CAN 2021 : Le Cameroun entre virus sanitaire et politique

CAN 2021 : Le Cameroun entre virus sanitaire et politique

2000 milliards pour que le stade Olembé sorte de terre, ceux de Baffoussam et autres ont été rénovés, des infrastructures routières flambantes neuves voilà un peu pour la carte postale. Place aux réalités pour cette CAN, la politique était encore là. Et pas seulement.

Depuis la nuit des temps, l’histoire de l’Afrique est ainsi faite : prête à offrir à l’oppresseur le bâton de ses sévices, si ce n’est à creuser sa propre tombe. Accusés de vouloir réduire la valeur de la Coupe d’Afrique des nations) un raout festif, certains techniciens et dirigeants européens ont fait l’objet d’une volée de bois vert. De toute évidence, la colère des adeptes africains de la boule de cuir magique est fondée, tant le mépris affiché par les Européens à l’égard de notre football est manifeste. Malheureusement, on ne peut pas occulter le fait que ce mépris tire sa source dans l’image immature que nous entretenons dans une maladive complaisance, parfois même avec un zèle absurde de faire valoir presqu’institutionnel. Dans ces conditions de restitution, comment ne pas subir les railleries, conséquences de notre refus de murir.

Avec ses 3 victoires, deux nuls et une défaite face au Cap-Vert, lors des phases éliminatoires, le parcours des Lions n’est certes pas mauvais, mais il révèle que les héritiers de Roger Milla sont loin d’être si indomptables, même dans leur massive forêt. Rien d’étonnant donc que le match nul enregistré par les Etalons du Burkina en Algérie lors de la dernière journée des éliminatoires de la Coupe du monde ait sonné l’alerte maximale au sein de la tanière. Dans un contexte où cette fête est perçue comme un exutoire des multiples maux qui minent le Cameroun, l’organisation de cette CAN n’a pas été reçue, vous vous en doutez, comme du pain béni pour être aussitôt vendanger tel un «opium» que l’on peut laisser filer entre les doigts, au moment même où le goût de l’enivrement revêt des apparences politiques et sociales presque légitimes. C’est dire que tous les moyens sont bons pour minimiser les risques d’un éventuel échec national. Est-ce dans cet esprit que les Etalons du Burkina, premier adversaire du Cameroun dans cette CAN se sont vu «attribuer» des cas positifs de covid ? On peut se poser la question au regard de l’enchainement des faits. Selon le communiqué de la Fédération burkinabè de football (FBF), c’est d’abord une fausse équipe médicale qui s’est vue refuser l’accès aux joueurs. La deuxième équipe arrive à 23 heures pour effectuer les prélèvements incriminés par le Burkina. Bizarrement, cette heure indue ne semble émouvoir la CAF, encore moins le comité national d’organisation.

Que ces résultats soient scientifiquement fiables ou tronqués à dessein, il n’en demeure pas moins vrai que le Cameroun est rattrapé par son passé. L’année dernière déjà, la rencontre Cameroun-RD Congo comptant pour la phase finale du CHAN avait connu un tel scandale. 13 joueurs de l’équipe congolaise avaient été déclarés positifs à la Covid-19. Il a fallu toute la pugnacité du staff congolais pour obtenir un contre-test soldé par 3 cas positifs. Soit 10 résultats tronqués, vraisemblablement dans l’optique d’affaiblir l’adversaire. Dans ces conditions, comment occulter qu’il ne s’agit pas là encore, d’une récidive coupable ! Le premier forfait ayant bénéficié du légendaire laxisme de la CAF.

Quoi qu’il en soit, les différents adversaires des Lions doivent se le tenir pour dit, il va falloir être costaud dans la tête pour faire obstacle à ce Cameroun en liesse, tout heureux de recevoir la biennale du football africain après 50 ans de louvoiement et de politique sportive plutôt scabreuse. Après une si longue attente surmontée par de multiples incertitudes et rebondissements, ce n’est pas pour se faire éjecter prématurément de la table, et les Etalons du Burkina l’ont appris à leur dépens. Les garçons de Kamou Malo (absent de la surface technique pour cause de Covid-19) ont ouvert le score avant de céder les 3 points de la première journée de cette phase finale sur le score de 2 buts à 1. Une sélection des Etalons volontaire, mais quelques fautes naïves, désarçonnée par un arbitrage approximatif. 

S’il y a une chose dont il ne faut pas douter, c’est que le Cameroun veut aller au bout de sa fête et ne s’en cache guère. En plus de l’étourdissante ferveur enregistrée dans les rues et principalement lors de la cérémonie d’ouverture, la ville de Yaoundé à l’image des autres villes abritant la CAN s’est placardée de posters géants du président Paul Biya. Le vieux Lion himself est au premier rang de la marche en avant, dissimulant à peine son secret espoir d’offrir un bol d’oxygène expiatoire à son peuple et de glaner au demeurant, une bonne dose d’estime populaire, telle qu’il l’a vécu lors de la belle cérémonie d’ouverture. En tous les cas, la présence massive de femmes et d’hommes habillés aux uniformes du parti au pouvoir démontre aisément que dans ce pays comme bien d’autres, la récup n’est jamais loin. Et visiblement, le pays organisateur semble avoir trouvé l’équilibre entre le virus sanitaire celui politique, à moins qu’un grain de sable inattendu se glisse dans la machine…

Hamed Junior

 

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