Centre national de transfusion sanguine : Des ambitions bouleversées par le Covid-19

Centre national de transfusion sanguine : Des ambitions bouleversées par le Covid-19

Le Centre national de transfusion sanguine (CNTS) mettra tout en œuvre pour satisfaire au mieux  la demande des malades, avec le précieux concours des donneurs de sang, nonobstant  la pandémie du Covid-19, qui a négativement impacté ses prestations et bouleversé ses ambitions.  En cette période où  la demande ira certainement en crescendo  à cause du paludisme, la structure, par le truchement  de W. Louis Nana, directeur de la communication et de la promotion du don de sang s’est prêtée à notre micro. Dans cet entretien, il parle  de la mission du CNTS, les conditions pour effectuer un don de sang, les innovations, etc. Lisez !

 

Présentez-nous le CNTS ainsi que  sa principale mission ?

Créé en en 2000, le CNTS est l’opérateur unique en matière de transfusion sanguine au Burkina Faso. Il a pour mission essentielle l’approvisionnement de l’ensemble des formations sanitaires du pays en Produits sanguins labiles (PSL) de qualité et en quantité suffisante. Pour mener à bien cette mission, il est organisé en directions centrales (9) et en structures opérationnelles (10) présentes dans 9 régions sur 13 (Centre, Hauts-Bassins, Centre-Ouest, Est, Centre- Nord, Nord, Boucle du Mouhoun, Sud-Ouest et Centre-Est).

 Comment se porte la structure aujourd’hui ? Avez-vous la certitude que le sang est effectivement donné gratuitement dans les centres de santé ?

Nous pouvons dire qu’en dépit des difficultés quotidiennes, le CNTS arrive à mettre en œuvre son programme d’activités en vue de l’atteinte des objectifs à lui assignés et ce, grâce à la subvention de l’Etat et l’appui de quelques partenaires. Les cadres de concertation statutaires sont régulièrement tenus à tous les niveaux.

S’agissant de la cession des poches de sang, il faut dire que depuis 2008, le gouvernement du Burkina Faso a pris la ferme résolution de donner gratuitement le sang à tous les malades, qu’ils soient hospitalisés dans les structures publiques ou privées.

Aussi, il nous revient de temps en temps de recevoir des plaintes à ce sujet, mais je voudrais rassurer, qu’aucune raison n’explique le fait qu’une poche de sang soit vendue à un malade. C’est le lieu pour nous de condamner fermement de telles pratiques si elles ont lieu et dire que leurs auteurs s’exposent à la rigueur de la loi.

Nous invitons la population à la vigilance et à dénoncer tout contrevenant à la police ou à la gendarmerie ou saisir le CNTS au 78 47 77 77. 

Quelles  conditions doit-on remplir pour effectuer un don de sang ?

Être âgé de 18 à 60 ans, peser au moins 50 kg et être en bonne santé apparente. Se rendre dans les sites de collecte de sang du centre de transfusion le plus proche et faire le don de sang. Il ne faut pas oublier surtout cette volonté de contribuer à sauver une vie.

Il n’est pas rare de voir certains individus lancer des SOS sur les réseaux sociaux et autres plateformes de communication, est-ce à dire que le CNTS n’arrive pas à satisfaire la demande?

Comme indiqué précédemment, le CNTS n’arrive pas hélas à satisfaire à toutes les demandes de sang. Dans l’optique de répondre effectivement au besoin en sang, l’OMS recommande pour nos pays, qu’entre 1 à 3% de la population donnent son sang. Sur une population estimée à environ 20 millions d’habitants, au moins 200.000 personnes devraient donner le sang. Malheureusement, nous sommes très loin du compte.

C’est parfois en désespoir de cause que les parents des malades lancent des alertes  à travers les réseaux sociaux et autres plateformes de communication. Si cela peut marcher dans les zones  où le CNTS n’est pas représenté, sous forme de dons familiaux ou de don de remplacement, c’est moins évident en zone CNTS. Le Burkina a adhéré au don de sang anonyme, bénévole et non rémunéré. De sorte que celui qui donne son sang ne sait pas à qui et ne doit rien attendre en retour ; celui qui reçoit du sang ne doit pas non plus savoir de qui il le reçoit.

