Cinquantenaire du FESPACO : Quel Burkinabè pour suivre les pas du «Maestro» ?

Cinquantenaire du FESPACO : Quel Burkinabè pour suivre les pas du «Maestro» ?

Du Wazzou polygame en 1969 avec le Nigerien Oumarou Ganda a Félicité du franco-Sénégalais de F6 Gomis en 2017, un seul Burkinabè, Idrissa Ouédraogo a obtenu l’Etalon d’or de Yennenga à la biennale du cinéma de Ouaga. C’était en 1991, il y a une éternité…

«Il me faut plus d’1 milliard pour réaliser Boukari Koutou… Je suis le seul cinéaste burkinabè à obtenir l’Etalon de Yennenga…», paroles de Idrissa Ouédraogo, à chaque fois qu’on évoquait le cinquantenaire du FESPACO, auquel il attachait du prix. Il arrive qu’il évoque même les premières scènes de Boukari Koutou, un film historique et patriotique. Bien avant que la grande faucheuse ne le prenne, il y a exactement un an, il parlait du FESPACO à tout bout de champ et de la chance supérieure à lui d’obtenir le Graal de cette fête du cinéma burkinabè, plus que tout autre réalisateur burkinabè.

Vantardises ? Que nenni ! Car le maestro, avec Tilaï avait obtenu effectivement cette récompense suprême du FESPACO. Pour cette 26e édition et pour se donner tous les avantages dans cette compétition, le Burkina n’a pas été avare en moyens, malgré la sécheresse financière :

1 milliard de F CFA a été remis aux cinéastes par le président du Faso, afin de réaliser des films de haut vol pour ce FESPACO.

1 milliard a été décaissé pour l’organisation dudit FESPACO la 26e édition.

Cela fait 2 milliards ! 2 milliards pour offrir toutes les commodités au cinéma burkinabè, de rafler cette timbale à l’occasion des noces d’or de ce qui n’était, il y a 50 ans qu’une petite semaine du cinéma africain.

2 milliards pour un Etalon ! Qui doit se mériter ! Véritablement après Idrissa Ouédraogo, le Burkina veut cette récompense. Et de deux films burkinabè de bonne facture sont en compétition :

Desrances d’Appoline Traoré

Et Dougan les charognards d’Abdoulaye Dao.

Mais le FESPACO c’est une compétition, et des gros calibres venus de l’Afrique du Sud, du Maroc, de l’Algérie, de RD Congo… sont également sur la ligne de départ.

Or, si la capitale burkinabè abrite le FESPACO, et des films sont réalisés chaque année, la qualité en terme de scénario, qualité des acteurs, technicité laissent à désirer. Ce sont les films populaires, qui plaisent mais ou le réalisateur est en même temps scénariste, producteur, voire preneur de son mais ce sont des films, qui ne peuvent nullement franchir la frontière pour compétir.

A quand un film burkinabè sur la croisette après encore un certain … Tilaï d’Idrissa Ouédraogo ?

A partir de ces noces d’or, le FESPACO devra réfléchir à comment innover, comment créer de véritables entreprises cinématographiques avec des producteurs de qualité qui, pourront être présents à Cannes, à la Berlinale ? Comment inciter le public Burkinabè à aller régulièrement au cinéma ? Comment faire pour ouvrir les salles de cinéma fermées et transformées en boutiques pour bazar ou carement en désuetude ? Nollywood du Nigéria, c’est une success story, mais qui n’épouse pas tous les canevas du FESPACO.

Le FESPACO se doit d’ailleurs d’oeuvrer pour que dans les 50 prochaines années, il soit à un autre niveau, sinon tutoyé par la foultitude de festivals (Festilag, Ecrans noirs, ..) il pourrait petit à petit être réduit à sa portion congrue.

Et si après compétition au présent FESPACO, l’Etalon de ce cinquantenaire devait échoir à un film burkinabè, cela serait une satisfaction post-mortem à Idrissa Ouédraogo et vaudrait plus tous les colloques à lui consacrés et si  cela s’avérait au soir du 2 mars, de là où il est, le genie du cinéma burkinabè pourrait esquisser son sourire jubilatoire de diablotin qui lui est caractéristique.

Zowenmanogo ZOUNGRANA

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