Chirurgie : Dr Sedogo de Léo, un centre de santé au grand cœur

Chirurgie : Dr Sedogo de Léo, un centre de santé au grand cœur

La clinique chirurgicale Docteur Sedogo de Léo, a tenu le samedi 31 mars 2018, ses journées portes ouvertes. Cette activité de la structure médicale a pour objectif, de faire découvrir à la population locale, un centre de santé écologique, doté d’appareils médicaux de dernière pointe, surtout à but non lucratif, et pratiquant des interventions chirurgicales à des prix sociaux. Financée à 70% par l’ONG allemande, Operieren in Africa, cette clinique spécialisée dans les interventions chirurgicales urologiques et du goître, ambitionne dans les années à venir, d’être autonome et d’apporter une plus-value au système sanitaire burkinabè.

Léo, localité située à 205 km au Sud-Ouest du Burkina Faso, dans la province de la Sissili, est la ville où vous trouverez le centre médico-chirurgical «Dr Boukaré Sedogo». D’aucuns se demanderont sûrement pourquoi ce nom. Au fait, l’initiative du centre est venue de 2 amis, à savoir le directeur actuel, Omar Ouédraogo et Boukaré Sedogo. Mais le destin voudra que le dernier meurt des suites d’un accident de la circulation sur l’axe Léo-Ouaga, alors qu’il était en compagnie de son ami et collaborateur et de leurs partenaires allemands dans le même véhicule. Rien de plus normal que de donner à sa mémoire, son nom à cette initiative commune. Donc, des propos d’Omar Ouédraogo, directeur du centre, l’idée de cette structure a germé d’une coopération entre l’hôpital de Fribourg et l’Association de Léo. «Au début, nous opérions chaque année, à une période bien déterminée, à l’hôpital publique, on l’a fait pendant 10 ans et par la suite, nous avons jugé utile d’avoir notre propre structure qui sera en adéquation avec nos ambitions, surtout en termes de qualité de soins, d’hygiène, et de rigueur», explique-t-il. C’est de cette optique que cette structure est née, avec l’appui technique de l’architecte Francis Kéré, sur financement de l’ONG allemande Operieren in Africa. La structure est construite sur une philosophie écologique et sur un plan architectural et fonctionnel. En effet, il existe en son sein, un système solaire qui lui donne une certaine autonomie en électricité, et le système de récupération des eaux de pluie avec le bassin sous-terrain, ainsi que le bassin de récupération des eaux usées et de traitement. Cette structure est un centre médico-chirurgical, au sein duquel, il y a la médecine générale, mais à 90% d’activités chirurgicales. De façon normale, les interventions chirurgicales se font tous les jours en ce qui concerne les chirurgies générales, mais il y a des spécialités qui requièrent l’appui des partenaires allemands. Cela concerne la chirurgie plastique qui est en rapport avec la réparation des séquelles de brûlures, les becs de lièvre, et il y a la chirurgie urologique qui concerne les prostates, les calculs rénaux, la chirurgie maxillo-faciale, la chirurgie des goîtres et pédiatrique. «Nous voulons faire de ce centre une structure spécialisée dans les cas d’urologie et de goître», précise M. Ouédraogo. Au niveau de la maternité de cette clinique, les accouchements et les césariennes sont gratuits, malgré l’utilisation de certains appareils à la pointe de la technologie. Selon le directeur, ce dispositif de gratuité est sur fond pour le moment, mais ils ont la promesse du Ministère de la santé de nous inclure dans le programme global de gratuité qui est présentement effectif dans les centres de soins publics. Pour l’instant, le centre de santé Dr Sédogo de Léo n’est pas autonome financièrement, il fonctionne à 30% sur fonds propres et à 70% sur financement des partenaires. «Nous sommes au début du fonctionnement de la structure, et il est à but non lucratif, mais les malades contribuent un peu pour ceux qui peuvent, cela pour au moins pouvoir faire face à certaines charges. L’appui des partenaires va reposer sur une période de 5 ans, car la structure devrait pouvoir, lorsqu’elle fonctionnera bien, générer des ressources pour un fonctionnement autonome, au plan financier», poursuit le directeur dans ses explications.

