La réalité aux antipodes de la fiction ? C’est sans doute peut-être le cas avec l’histoire de Paul Rusesabegina ou plutôt de l’Hôtel Rwanda, film éponyme où il est question d’un Robin des citadins ou plutôt de rescapés tutsis, qu’il recueillait dans l’Hôtel des mille collines à Kigali, durant la grande tuerie d’avril à juin 1994.
Le film Hôtel Rwanda réalisé en 2004, par Terry George soit dix ans après les mille fosses communes, retrace dans sa fresque imagée le sauvetage de 1 200 personnes par Paul Rusesabagina, incarné par l’acteur américain Don Cheadle.
Dans la réalité, alors que les 800 000 Tutsis et Hutus modérés sont massacrés en avril 1994, 1 268 parviennent à se réfugier à l’Hôtel des mille collines où se trouve Paul Rusesabagina, qui usa de son tact pour apaiser la folie meurtrière des tueurs, à la tête desquels se trouvait le général Augustin Bizimungu. Alerté grâce à une ligne téléphonique intacte, l’ONU parviendra à faire évacuer ces survivants.
Histoire enjolivée ? Imposture ? En tout cas, les autorités rwandaises ne croient pas à ces fadaises, mais plutôt à du révisionnisme de Rusesabagina pour échapper à la justice. En dépit de sa nationalité belge acquise, de son prix Condorcet-Aron, décerné par le centre de recherche et d’études politiques (CREP), Rusesabagina est arrêté et tout comme Félicien Kabuga, le financier du génocide, il a été jugé quasiment par contumace, puisque lui comme ses conseils étaient aux abonnés absents aux audiences depuis mars dernier. Si la Haute cour pour les crimes internationaux n’a pas suivi le réquisitoire du Parquet qui réclamait la perpétuité, les 25 ans d’emprisonnement mis sur la tête du vrai-faux héros de Hôtel Rwanda sonnent judiciairement comme solde de tout compte par rapport à l’abjection de 1994.
Procès politique comme le lance Mezza Voce sa fille Carine Kanimba ? On peut le subodorer quand on sait que l’illustre proscrit de Hôtel Rwanda pardon Hôtel des Mille collines a créé une formation politique MRCD, dont la branche armée est le FLN, et de facto opposant au locataire d’Urugwiro Village (présidence rwandaise) Paul Kagame.
Pire, ce qui plaide en défaveur du condamné, c’est qu’il a des atomes crochus avec l’ennemi intime du Bonaparte de 1994 (Kagame) qui n’est autre que le général Kayumba Nyamwasa ex-compagnon du maître du Rwanda, ancien patron de la sécurité lors de la marche triomphale Kampala-Kigali, devenu son rival, qui le titille depuis l’Afrique du Sud, avec son RNC pour Rwanda National Congress, et des équipées meurtrières entre l’Ouganda, le Burundi et le Sud-Kivu.
Et Kagame le lui rend bien, puisque plusieurs fois ce supposé bras armé de Rusesabagina a échappé à des tentatives d’assassinat au pays de Mandela.
Alors Rusesabagina, financier du génocide, criminel qui s’est drapé dans la toge d’un sauveur ? Ou est-ce un procès de Kigali pour mettre fin aux activités d’un adversaire politique ? Alea jacta est ! Les dés sont jetés. C’est désormais l’autorité de la chose jugée, et on imagine difficilement qu’au Rwanda, un quelconque appel puisse changer quoi que ce soit au sort de Rusesabagina !
La REDACTION
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