Condamnation de Jean-Pierre Bemba par la CPI : Et maintenant on fait quoi ?

Condamnation de Jean-Pierre Bemba par la CPI : Et maintenant on fait quoi ?

C’est sûr. Les carottes sont définitivement cuites pour l’opposant Jean-Pierre Bemba. La Cour pénale internationale (CPI) a confirmé sa condamnation pour subornation de témoins. Il est ainsi condamné à passer 12 mois fermes sous les verrous. Mais cette peine, il l’a déjà purgée à travers son temps de détention dans les geôles de la CPI. Une bien maigre consolation, car dans son pays, les choses étaient déjà pliées pour lui pour ce qui concerne sa volonté de conquérir le fauteuil présidentiel.

Les autorités électorales avaient en effet écarté sa candidature sous le prétexte de cette condamnation. Elles s’étaient basées sur le fait qu’il était interdit à un Congolais de se présenter à la magistrature suprême, s’il avait été condamné juridiquement pour corruption. 

La subornation de quatorze témoins avaient en effet été soudoyés par Jean-Pierre Bemba et ses avocats, afin qu’ils présentent de faux témoignages devant la CPI est-elle une cousine consanguine de la corruption ? En République démocratique du Congo, et n’en déplaise aux défenseurs de Jean-Pierre Bemba, c’est la même pipe qui est bourrée par le même tabac. Les dénégations et leurs interprétations ne feront sans doute pas changer d’avis la Commission électorale et la Cour suprême congolaises. 

C’est un épilogue bien amer pour Bemba qui pensait pouvoir faire valoir son désir de conduire la destinée des Congolais en accédant au pouvoir présidentiel. C’est également bien dommage pour le jeu démocratique dans ce pays, car la présence de cet opposant que semblent redouter Joseph Kabila, le président sortant congolais, et ses partisans aurait donné un cachet particulier à la campagne électorale. Du reste, de nombreux Congolais ont apparemment pris fait et cause pour lui et plaçaient en lui un certain espoir. Ils devront désormais revoir leurs espérances et écouter sans doute les directives que leur champion va sans doute donner dans les jours à venir. Manifestations de rue ? Ralliement à un autre candidat de l’opposition ? Stratégie de la défense d’une candidature unique des opposants contre Kabila et son Medvedev ? Les couleurs ne devraient pas prendre du temps pour se faire voir.

En attendant, des regards curieux sont tournés vers la présidence congolaise pour savoir aussi quelle conduite elle tiendra. On se rappelle qu’avant la décision de confirmation de la condamnation de Bemba, le gouvernement congolais avait émis des menaces. Celle particulièrement de quitter la CPI sous le prétexte que «certains gouvernements exerceraient des pressions sur les juges de la CPI» qui pourraient influer sur «les questions sous examen par devant cette institution en relation avec la situation en RDC, susceptibles d’avoir une incidence sur le processus électoral en cours dans le pays».

Faisait-il allusion à Jean-Pierre Bemba qui avait été de façon spectaculaire acquitté des charges de crimes de guerre et contre l’humanité qui pesaient sur lui ? Possible. Si tel est le cas, on se demande quel discours le gouvernement congolais va à présent tenir ? Car émettre des doutes sur les décisions de la CPI, à plus forte raison menacer de la quitter, serait de facto remettre en doute la crédibilité de ses délibérations, de ses enquêtes et de ses verdicts. Ce qui supposerait que les arguments avancés par la Commission électorale et la Cour suprême pour évincer Bemba, basés fondamentalement sur sa condamnation par la vilipendée juridiction internationale, perdent de leur consistance. On ne peut déclarer détester la chair de dromadaire et en boire goulûment la soupe.  Alors, la RDC quittera-t-elle la CPI ?

C’est pourquoi d’ailleurs, c’est n’y rien comprendre l’attitude du pouvoir congolais, qui en veut à la CPI, laquelle juridiction supranationale, a par ses délibérations permis à la CENI et à la Cour constitutionnelle, d’écarter ce dossier sérieux qui est celui du patron du MLC. Au contraire, la RDC aurait dû se réjouir, de ce coup de main involontaire ( ?) du Tribunal de La Haye, qui écarte sur le chemin de son champion Ramazani Shadary, un homme qui aura vécu, ces dix dernières années derrière les barreaux, mais qui ne pensait qu’au fauteuil présidentiel chaque matin en se rasant. A moins que c e ne soit pour d’autres motifs, la réaction quasi épidermique du régime congolais est suspecte, et incite à chercher  ailleurs. Alors quittera, quittera pas la CPI ? On attend de voir, car maintenant, cette Cour a écarté définitivement Bemba de la cause vers le mandat suprême.

Ahmed BAMBARA

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