Condamnation d’Ahmad de la CAF : Le billot d’Infantino a tranché une tête qui … gênait

Condamnation d’Ahmad de la CAF : Le billot d’Infantino a tranché une tête qui … gênait

Lorsqu’en juin 2019, les fins limiers de l’office central de lutte contre les infractions fiscales et financières faisaient irruption à l’hôtel parisien du président de la CAF Ahmad Ahmad, envoyés par les organes disciplinaires de la FIFA pour ne pas dire Gianni Infantino, le monde de la boule magique africaine avait retenu son souffle.

Mis en examen dans la foulée, puis relâché, l’existence du sexagénaire malgache qui avait réussi le tour de force de déboulonner le 16 mars 2017 le patriarche Issa Hayatou n’a plus jamais été celui d’un long fleuve tranquille. Et comme il fallait s’y attendre au regard de lourds soupçons de corruption, de détournement et de gabegie en tout genre qui pesaient sur lui, l’écho du tam-tam annonciateur de sommeil trouble s’est fait entendre. Reconnu coupable de détournement de fonds, d’abus de pouvoir et de corruption par la chambre de jugement de la commission d’éthique indépendante, Ahmad Ahmad écope d’une suspension de 5 ans. Il devrait en outre s’acquitter d’une amende de 185 000 euros. Certes, il y a eu tous ces actes «suspects» comme les révisions d’un accord télévisé, et la double rémunération (FIFA/CAF) qu’a bénéficié Ahmad Ahmad lors du Mondial Russie 2018, (avec son vice-président Constant Omari) pratique interdite, mais l’envoi le 1er août 2019 de la secrétaire générale de la FIFA, la Sénégalaise Fatma Samoura, pour fouiner dans les comptes de la CAF sous Ahmad, et l’accélération du dossier enrobé sous l’appellation de «Mauvaise gestion et corruption» et ce, concomitamment à l’annonce de sa volonté de briquer un second mandat, sont tout sauf anodins ou de simples coïncidences.

Et voilà le rouleau compresseur lancé contre le Malgache, par celui-là même qui pourtant, l’avait aidé à déboulonner le totémique Issa Hayatou du toit du foot africain.

Prononcé à un moment où l’instance supérieure du football africain se prépare au renouvellement de son comité exécutif, cette décision suspend de fait l’exercice du président Ahmad, et même l’éjecte d’office de la course, alors qu’en mars dernier, il annonçait tout confiant, son intention de briguer un second mandat.

Empêtré dans de grosses vagues nauséabondes telles que le monde du sport sait bien souvent nous les servir, le président Ahmad bénéficie tout de même d’une fenêtre de sortie, pour ne pas dire d’un trou de souris expiatoire. Il a 60 jours pour faire appel de sa condamnation. Maigre échappatoire quand le tout-puissant Infantino veut son départ. En attendant, le principal concerné dit avoir pris acte. Au regard des charges, autant dire que le sénateur malgache et ancien ministre des Pêches aura du mal à s’extirper de la nasse. Qu’est-ce qui explique que le ressort se soit cassé entre les 2 hommes ?

En effet, même si tout semble indiquer que le président de la Confédération africaine de football (CAF) a prêté le flanc et que le lynchage qu’il subit est à la hauteur de ses forfaits. N’empêche que cette défénestration du président de la CAF sent aussi le règlement de compte à plein nez.

Défenseur inconditionnel de la candidature du Maroc à l’organisation de la Coupe du monde 2026, alors qu’Infantino n’avait pas ce tropisme marocain et militait pour le trio USA-Mexique-Canada qui l’emportera d’ailleurs, c’était en 2018, les 2 hommes ont commencé alors à se détester, ressentiments exacerbés par la présence de Fatma Samoura, et le désir d’Infantino de modifier la périodicité de la CAN. Dans ses velléités mal dissimulées de mettre le football africain sous contrôle, Infantino a-t-il, mal jaugé la résilience du Malgache, forgé par les écuelles politiques de sa terre natale ? Qu’espérait le Malgache ? Pouvoir résister à Infantino, qui a tous les leviers du foot, et auréolé du titre de celui qui est venu balayer toutes les saletés de Blatter et Cie ? L’un dans l’autre, la peau du Malgache était sur le marché. Le reste n’était qu’une question d’enchère, et Infantino n’a fait que tomber le billot sur cette tête offerte.

A l’heure où le football européen, surchargé d’intérêts, veut faire du continent noir sa zone de chasse et sa cours d’oxygénation exotique, il convient que pour une fois, fort de notre nombre, de la qualité et de la quantité du contingent africain à l’échelle planétaire à l’heure où le foot africain compte tant par le talent de ses joueurs que par la représentativité même du continent, il convient que nous ayons un élan de solidarité salvatrice. Ahmad n’est certes pas un saint, mais Infantino et sa FIFA non plus. Le football africain doit accepter de prendre son destin en main et non se faire modeler pour répondre à des motivations qui lui sont extérieures.

Ahmed JUNIOR

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