La guerre urbaine au Soudan s’internationalise-t-elle avec l’attaque contre le représentant de l’UE et un convoi diplomatique américain ? Y aura-t-il un Soudan de l’Est, de l’Ouest ou du Centre, 55e Etat du continent ? Des questions non dénuées de sens, quand on sait que même en temps de paix, cette Corne de l’Afrique était scrutée par les puissants de ce monde, a fortiori lorsque la poudre des canons tonne.
Jadis éponge pétrolière, avant la division avec «l’indépendance ohé» poussé par le Soudan du Sud en décembre 2013, le Soudan est actuellement le 3e producteur d’or, et est un maillon important dans le puzzle de cette région vu de Washington, de Pékin, de Ryad ou de Moscou.
Antony Blinken, le chef de la diplomatie américaine s’est entretenu au téléphone avec les 2 généraux qui s’affrontent. La Ligue Arabe tente toujours de calmer les esprits. L’Egypte joue la diplomatie, en tant que grand voisin. Malgré la guerre en Ukraine, la Russie est attentive à cette incandescence.
En agressant le représentant de l’UE, cherche-t-on à impliquer l’Europe dans cette tambouille sanglante ? Car le domicile d’un ambassadeur ou autre diplomate est une extraterritorialité. Même question pour l’attaque du convoi diplomatique américain.
Autre lecture de ces affrontements dont personne ne connaît l’issue, c’est le risque de partition du Soudan.
Vers un scénario angolais des années 90 ?
Car si rapidement, l’armée régulière ne parvient pas à vaincre les FSR, ou à les réduire à leur plus simple expression, on se dirige vers un scénario angolais des années 90. Avec d’un côté, un chef de guerre puissant, disposant de combattants aguerris dont le nombre pourrait aller à la hausse, avec l’arrivée d’autres miliciens du Yémen (l’embellie se dessinant dans ce pays). En l’occurrence, on aura le général «Hemedti» dans la peau d’un Jonas Savimbi, retranché soit à Meroé ou au Darfour, plus dans cette dernière ville, et défiant les hommes du général Burhan. Et si les puissants s’en mêlent…, bonjour la partition du pays.
Embellie au Yemen, guerre au Soudan
Il y aura d’abord des envoyés spéciaux avec des palabres à n’en pas finir, puis, une force d’interposition pour servir de tampon et c’est parti pour une interminable guerre entre Khartoum et cette ville rebelle, qui sera tenue par le général «Hemedti» et ses hommes. Ça pourrait être aussi le contraire et si la tendance se poursuit, les FSR contrôlant de grands pans du Soudan, «Hemedti» pourrait militairement être vainqueur, mais selon plusieurs «Soudanologues», il lui sera difficile de régner, il est ethniquement rejeté !
Quoiqu’on dise, au 4e jour des combats avec plus de 200 tués, aucune suprématie nette n’est perceptible de part et d’autre.
Scénarios-fictions peut-être, mais la force de frappe des 2 généraux, et surtout une nonchalance de la Communauté internationale, voire des calculs géopolitiques, peuvent les rendre vrais ! On est d’autant convaincu que chaque puissance tutélaire au Soudan appelle au cessez-le-feu, mais a des atomes crochus avec l’un ou l’autre des généraux ennemis. L’un ou l’autre des perspectives sera le pire, car les Soudanais qui voient déjà la démocratie s’éloigner comme une ligne d’horizon, démocratie pour laquelle ils se sont battus ces dernières années, en payant le prix du sang, les Soudanais n’auront plus qu’à faire leurs baluchons pour l’exil ou à rester pour un long purgatoire politique, enrobé de violences .
La REDACTION
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