La cedeao a fete ses 50 ans hier 28 mai 2025 dans une atmosphères morose. 4 divorces au compteur, Mauritanie d’abord il longtemps et les 3 de l’AES ( MaliBurkina-Niger ) et … 5 chefs d’Etat sur 12 apparaissaient sur la photo de famille à Lagos ! Seule consolation le dernier des « Mohicans » à ce sommet- anniversaire de la CEDEAO, le président Yacouba Gohon, ( cofondateur avec le Togolais feu Gnassingbé Eyadema de l’institution ) qui était ce 28 mai 1975, est là seule référence, seule bibliothèque pour dire ce qu’avaient réellement en tête les pères fondateurs de la CEDEAO.
Les 15 qui ont décidé de former cette organisation sous régionale ont eu la vision et sont à féliciter, ayant compris très tôt que nos Etats confettis ne pèseront pas lourd face à certains mastodontes de la planète. Et déjà à l’époque il y avait l’idée de décolonisation… Il y eut beaucoup de décisions, quelques actions, une kyrielle de jamborées, où les princes du moment se sont retrouvés pour discuter de l’entité, et du devenir de ses membres. Il y eut des hauts et des bas. Il y eut des temps de paix et des temps de troubles. Elle a tenu et quoiqu’on dise a du mérite. Mais durant ces dernieres années , la CEDEAO a souvent brillé par son inaction, sinon par son incompétence à circonscrire un mal guérissable pour peu qu’on veuille lui administrer la potion convenable. Un demi-siècle après, que dire de cette CEDEAO ? Son existence même est en soi une réussite. Cependant, elle a manqué de nombreux rendezvous surtout dans la gouvernance de ses membres.
La CEDEAO n’a pas démérité mais a failli ces derniers temps ce qui a contribué à grignoter sa crédibilité. En prenant le seul point des coups d’Etat militaires ou constitutionnels, l’organisation a adopté une attitude prudente ou poltronne, du moins inepte ! Est-ce parce que nombre de ses créateurs ont été renversés jadis par des prétoriens ?
Quand des présidents élus tripatouillent des constitutions, pour rester scotcher à leurs fauteuils ad vitam aeternam, la CEDEAO ferme presque les yeux, et lorsque des militaires font irruption dans l’arène, c’est le branle-bas de combat. Dernière en date de cette indignation sélective, le coup d’Etat du Niger le 26 juillet 2023, la CEDEAO sous l’instigation de chefs d’Etat, accoudés il est vrai aux sacro-saints principes de la CEDEAO, qui condamnent les changements hors constitution, mais en réalité ont une peur bleue de la contagion kaki, ces princes ont vite revêtu le costume du père-fouettard contre le Niger ou le president Mohamed Bazoum a été renversé. Pétard mouillé, car tout sera abandonné , mais dans l’imaginaire de ce qui sera l’AES, le mal était déjà fait, il y a désormais une « CEDEAO des chefs d’Etat » et une « CEDEAO des peuples » entend t-on au Sahel .
Ces noces d’or de la CEDEAO montrent que les pères fondateurs avaient eu le nez creux mais l’organisation a dévoyé leurs visions initiales : développement et convergence économique, libre circulation des personnes et des biens,le fameux marché commun , projets communautaires d’envergure, etc.
Malheureusement, des pays occidentaux ont voulu utiliser l’instrument pour des objectifs politiques, pour perpétuer une autre forme de domination , tout comme dès sa création ou ces pratiques étaient déjà prégnantes ! Surtout que ces Etats hors d’Afrique apportaient leurs écots à la marche de la CEDEAO, certains membres impécunieux peinant à verser leur quote-part. Si fait que 50, ans après, la CEDEAO craque et craquelle de toutes parts, plus qu’une crise de maturité, c’est l’espérance de vie ou de survie qui interroge ! Les perspectives restent pas trop lisibles du moins on cherche à résoudre le casse-tête sahélien avec l’AES ! Souhaitons qu’elle puisse faire son introspection et surtout changer sin logiciel pour se dépêtrer de cet état, souhaitons la bonne fortune à la cedeao au sens napoléonien du terme , souhaitons-lui un prompt rétablissement, elle le mérite.
Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana
COMMENTAIRES