Goma enterre ses morts tués dans les affrontements, 3 000 ont été inhumés, 1 000 autres attendent de l’être, les sacs mortuaires manquent, et le spectre des épidémies rode… Pendant ce temps, les déclarations fusent : le M23 décrète un cessez-le-feu unilatéral, les sénateurs et députés se concentrent, Kagame dit ignorer l’ingérence rwandaise…
Députés et sénateurs, réunis hier en RD Congo tentent d’échafauder un plan politico-diplomatique pour arrêter la guerre à l’Est du pays où le M23, soutenu par les RDF rwandaises ont pris Goma.
Le parlement veut qu’on substitue la poudre du canon au verbe de la bouche. Une session extraordinaire convoquée fissa hier 4 février 2025, qui prend un peu à rebrousse-poil le «Aux armes» du président Félix Tshisekedi du 31 janvier dernier !
3 000 morts selon les ONG et des milliers de sans-abris, après la prise de Goma, il y a une semaine, les élus nationaux congolais, ont examiné l’existant sécuritaire au Nord-Kivu, et s’ils ont embouché la trompette du patriotisme, de la cohésion sociale et de l’unité d’action pour contrer le rébellion du M23, in fine, c’est la solution de la table ronde qui semble prévaloir.
C’est dans cette ambiance congolaise tenaillée par la bérézina de Goma, et la recherche d’une solution viable et pas trop infamante, que le M23 a décrété contre toute attente, un cessez-le-feu unilatéral et même qu’il ne guigne plus le Sud-Kivu. Paul Kagame a lâché lui, sur la chaîne américaine CNN qu’il ignorait royalement que les Forces de défenses rwandaises (RDF) combattaient aux côtés des rebelles du M23 dans le Nord-Kivu !
Félix Tshisekedi a dû bondir sur son fauteuil au palais de la Nation ! En tout cas, le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyoya, a répondu que le chef de l’Etat du pays des Mille collines ne pouvait pas ne pas être au courant de ce détail de taille ! Comment analyser le fait que le Bonaparte de 1994 soit dans cette posture ?
Deux hypothèses tiennent la route :
– Soit le locataire d’Urugwiro village la présidence rwandaise excelle dans la communication de guerre, en tirant sur la corde mi-cynisme mi-provocation. C’est bien connu, en temps de guerre, la communication est aussi tranchante qu’une balle de fusil.
– Soit Paul Kagame, met la barre très haute à 3 jours de son hypothétique rencontre avec Tshisekedi à Dar-Es-Salam. Fort de la suprématie du M23 sur le terrain, le chef de l’Etat rwandais est en position confortable pour mener les discussions de ce sommet de l’ultime chance.
Mais, tout compte, si à Kinshasa, on étudie tous les scénarii, et si le parlement s’est réuni pour parler de sortie de crise diplomatico-politique et si du côté de Kigali, on invoque l’ignorance, c’est que quelque part, le besoin de trouver un modus vivendi s’impose. Les belligérants de Goma ont-ils trouvé le «chemin de Damas» ?
A moins que la sortie de Kagame ne veuille signifier un remake de 1997 avec la prise de Kinshasa à l’époque par Kabila-père !?
Maintenant, quelle configuration vont prendre les choses ? Retrait du M23 et des RDF de la zone ? Quel sort pour ce M23, qui n’a d’existence désormais que dans cette zone ? Comment interpréter la satisfaction de certains habitants de Goma, qui saluent la présence du M23 ? Comment grosso modo, régenter cette région du Nord-Kivu, où sont enfouies d’immenses richesses dans le sous-sol et qui est confrontée à une guerre sans fin ? Le M23 va-t-il mettre en sourdine, sa volonté de faire tomber Tshisekedi ? Attendons la rencontre entre les 2 chefs d’Etat de ce week-end, si elle a lieu !
La REDACTION
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