Les interventions chirurgicales vont de 30 000 à 125 000 FCFA

Pour un cas d’intervention chirurgicale, la consultation s’élève à 2 000 FCFA, l’ablation d’une hernie coûte 30 000 FCFA, l’intervention pour une prostate s’élève à 125 000 FCFA, et c’est le même prix pour le cas du goitre. L’appel à lancer à la population, à travers ces journées portes ouvertes, est de découvrir le centre et ses prestations, qu’elle se l’approprie. Le centre est implanté sur une superficie de 2 ha et il faut signaler que le terrain leur a été offert gratuitement par la population avec l’appui du maire de la commune de Léo et ayant débuté la construction en 2011, elle s’est achevée en 2013 et les portes se sont ouvertes en 2014. Depuis l’ouverture de la structure, en termes de bilan, elle est à environ 300 malades opérés par an, et cette année, il est prévu 450 malades à opérer. La difficulté majeure est l’insuffisance de personnels, ce qui n’est pas facile, car les moyens sont limités pour permettre le recrutement d’agents de santé. Un cri du cœur a été lancé au Ministère de la santé pour un accompagnement, car étant une structure à but non lucratif, et ayant des conventions de partenariat avec le gouvernement, c’est aussi leur devoir de les accompagner. Pour le moment, il nous a été promis l’affectation de 2 sages-femmes et de 2 infirmières et nous espérons qu’avec le temps, l’appui sera plus conséquent. Pour le Professeur Bernhard Rumstadt, président de l’ONG Operieren in Afrika, structure qui a financé la construction du centre, ils sont très contents d’être là pour aider la population du Burkina Faso, et de Léo en particulier, avec ces interventions chirurgicales et l’objectif est de travailler ensemble, une coopération entre spécialistes allemands et burkinabè pour faire prospérer cette structure. «Le concept est d’avoir un plateau de chirurgie générale permanente, qui sera appuyé de temps en temps, par des chirurgiens allemands. Nous sommes en train de développer beaucoup de spécialités comme la chirurgie plastique, urologique, gynécologique, pédiatrique, maxillo-faciale, etc. Nous sommes en ce moment en train de mettre en place une spécialité pour la chirurgie maxillo-faciale et cela permet de minimiser les évacuations sanitaires des malades du Burkina Faso, vers l’Europe», souligne t-il. Et pour ce cas, le spécialiste peut venir de l’Allemagne pour opérer les malades ici, et au cours de l’année, plusieurs genres de ces missions sont prévus. Et de conclure que le centre est vraiment spécial, car au plan architectural, c’est un centre médico-chirurgical écologique, avec de la verdure un peu partout, autant d’aspect, qui permettent aux malades de mieux vivre. «Je trouve ce qu’on a vu merveilleux, c’est un exemple de développement écologique qu’ils ont montré avec tout ce qu’ils ont comme système d’énergie solaire, de récupération des eaux».

L’hôpital est plus un lieu d’ambiance que de stress

 C’est vraiment un lieu d’ambiance que de stress, ce qui est très important. C’est une clinique de référence, car ici, on fait des interventions qu’on ne réalise pas à Ouagadougou, et leurs appareils médicaux sont vraiment sophistiqués. J’ai déjà été hospitalisé ici une fois, j’ai vraiment apprécié, j’avais une salle climatisée pas chère et je sais qu’à Ouaga, je n’aurai pas pu me tailler ce risque. En plus, le personnel est très accueillant, il vous suit minute par minute, attentif aux patients», affirme Abdoul Teignan, résidant à Léo. Et de poursuivre qu’au départ de la coopération, il y a eu beaucoup de problèmes avec le Ministère de la santé, la mairie et il y a eu même des moments où la population s’était carrément révoltée et une année, les Allemands sont arrivés et le ministère leur a signifié que sans convention, il ne pouvait pas avoir d’intervention. C’était du temps où ils faisaient leurs interventions chirurgicales au Centre médical de Léo et c’est suite à qu’ils ont demandé un terrain pour construire. Ce fut vraiment une bataille, car une partie de la population ne comprenait pas leur mission. «Je pense maintenant que les dirigeants ont désormais le défi de maintenir la clinique, tout en améliorant les prestations, surtout faire adhérer la population par la sensibilisation. Il faudra trouver aussi des stratégies pour que la clinique puisse s’autofinancer», ajoute t-il. Pour Mme Binta Zio, résidante de Léo, tout le monde est satisfait de cette clinique, car à tout moment, ils étaient référés vers la capitale pour la prise en charge des maladies. «Mais depuis que la clinique est là, toutes les opérations se font ici sans problème, c’est propre et c’est vraiment bien fait. Surtout en matière de maternité, c’est une grâce pour nous les femmes, l’accouchement est gratuit, ainsi que la césarienne. On remercie les Allemands, le directeur. Mais ce que je demande en plus de tout cela, c’est qu’on approvisionne plus la pharmacie, pour qu’on puisse y trouver l’ensemble des médicaments», lance-t-elle. En ce qui concerne les autorités locales, par la voix du haut-commissaire de la province de la Sissili, Abraham Sondo, elles ne ménageront aucun effort pour soutenir cette initiative vraiment salutaire pour la population locale, mais aussi du pays tout entier, car les patients viennent de partout pour se faire opérer.

Larissa KABORE

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