Comparution de Dadis et collaborateurs hier 28 septembre : Une image pour l’exemple en Afrique

Comparution de Dadis et collaborateurs hier 28 septembre : Une image pour l’exemple en Afrique

Qui l’eut cru, l’ex-président du CNDD répondant des crimes commis il y a 13 ans à Conakry ? Et pourtant, hier les Guinéens n’avaient pas la berlue, les 11 accusés étaient bien là en chair et en os. Surtout le chef suprême de l’époque. Dadis, Diaby, Toumba «Coplan» … ils étaient tous là, les 11 inculpés devant les magistrats en cette première journée d’audience, hier 28 septembre pour répondre de l’abjection dont ils sont accablés, celle qui concerne l’innommable du stade du 28-Septembre.

 Et ce 28 septembre 2022, à 15 h 15, le compte à rebours judiciaire a véritablement commencé. Dans cette salle flambant neuve, qui fait office de palais de justice spécial pour ce procès spécial inédit, la Guinée s’apprête sans doute à réécrire une page de son sombre histoire de cette dernière décennie. Et ce n’est pas pour rien que les gens se sont mis débout, lorsque Dadis s’est levé pour écouter les charges qui pèsent sur lui.

Démêler cet écheveau sanglant, à savoir d’abord le Tribunal aura à connaître des crimes par balles sur les 157 personnes, puis les autres crimes, les viols des 109 femmes. Et il n’y a pas de raison qu’on n’en sache pas un peu plus sur cette tuerie et violences sexuelles de masse.

Dadis est là et était chef de l’Etat : est-ce lui qui a ordonné personnellement à sa garde d’aller tirer sur les opposants au stade ? Qui a ordonné donc cette tuerie et ces viols ? Ou est-ce des sécurocrates qui ont pris sur eux de faire et de rendre compte après ? L’opérationnel a agi sans le feu vert ou orange du décisionnel ?

Les représentants des 600 parties civiles présentes à ce procès ont soif de connaître la vérité, surtout historique, veulent la justice, des réparations et des reconnaissances. Et le bâtonnier du Barreau de Conakry, Me Djibril Kouyaté ne croit si bien dire, en affirmant qu’il faut une justice «impartiale, indépendante, qui doit tracer les sillons d’une nouvelle Guinée».

En effet, la justice est la clef de voûte de toute démocratie, et si le président Doumbouya veut comme il le dit remettre la Guinée sur les rails, ce procès est un des maillons de ce toilettage. En Guinée, c’est un tribunal ad hoc pour une justice qui doit faire date.

Renvoyé au 4 octobre, rien que la comparution physique de Dadis devant ces juges est une image qui donne à réfléchir aux puissants du moment, invite à l’humilité, à la démocratie et aux pratiques des bonnes mœurs démocratiques. Il est de bon aloi de le souligner d’autant lorsqu’on revoit le Dadis show qui admonestait des personnalités y compris des ambassadeurs en direct à la télé, limogeait des directeurs généraux en direct, et vitupérait contre certains pays, toutes ces réminiscences de ce capitaine qui vouait une vénération pour De Gaulle, et qui voulait ressembler à Sankara ramènent au fait qu’on n’est si peu de choses, et que seul importe ce qu’on fait de bien pour son peuple quand on dirigeait. Le reste n’est que du vent. Un procès que tout-puissant africain doit suivre. C’est propédeutique. Hier, c’est cette image figée de Dadis devant les juges qui restera gravée dans l’intemporel. Son reste ubuesque tombera dans les poubelles de l’histoire.

La REDACTION

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