Changement de Premier ministre et chef de cabinet au Burundi : Le général-président Ndayishimiye nettoie son sérail

Changement de Premier ministre et chef de cabinet au Burundi : Le général-président Ndayishimiye nettoie son sérail

Le président burundais, le général Evariste Ndayishimiye est-il confronté à des suspicions de révolution de palais ? A-t-il flairé un putsch en gestation qu’il a préféré étouffé dans l’œuf via l’éviction de son Premier ministre, le général Alain Guillaume Bunyoni ?

D’abord, la manière dont le désormais proscrit ex-premier ministre remplacé a été déchu, laisse pantois : convoqués en catimini par WhatsApp le mardi vespéral, les députés burundais ont reçu un message pour le moins insolite : ils devaient être en plénière hier mercredi 7 septembre sans ordre du jour précis, sauf que c’est pour toute affaire cessante. Nul ne soupçonnait que c’était pour sceller définitivement le sort du ci-devant Premier ministre, le général Alain Guillaume Bunyoni.

Effectivement, c’était pour constater l’occupant du perchoir lire une lettre du chef de l’Etat demandant le quitus des élus nationaux pour adouber, celui qui était à la tête d’un super ministère, celui de la Sécurité publique et du Développement communautaire, le général Gervais Ndirakobuca, dont le surnom n’est pas sans faire peur Ndakugarika «je vais t’étendre raide mort».

Une pichenette  au sommet du gouvernement opérée par le chef de l’Etat qui semble mettre fin à une mésentente entre lui et le PM sortant, le Gl. Bunyoni, compagnon de maquis du président Ndayishimiye, mais avec lequel les relations s’étaient refroidies ces derniers temps, preuve que la confiance ne régnait plus entre eux, qui ont pourtant guerroyé dans l’ex-rébellion CNDD-FDD en 2005.

Le vote en lui-même (à mains levées) en lieu et place du traditionnel bulletin secret, refusé par le président de l’Assemblée nationale, Gélase Daniel Ndabirabe en dit long sur la volonté manifeste de congédier à la vitesse grand V le général Bunyoni, qui lorgnerait le fauteuil présidentiel.

Autre personnalité qui paie cash cette atmosphère de complotite à moins que ce ne soit pour incompétence pour «fainéantise » pour reprendre le vocable utilisé par le président Ndayishimiye, autre proche donc à passer à la trappe, le chef de cabinet, poste prestigieux s’il en est puisqu’il fait office de vice-premier ministre l’indéboulonnable Gabriel Nzigama. Lui aussi, perd son fauteuil. 2 cas qui signifient qu’il s’agit bien d’un balayage du sérail. Un nouveau Premier ministre qu’on dit ouvert, direct, quitte à fâcher son camp contrairement à son prédécesseur, taiseux et froid.

Le message du chef de l’Etat burundais par ces changements est d’abord clair : le patron, c’est lui ! Ensuite, qu’il y ait une action déstabilisatrice ou pas, ce nettoyage coupe quelque part les racines des éventuels comploteurs.

Dans ce Burundi qui connut des rébellions, des coups d’Etat sanglants (le cas qui tua Melchior Ndadaye en 1993) dans ce pays aussi qui connait de temps en temps des violences comme celles du 25 mai 2021, où Bujumbura fut la cible de plusieurs attaques simultanées à la grenade avec plusieurs victimes. Dans ce Burundi, quand on est président et de surcroit militaire, on ne badine pas avec la sécurité de l’Etat. Sans oublier que même si les armes se sont tues, les rancœurs ethniques tenaces et de revanche demeurent une réalité. Soldat et ayant succédé au président-pasteur Pierre Nkurunziza, le général Ndayishimiye veut sans doute prendre les devants. A-t-il pour autant mis fin à cette menace réelle ou fantasmée sur la sûreté de l’Etat ?

La REDACTION

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