Condamnation à 20 ans de prison d’Ajavon : Talon comme Yayi ?

Condamnation à 20 ans de prison d’Ajavon : Talon comme Yayi ?

C’est un gros pavé que vient de jeter la Cour de répressions des infractions économiques et du terrorisme dans le landerneau politique béninois. Hier jeudi 18 octobre 2018, Sébastien Ajavon, le président du Patronat béninois et opposant au président Patrice Talon a été condamné à une peine de 20 ans de prison et à 5 millions d’amende. La cerise sur le gâteau de cette affaire à une forte puanteur de cabale politique, est le mandat d’arrêt émis illico presto contre celui que l’on surnomme le «Roi du poulet» dont les avocats ont été privés de parole.  Pour comprendre l’affaire, il faut remonter à l’année 2016, lorsqu’un stock de 18 kilogrammes de cocaïne avait été découvert dans un conteneur en provenance du Brésil et destiné à l’une des sociétés (Comon SA) d’Ajavon. Arrêté et placé en garde à vue durant huit jours, celui qui s’est classé troisième à la présidentielle béninoise sera libéré par la suite avant de comparaître le 4 novembre de la même année devant le Tribunal de grande instance de Cotonou au bénéfice du doute.

Hier donc, comme le 4 octobre dernier, les conseils de l’opposant ont été ignorés royalement par le juge Edouard Gangni et c’est cette même affaire que d’aucuns avaient presque oubliée qui a refait surface et pan…, le verdict est sans appel, pour le patron des patrons béninois. Le moins que l’on puisse dire c’est que la suspicion du camp Ajavon vis-à-vis de cette juridiction créée en août dernier était somme toute naturelle. Du reste, depuis Paris où il séjourne depuis quelques semaines, l’homme d’affaires avait, par le biais de son avocat Me Eric Dupont Moretti, déclaré qu’il ne se présenterait pas devant cette Cour pour non-respect de la procédure. «Mon client ne comparaîtrait pas compte tenu des graves irrégularités de la procédure et du caractère absurde et mensonger de l’accusation portée contre lui», avait-il lâché.

L’une des clés de ce procès qui promet des étincelles, reste l’épineuse question de l’appel. Alors que le camp Ajavon dit être en possession de toutes les attestations de non-appel délivrées par le tribunal et la Cour d’appel de Cotonou, le gouvernement monte au créneau pour dénoncer une fausse accusation. Qui dit vrai ?

En attendant, c’est la colère du côté de l’Opposition qui dénonce une chasse aux sorcières. Cette affaire n’est pas sans rappeler les graves accusations de «tentative d’empoisonnement» sur la personne du président Yayi Boni, portées contre Talon pendant le dernier mandat de ce dernier. On se souvient que l’actuel chef de l’Etat avait à l’époque quitté le pays pour échapper au glaive de la justice sorti directement pour abattre un potentiel adversaire politique que l’on craignait. Sommes-nous dans le même scénario ? Rien n’est à exclure car en politique, tous les moyens sont bons pour parvenir à ses fins et cette fois, c’est son opposant attitré qui en est la cible.  Tel qu’on le connaît, Sébastien Ajavon, n’est pas prêt de se laisser faire, et il y a de fortes chances que les prochains jours soient mouvementés au pays de Mathieu Kérékou.

Davy Richard SEKONE

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