Conférence des ambassadeurs en France    | Il y a bien une politique française au Sahel : Barkhane

Conférence des ambassadeurs en France    | Il y a bien une politique française au Sahel : Barkhane

Tradition annuelle respectée en France. Emmanuel Macron a pris langue avec les ambassadeurs. Occasion de parler de la participation de la France à «un nouvel ordre mondial». Syrie, Libye, Ukraine, tous ces sujets n’ont pas été occultés. Parmi eux, l’Afrique est bien en place. Une «alliée», selon Macron. Ce continent avec qui il faut désormais compter et sans qui on ne peut rien planifier. Il y a les questions de développement. L’aide au développement de la France se dirige principalement vers l’Afrique. A Paris, il est dit qu’il est l’heure de moderniser, cet appui. Mais il n’y a pas que cela. La menace terroriste est également présente. Précisément en Algérie, et au Nigéria et au Cameroun, avec Boko Haram. Mais aussi au Sahel, où cinq pays font face aux griffes de ce monstre des temps modernes.

La France, selon Macron, veut continuer à occuper une place dans la lutte entamée par les victimes. Etre à leurs côtés. Et même si à Ouagadougou le 28 novembre 2017 dans un amphi rempli de turbulents étudiants qui voulaient le tester, il avait affirmé qu’il n’y avait pas une politique française de l’Afrique, il a été bien obligé de l’affirmer lors de cette rencontre avec les ambassadeurs, ce lundi 27 août 2018. La France planifie pour l’Afrique. Et il n’y a pas véritable politique au-delà du langage diplomatique,  aux côtés des pays du Sahel qui subissent le joug des djihadistes que l’aide sécuritaire. On pense à Barkhane, ces militaires tricolores, qui pacifient le Mali.

Barkhane est forte au Mali. Elle a de hauts faits de guerre à son actif. Sans Serval en 2013, puis Barkhane, l’ex-Soudan français aurait eu un destin autre que ce qu’il a en 2018. Des chefs terroristes ont été laminés sous les roues de son armada et de son arsenal. Et concomitamment à ce raout diplomatique de paris, on apprenait justement que Barkhane avait étêté le djihadisme sahélien en éliminant deux chefs. C’est toujours bon à entendre. Quelques uns des hommes de Barkhane ont aussi payé le tribut de cet engagement de la France aux côtés de «l’allié» du Mali, qui a aussi un coût financier.

Voilà pourquoi la France a «pensé» que ce serait mieux que les pays africains se prennent en mains eux-mêmes pour faire face aux terroristes. Car même si Barkhane est puissante, elle pourrait ne pas pouvoir continuer pendant longtemps. Et son rayon d’action est limité, le Sahel étant bien vaste et rien ne serait mieux que les habitants apprennent à se défendre eux-mêmes. Voilà pourquoi Macron a réaffirmé ce lundi qu’il jette son va-tout dans la Force du G5-Sahel. Celle-ci est bien le noyau de cette pensée que la France pense pour l’Afrique, précisément dans sa zone Sahel. Extrait de citation du président Macron : «Cette organisation est la seule qui, dans la durée, permettra la stabilité parce qu’elle implique pleinement cinq pays du Sahel concernés à leur propre sécurité. Il nous faut veiller à sa mise en œuvre et, dans les prochaines semaines et les prochains mois, nous aurons à conduire de nouvelles opérations conjointes avec ces forces du G5». Que l’Hexagone veuille rester au Sahel via Barkhane, jusqu’à ce que la Force G5 prenne le relais a toujours été réaffirmé, mais le temps commence à être long et il faudra bien que l’argent pour la pérennisation de cette opération soit rassemblé.

Voilà donc qui est clair à ce propos. Il reste à espérer que cette «politique française de l’Afrique» ne soit pas trop dirigiste, trop paternaliste, trop dans l’ingérence. Car, même si l’Afrique est en voie de développement, elle a aujourd’hui aussi compris qu’elle compte désormais et que l’offre de partenariat devient de plus en plus large… Ce 27 août, c’est encore un président français, qui a répété sa volonté de nouer des rapports décomplexés, avec  l’Afrique loin des clichetons paternalisme chiraguien, de la condescendance sarkoziste, ou de la fausse neutralité hollandienne. Et puis encore, Macron a sans doute perçu également que l’Afrique et même le Sahel, concentré de l’ex-glacis français, n’a plus la France à fleur de peau, surtout sa jeunesse et il faudra faire avec.

Ahmed BAMBARA

COMMENTAIRES

WORDPRESS: 0
Aujourd'hui au Faso

GRATUIT
VOIR