200 000 tirailleurs sénégalais, expression générique et un peu fautive qui désigne en réalité les Dahoméens, les Voltaïques, les Maliens, les Sénégalais et tous les autres Africains, qui ont combattu aux côtés des Français entre 1914-1918, dont 30 000 tués. Hier à l’occasion de la commémoration du centenaire de l’armistice de cette 1ère guerre mondiale, aucun poilu africain n’y était, le dernier Abdoulaye N’Diaye est mort, il y a 20 ans, aucun de ceux qui ont payé le prix du sang ne verra, ni Emmanuel Macron et Angela Merkel inaugurer la plaque commune dans cette clairière de Rethondes, dans la forêt de Compiègne, là où il y a 100 ans exactement fut signée à 5h20, cette trêve, ni le Monument aux Héros de l’armée noire de Reims, encore moins entendre les brassées de l’hommage en leur nom. Seuls leurs fils, petits-fils et arrières- petits-fils grâce à la magie du tube cathodique pourront voir cette cérémonie à la mémoire de leurs aïeux.
La mort dans une guerre n’est pas un dysfonctionnement, elle est consubstantielle à celle-ci. Et ce n’est pas pour rien qu’une guerre est toujours une salle guerre ! Et en lisant le livre de l’écrivain David Diop, Frère d’arme, dont la trame sont des épistolaires entre deux Tirailleurs sénégalais, on mesure un peu ce que furent ces 4 ans de tragédie épouvantable pour ces Africains et pas seulement eux !
En rassemblant 72 chefs d’Etat et de gouvernement pour commémorer ce centenaire de l’armistice, le président Macron aura réussi à faire un arrêt temporel et historique sur une date qui aura marqué la planète au fer rouge. Cérémonial au Cortot : dîner au Musée d’Orsay pour nos princes régnants, marche -quasi Funèbre sur les Champ-Elysées, avec comme point de chute l’Arc de Triomphe pour que retentisse l’hymne aux morts, le clairon authentique datant de 100 ans, le discours d’Emmanuel Macron, l’allumage de la flamme sur la tombe du soldat inconnu. Même s’il ya plus inconnus que le soldat inconnu de l’Arc de triomphe, les Tirailleurs sénégalais!
C’est pourquoi l’évènement qui a fait place à cette commémoration ou qui en est le prolongement c’est selon, est fondamental car il porte les espoirs d’un monde meilleur : forum pour la paix de Paris. Oui, des tribunes semblables il y en a eu … mais la répétition n’est-elle pas pédagogique ? En effet le but de ce grand cénacle de la Halle de la Villette est de semer davantage la paix, d’adopter des comportements pour cette paix. Et en désignant Angela Merkel pour en donner le coup d’envoi, on ne peut qu’applaudir. A l’heure de l’exacerbation des nationalismes, de la montée des extrêmes droites, des guerres à fleurets démouchetés entre certaines grandes nations, qui possèdent les armes de l’équilibre de la terreur, le Forum pour la paix parisien tombe à pic, surtout pour une Afrique tenaillée entre les luttes d’Etats mastodontes.
La guerre froide est bien finie, mais le continent africain, maillon faible de la planète, s’enrhume lorsque survint un coup de froid entre deux puissances occidentales. Elle suivra par exemple impuissante les débats sur le multilatéralisme, qu’a snobé un des acteurs majeurs, Donald Trump qui a repris son avion pour les USA sitôt la commémoration du centenaire de l’armistice achevée. Or ce plat de résistance qu’est le multilatéralisme impacte négativement par exemple l’opérationnalisation de la Force G5-Sahel !
Que peuvent les IBK, Roch Kanoré, Idriss Déby, Mahamodou Issoufou, et Mohamed Abdelaziz, face à l’autisme de l’Américain Trump dont l’évocation d’un G5-Sahel chapeauté par l’ONU horripile ? Rien ! Or le président américain ne croit guerre à cette Force G5-Sahel, pas plus qu’il ne croit à ses capacités à circonscrire le terrorisme au Sahel. On aura remarqué même que ces derniers jours, il menace certains partenaires de l’OTAN qui ne sont pas à jour de leurs cotisations, lorsque le n°1 français a parlé d’une armée européenne.
C’est connu aussi, le meilleur avocat de la Force G5-Sahel reste la France, et de ce Forum pour la paix de Paris, sous réserve de voir les résultats africains, on demeure circonspect sur l’effet multilatéraliste. La paix, surtout face à une guerre contre un ennemi invisible a un prix, le Sahel n’a pas les moyens de sa politique sécuritaire. Mais déjà avec un tel forum, qui sait peut-être que les lignes peuvent bouger davantage pour cette lutte antiterrorisme en Afrique de l’Ouest. Une sous-région qui ne doit pourtant pas oublier, qu’in fine c’est à elle de trouver des moyens intramuros pour sa sécurité.
Zowenmanogo ZOUNGRANA
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