CAN 2023 : Le Burkina paye la rançon de son inorganisation, l’Eléphant attend l’Aigle de pied ferme !

CAN 2023 : Le Burkina paye la rançon de son inorganisation, l’Eléphant attend l’Aigle de pied ferme !

 Du côté du Djoliba à Bamako, on jubile, on pavoise. Au bord du Kadiogo à Ouaga, les sons à cor de trompe qui bruissaient depuis le matin, ont cessé à la 98e minute à la fin du duel Burkina Faso # Mali.

Ce match des 8es de finale Etalons du Burkina contre les Aigles du Mali était redouté à ce stade de la compétition. Autrefois considéré comme un duel sous-régional, la confrontation a pris depuis le dimanche 28 janvier 2023, une allure de duel fratricide entre deux pays frères, projetant désormais une appartenance à un même espace Alliance des Etats du Sahel (AES) géopolitique. Dans un tel contexte, un match de football d’une compétition prestigieuse comme la Coupe d’Afriques des nations (CAN) entre le Burkina et le Mali, la défaite suscite forcément chez l’un et l’autre, une grise mine, surtout lorsque l’issue doit obligatoirement être fatal à l’un. Et hier à Korogho, ce fut le Burkina, tombé sur le score de 2 buts à 1. Là, dans la  capitale du Poro, au stade Amadou Gon Coulibaly, les Etalons n’ont pas pu pousser un hennissement convaincant.

Par le canal de ce match entre deux Etats de l’AES, la géopolitique, quoi qu’on dise, vient de faire son entrée dans cette CAN qui comble de l’ironie, se joue dans un pays dirigé par un président qui ne voit pas forcément d’un bon œil, cette escalade d’affranchissement vis-à-vis de l’institution sous-régionale qu’est la CEDEAO. De ce point de vue, Ouagadougou, Niamey et Bamako caressent sans nul doute, le secret espoir d’une victoire finale des Aigles de l’AES sur les Eléphants. Ce serait une victoire par translation, même pas, car désormais Burkina Faso-Mali-Niger font UN. Au point où en sont les rapports entre ces pays et la Côte d’Ivoire, un tel triomphe ne serait ni plus ni moins qu’un pied du nez de mauvais goût qu’il faudra cependant avaler en toute sportivité. On peut imaginer que rien qu’à y penser, le président Ouattara n’en dort pas ! Car c’est en pleine fête du foot que ce divorce a été prononcé simultanément dans les 3 capitales dirigées par des putschistes constitutionnalisés. Ce n’est pas anodin !

En attendant, la vérité du rectangle n’épouse pas encore celle des projections politiques. Sur la pelouse du stade Amadou Gon Coulibaly, les Aigles et les Etalons ont fait fi des considérations extra-sportives, pour livrer un match intense. Personne n’en attendait moins, n’en déplaise aux adeptes d’une fraternité naissante.

Pour ce match à élimination directe malgré que les Etalons étaient timorés, le Burkina a retrouvé les armes qui lui ont pratiquement fait défaut depuis le début de la CAN. Le capitaine Bertrand Traoré semble avoir quelque peu retrouvé ses moyens. Dango Ouattara entré en deuxième période s’est mieux exprimé, le métronome Blati Touré a refait surface dans son jardin (milieu de terrain) après une suspension d’un match, avec l’envie d’en découdre, Mohamed Konaté (suspendu) conduit l’attaque.

Le dispositif était bien en place, sauf que les Aigles du Mali ont haussé le niveau. Dès les premières touches de balles, les Etalons ont accusé le coup. Le rouleau compresseur malien va contraindre la défense burkinabè à une fébrilité fautive. Le Burkina est puni des la 4e minute de jeu, par une patte malencontreuse de Tapsoba.

Campé dans un système de 4-3-3, Hubert Velud va une fois de plus louper la lecture du jeu. Mohamed Konaté et Bertrand Traoré absents dans le repli, le milieu burkinabè a très rapidement été mis sous contrôle. La première période s’achèvera sur le score de 1 but à 0, sans que Velud ait trouvé une solution à son milieu errant et son attaque très peu percutante. Un seul tir cadré (coup franc) en 45mn.