Nous sommes conscients qu’en plus de ce qui est déjà fait, des efforts supplémentaires devraient être consentis en matière de communication afin de mobiliser plus de donneurs. C’est à ce titre que je profite de votre canal pour demander à tout un chacun, d’être un vecteur de l’information, un potentiel acteur de la promotion du don de sang parce qu’étant un potentiel bénéficiaire des PSL.

Quel a été l’impact du Covid-19 sur vos activités de collecte de sang ?

La pandémie du Covid-19 a négativement impacté nos prestations et bouleversé nos ambitions. En effet, les donneurs de sang ont déserté nos sites de collecte. Aussi, avec la mise en œuvre de certaines mesures comme la fermeture des écoles (la majorité des donneurs de sang se trouvant en milieu scolaire et estudiantin), des lieux de cultes, l’interdiction des rassemblements etc., nous avons connu par moment, des tensions de stocks de PSL. Nous avons dû changer de stratégies tout en renforçant la communication ; ce qui nous a permis de tenir un peu jusque-là, mais les besoins sont loin d’être satisfaits.

D’aucuns pensent que c’est risqué de donner son sang en cette période de pandémie, qu’en pensez-vous ?

La pandémie du Covid-19 a installé une certaine psychose dans la population. A juste titre, celle-ci s’en émeut ! Mais je voudrais la rassurer que le CNTS a pris la mesure de la situation en adaptant ses méthodes et conditions de travail, et ce, dans l’intérêt des donneurs et des travailleurs. Parlant des mesures prises, elles sont celles édictées par le ministère de la Santé afin de réduire la propagation du Covid-19 à savoir : éviter tout rassemblement de plus de 50 personnes, se laver régulièrement les mains au savon et à l’eau, etc… à ce titre, nous avons installé des points de lavage systématique des mains avant l’accès aux locaux de collecte. Des thermomètres flasheurs permettant de prendre la température des donneurs. Les mesures de distanciation (au moins 1 mètre entre 2 donneurs), etc.

   Au plan national, la Journée mondiale du don de sang a été célébrée sur le thème : « Du sang sécurisé pour sauver des vies ». Pourquoi ce choix ?

La réalisation de transfusions sanguines sécurisées est une composante importante de tous les systèmes de santé dans le monde et celui du Burkina Faso en particulier. Selon l’OMS, pour effectuer des transfusions sanguines sécurisées, il est nécessaire que les dons de sang soient faits par des volontaires non rémunérés et que l’on mette en place des systèmes transfusionnels coordonnés au niveau national. Le Burkina Faso adhère pleinement à ces principes avec la création d’un centre national de transfusion sanguine en 2000, l’élaboration de normes règlementaires transfusionnelles, la construction d’infrastructures de transfusions sanguines, leur équipement en matériel médicotechnique requis, la mise à disposition de moyens logistiques ainsi que la formation de ressources humaines spécialisées en transfusion sanguine. 

Quel appel voulez-vous lancer en cette période de forte demande due à la recrudescence du paludisme?

En cette période où les demandes en sang vont certainement aller en crescendo, nous lançons  un appel à la mobilisation générale en faveur du don de sang et appelons la population à se rendre dans les sites de collectes de sang pour faire leur don.

Les cliniciens sont aussi invités à la rationalisation de la prescription des Produits sanguins labiles (PSL) afin de permettre une gestion efficiente de nos réserves très limitées. 

C’est ici le lieu d’apporter la bonne nouvelle aux donneurs en particulier et à la population en général, que depuis le 10 juin 2020, le Burkina Faso en partenariat avec Facebook, a lancé un outil don de sang sur Facebook. Ainsi tout utilisateur de ce réseau social peut s’inscrire comme donneur et être informé directement des besoins émis par nos structures tout en ayant une géolocalisation précise de nos centres de collecte. Une large promotion de cet outil sera faite pour profiter des immenses ressources de Facebook.

Le CNTS voudrait une fois de plus réitérer son appel à toute la population, afin de faire du slogan «nul de doit mourir par manque de sang au Burkina» une réalité, car, donner son sang, c’est sauver des vies.

Boureima SAWADOGO

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