Conditions de vie des jeunes du Burkina Faso : Le tableau noir de l’ODJ

Conditions de vie des jeunes du Burkina Faso : Le tableau noir de l’ODJ

L’Organisation démocratique de la jeunesse (ODJ) a procédé le lundi 23 avril 2018, à la Bourse du travail, à la présentation de son rapport public conçu à partir des travaux de recherches sur les conditions de vie et les aspirations des jeunes du Burkina Faso. A en croire le président du bureau exécutif national de l’ODJ, Gabin Korbéogo, le rapport a mis en avant un tableau relativement sombre de la condition sociale des jeunes. Pour lui, si les jeunes vivent dans des conditions difficiles, la faute revient aux autorités publiques.

Afin d’apporter un éclairage manifeste sur l’état des lieux des conditions de vie des jeunes, de disposer par la même occasion, d’un argumentaire solide pour conduire des actions d’interpellation des gouvernants et d’entreprendre des actions appropriées en faveur de la jeunesse burkinabè, l’Organisation démocratique de la jeunesse (ODJ), avec l’appui de partenaires financiers, a initié une étude sur «les conditions de vies et aspirations des jeunes du Burkina Faso». La présentation publique de ce rapport a eu lieu le lundi 23 avril 2018, à la Bourse du travail de Ouagadougou. A en croire les responsables, l’approche méthodologique adoptée dans cette étude, est de type mixte (méthodes quantitative et qualitative). Pour l’échantillon, ce sont au total 3 000 ménages qui ont été enquêtés sur toute l’étendue du territoire.Et le coût total de l’étude est évalué à quinze (15) millions de FCFA. Le président du Bureau exécutif national de l’ODJ, Gabin Korbéogo, explique que ce rapport a été réalisé pour deux raisons. D’abord, pour un motif d’ordre théorique. «On a constaté qu’il y a un vide en matière d’informations scientifiques sur les conditions de vie, de travail et les aspirations des jeunes du Burkina, c’est ce qui nous a conduit à réaliser une telle étude qui nous a permis de combler un vide dans le domaine de la connaissance de la condition sociale des jeunes », a-t-il dit. Ensuite, il mentionne qu’il y a un motif d’ordre pratique. Il soutient qu’ils considèrent les résultats de ce rapport comme un outil d’aide à la décision, un outil de lutte, un outil d’interpellation.

Situation peu reluisante de la jeunesse burkinabè

De cette étude, on retient que  l’analyse sur les ménages des jeunes enquêtés, montre qu’ils sont issus en majorité des ménages dont les revenus moyens annuel et mensuel sont respectivement de 807 306 FCFA et 85 306, 07 FCFA. Selon le rapport, les actifs domestiques de ces ménages sont peu commodes et ne permettent pas aux jeunes d’avoir un niveau de vie décent. Leur principale activité est l’agriculture et sont majoritairement des ruraux avec des biens champêtres rudimentaires.

En matière de santé et services de santé, l’étude montre que la majorité des jeunes déprécient la qualité et le coût des centres de santé. En effet, la barrière financière se révèle être le principal obstacle à l’utilisation des services de santé par les jeunes. La vie en unité familiale met en exergue que plus de  ¾ des enquêtés du sexe masculin participent aux décisions de leur famille contre 51,1% chez les femmes. Par contre, l’enquête établit que près de la moitié des célibataires ne sont pas associés à la prise de décisions. En matière d’éducation, l’étude met en lumière les inégalités sociales relatives au coût élevé, au manque et/ou à l’éloignement des écoles comme principales raisons qui motivent la faible fréquentation de l’école.

S’agissant de l’emploi et des conditions de travail, les analyses montrent que le taux de chômage (13,2%) en milieu urbain est quasiment le même qu’en milieu rural. Les femmes sont plus touchées par le chômage des jeunes (16%) contre (12%) chez les hommes. En effet, plus de 8 jeunes sur 10 sont se trouvent dans une situation de précarité sur le marché du travail.

Dans la mobilité des jeunes et leur migration, l’étude dévoile que 68% des jeunes ruraux résident dans leur lieu de naissance. Tandis qu’en milieu urbain, 45% habitent dans leur lieu de naissance. Ces jeunes partent principalement vers les villes, puis en dehors du pays (sous-région, Europe, USA etc). Les raisons de leur déplacement sont principalement d’ordre économique, familial et d’étude.

En matière de besoins alimentaires, l’étude montre que plus d’un tiers des jeunes (37%) affirment n’avoir pas couvert ses besoins alimentaires en milieu rural comme urbain. La principale raison évoquée est la pauvreté (39%). A cela, s’ajoutent les mauvaises récoltes (18%) et les aléas climatiques (16%).

Concernant le logement, 36% des jeunes déclarent avoir des besoins non couverts en logement. Ils attestent également que les besoins de déplacement ne sont pas couverts, car ils se déplacent principalement à pied, à vélo et à mobylette. Quant aux besoins de formation, ils persistent car plus d’un quart de jeunes enquêtés (27%) n’a pas bénéficié d’une formation technique ou professionnelle. Il en ressort que les jeunes qui n’ont pas bénéficié d’une formation professionnelle souhaitent prioritairement être formés dans les domaines de l’agriculture, l’élevage, la mécanique et la couture.

A en croire le président de l’ODJ, Gabin Korbéogo, cette étude a mis en avant un tableau relativement sombre de la condition sociale des jeunes. «Cela nécessite qu’on puisse adresser ces préoccupations pressantes des jeunes aux autorités, afin qu’elles leur trouvent des solutions idoines», a-t-il fait savoir.  Pour lui, si les jeunes vivent aujourd’hui dans des conditions difficiles, la faute revient aux autorités publiques car poursuit-il, ces dernières ont l’obligation de pouvoir trouver des emplois décents, des formations de qualité aux jeunes, mais aussi des loisirs aux jeunes. En somme, pour l’ODJ, ces facteurs interpellent à une prise de conscience effective et à des actions structurées et durables, afin de répondre aux aspirations de la jeunesse

Pélagie OUEDRAOGO

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