La reprise (47e minute) est tout aussi catastrophique. Entre suffisance et manque de concentration, la défense burkinabè se fait surprendre. Le face-à-face tourne en défaveur d’Hervé Koffi. 2 buts à 0. Les haricots sont pratiquement cuites au regard de la physionomie du jeu, même si Bertrand Traoré réussit à réduire le score sur un penalty et que le rendement d’ensemble se présente bien mieux avec le remaniement opéré par Velud.

Ainsi donc, les Etalons du Burkina version Velud ne feront pas mieux. Ils quittent la compétition en 8e de finale, avec un maigre bilan d’un match gagné, un nul et deux défaites. 6 buts encaissés, 4 buts marqués dont 3 sur penalty. Le technicien Français n’a pas réussi son pari.

A la vérité, le Burkina paye à cette CAN, une rançon absolument inéluctable. Il s’agit premièrement de la faiblesse de son potentiel. Les différentes feuilles de matchs ressortent une réalité implacable. Excepté une petite brochette de joueurs, le reste de la troupe peine à se faire un temps de jeu, quand il ne trahit pas son oisiveté dans un club de niveau provincial, dans un coin glacial de la planète. Il faut absolument revoir la formation d’ensemble dans nos clubs et nos centres «commerciaux» de football.

La deuxième rançon découle de la pagaille qui a émaillé notre football avant la CAN et la relative mauvaise organisation du déplacement en terre ivoirienne. Contrairement à certains de ses prédécesseurs, il faut avoir le courage d’avouer que le ministre Boubakar Savadogo et son CNO Côte d’Ivoire 2023 n’ont pas su déférer les esprits. Ni au niveau des clubs, ni au niveau des supporters, encore moins au niveau des journalistes. Franchement, le Burkina ne pouvait pas espérer mieux !

Le Burkina out, l’AES reste en vie avec le Mali qui aura pour prochain adversaire la Côte d’Ivoire. Un choc le samedi 3 février 2024 qui ne manquera pas de produire des ondes politiques car, quoiqu’on dise, la décision de quitter la CEDEAO en pleine CAN, n’a pas été du goût de l’Eléphant. Il ne sera pas étonnant que l’artillerie lourde soit déployée avec pour objectif principal de briser (sportivement) les ailes de l’Aigle insolent et déréchef celles de l’AES ! Le samedi prochain à Bouaké, c’est une nouvelle page footballistique sur fond de rengaine politique qui s’écrira sur la pelouse pour les uns et dans les salons feutrés pour les autres. Pourvu que ce qui nous unit ne soit pas oublié : la fête du football africain ! Ce sport qui transcende la politique qui en use et abuse !

Les Lions de l’Atlas tombent de haut

En fin de soirée, les spectateurs de la dernière rencontre des huitièmes de finale opposant les Lions de l’Atlas du Maroc aux Bafana-Bafana d’Afrique du Sud ont eu droit à une grosse sensation. Dans ce match, où le demi-finaliste de la dernière Coupe du monde avait les faveurs des pronostics, c’est plutôt des Sud-Africains très organisés et disciplinés qui ont d’abord tenu la dragée haute face aux Marocains dans le jeu avant de leur asséner une leçon d’efficacité. Solides défensivement, les Bafana Bafana ont attendu leur heure et ont frappé par Makgopa  (57e minute) à la limite du hors-jeu et Mokoena (95e minute)  sur coup-franc dans les arrêts de jeu. 2-0, c’est le score de ce match et coup de tonnerre dans le ciel du Stade Laurent Pokou de San-Pédro. Sonnés par l’ouverture du score de Tau et ses camarades, les Marocains se sont trop désorganisés, et Hakimi a manqué le penalty de l’égalisation à la 85e minute en tapant sur la barre. Grosse désillusion pour les Lions de l’Atlas, demi-finalistes de la dernière Coupe du monde qui quittent la compétition après avoir nourri les espoirs d’une nation qui rêvait d’accrocher sa deuxième étoile qui le fuit depuis 1976.

 Hamed JUNIOR, envoyé spécial à Korhogo

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