e).
Une défaite qui oblige les hommes de Florent Ibenge à l’exploit mercredi contre l’Egypte s’ils veulent rester en vie. Et dans la soirée, à la mi-temps du match Guinée-Madagascar, on se disait que les Malgaches, menés 0-1 n’en avaient pas assez montré pour qu’on les prenne vraiment au sérieux. Il semblait d’ailleurs que le Sily national allait se balader et qu’il trouverait dans cette victoire simple et facile, de quoi se détendre par la suite. Mais voilà, les Malgaches ont préparé leur révolte à la pause pour revenir à égalité, corsant même l’addition avant de se faire rejoindre au score (2-2).
Et c’était beau de voir le tas des Malgaches s’embrassant, conscients d’être revenus de nulle part par la grâce de quelques actions. Ce nul va changer l’état d’âme des Malgaches qui vont sûrement retrouver de l’imagination, du culot et accentuer leur présence physique au cours des prochains matchs. Samedi donc, seul le Nigeria a évité le piège burundais en l’emportant (1-0) sur un but d’Ighalo, entré un peu plus tôt, à la 74e minute.
Les Marocains ont pu aussi confirmer leur suprématie sur le papier et sur le rectangle vert en battant les Namibiens, à qui ils doivent un remerciement, car grâce à l’auto-goal d’un des défenseurs, ainsi, les poulains du pourtant très tranchant Hervé Renard ont pu engranger un maigre 1 à 0 donc un précieux 3 points dans l’escarcelle. Alioune Cissé du Sénégal, vient au pied des pyramides avec ses joueurs pour ce coup-ci repartir avec Dame-coupe. Et ce 2 à 0 contre les Tanzaniens est réconfortant. C’est la seule équipe favorite à cette entame de la CAN qui a un peu rassuré. Et à l’évidence les tocards se rebiffent.
Hamed JUNIOR
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