L’Afrique se démène comme un beau diable pour conter l’avancée du coronavirus. A l’image des 2 géants du continent :
– L’Afrique du Sud d’abord où pour confiner les 60 millions de la nation Arc-en-ciel, le président Cyril Ramaphosa n’a pas hésité à sortir l’armée et la police pour circonscrire aux contrevenants. 2 800 militaires qui peinent à faire respecter cette gigantesque mesure-barrière, surtout dans les townships où les populations vivent au jour le jour, si fait qu’elles renâclent à rester coi.
– Le Nigéria ensuite verra ses deux grandes agglomérations Abuja et Lagos confinées totalement à partir d’aujourd’hui 31 mars 2020 et ce, jusqu’au 14 avril. Hier c’était deux villes en ébullition qui s’apprêtaient à vivre cette première épreuve inédite qui sera un véritable défi pour et les autorités et les populations. Comment faire respecter ces consignes dans ces villes qui ne dorment pratiquement pas ? De quoi vont vivre ou survivre ces nigérians dont la majorité patauge dans l’extrême pauvreté ? Les deux mois d’allocation aux indigents, promis par l’Etat sont-ils suffisants pour affronter cette épreuve ?
Que faire avec les 25 milliards de Nairas que le richissime Aliko Dangote et ses collègues ont cotisé ?
Le Bénin a choisi aussi des mesures de distanciations sociales avec un confinement partiel, mais le président Patrice Talon s’est refusé à fermer le grand marché de Cotonou et les autres marchés, car «le pays est pauvre pour supporter une telle fermeture».
Le Niger, qui semble avoir pris des mesures hardies, malgré le relatif peu de cas a suivi les recommandations de l’ONU ( tout comme la Libye) qui stipulaient de désengorger les prisons où les pensionnaires sont des cibles faciles pour le Covid-19.
1 540 personnes ont donc bénéficié d’une grâce du n°1 au Niger, puisque par un décret présidentiel, Mahamadou Issoufou, a donné la liberté à ces derniers parmi lesquels l’illustre homme politique Hama Amadou, ex-Premier ministre, chef de file de l’opposition qui purgeait une peine d’une année à la prison de Filingué. A 3 mois de sa mise en liberté, Hama Plus profite donc de la mesure discrétionnaire de son ex-allié, puis adversaire devenu Président. Libre, mais désormais ni électeur, ni éligible puisque déchu de ses droits civiques, à moins que… le chef de l’Etat ne le réhabilite ! Lui-même à 71 ans, promet de sensibiliser ses ouailles sur cette pandémie.
Merci à Issoufou et au coronavirus, est tenté de dire le fondateur du Modem Fa Lumana, même si nul ne sait, la pandémie passée, ce que fera celui qui est surnommé à tort ou à raison le Richelieu de la politique nigérienne.
L’Afrique se bat, un duel à mort contre le coronavirus avec pour le moment des résultats forts mitigés, du fait que les dépistages ne sont pas systématisés, on ignore souvent la vraie ampleur des malades, des systèmes sanitaires défaillants, et souvent des refus délibérés de respecter les mesures-barrières. Enfin à quand le pic épidémique qui interviendra de façon disparate d’un pays à l’autre et qui à coup sûr posera d’autres problèmes connexes ?
Seul espoir que l’Afrique tienne le coup et que l’Europe parvienne rapidement à juguler le mal pour pouvoir venir peut-être en aide au continent qui manque de tout.
Qu’on soit au Nigéria, en Afrique du Sud, au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, au Sénégal, le coronavirus est venu montrer que ces confettis d’Etats africains pèsent peu lorsqu’un grave problème survient, ils sont tous logés presqu’à la même enseigne. A quand les Etats Unis d’Afrique serinés à l’Africa Hall à Addis Abeba, à chaque grand mess de l’UA mais qui tardent à se concrétiser ?
Pélagie OUEDRAOGO
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