Congo-Brazza:  La posture de la carpe sauvera-t-elle le général Mokoko ?

Congo-Brazza: La posture de la carpe sauvera-t-elle le général Mokoko ?

Le candidat malheureux à la présidentielle du 20 mars 2016, (3e avec 13% de voix) a comparu hier 7 mai devant la Chambre criminelle du tribunal de Brazzaville.

Ou plutôt, a été placé dans le box des accusés, pour  écouter les juges, puisque grosso modo, le général n’a pas dit grand-chose, se contentant de se claquemurer dans un silence sépulcral, qu’il rompra brièvement lorsque le président du Tribunal parlera «d’outrage à magistrats», ou pour invoquer «son immunité juridictionnelle» que lui donne droit, sa distinction de Grand officier de l’Ordre du mérité congolais. Ses avocats aussi n’ont pas dit beaucoup de mots, qualifiant ce procès de déni de justice. Il faut dire que cette attitude du «motus bouche cousue», reste consubstantielle à l’armée, dont l’une des caractéristiques demeure le silence, du moins, peu de discours, et le général ne fait donc qu’appliquer cette seconde nature du militaire.

Une position qui n’est pas nouvelle, car elle semble être la surface de défense de l’inculpé qui, déjà  lors d’un précédent interrogatoire le 22 mars 2018 n’avait pas ouvert la bouche. Evidement c’est moins, cette caractéristique de la soldatesque, qu’une protestation sourde contre les chefs d’accusation que le général Mokoko, s’est mué en carpe. En effet, les objets du délit sont à géométrie variable, et jusqu’à présent, un flou de cirque entoure, ce qu’on reproche, à ce militaire, lié au président Sassou N’guesso par un long compagnonnage :

– que revêt la qualification «d’atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat» ?

– est-ce cette fameuse vidéo de 2007, tournée dans un cabinet d’avocats parisien dans laquelle le général évoquait un coup d’Etat contre Sassou et incidemment ressortie en pleine campagne 2016, qui lui vaut ses ennuis judiciaires ?

– à moins que ce ne soit l’appel à la «désobéissance civile» lancé par Mokoko, le 24 mars, le jour de la réélection de Sassou ? Du reste, le général Mokoko n’a jamais reconnu la victoire de Sassou et a toujours appelé les Congolais à «réclamer leur vote volé et confisqué». Et si c’était tout cela à la fois que la justice allait juger ? La seule certitude dans ce Congo-Brazza, c’est qu’il y a … incertitude sur les résultats de ce mutisme du général Mokoko. Ce dernier connaît le président Sassou, ils ont été des frères d’armes, des amis, il a été son chef d’état-major des armées et il sait que Sassou demeure un militaire dans l’âme.

Mokoko n’ignore pas aussi, que Sassou peut tolérer, tout sauf, celui qui guigne son fauteuil présidentiel, surtout par la sédition ! S’il est vrai que le général Mokoko voulait renverser Sassou, il aurait pu à un certain moment le faire, il n’en demeure moins, que l’histoire de cette vidéo, n’est pas saine, même si on l’a exhibée exprès pour le coincer. Car militaire, il sait également, le sort réservé à un militaire qui rate un putsch ! En outre, Denis Sassou N’guesso, en véritable chef M’bochi, (ethnie) applique, sans sourciller cet adage qui dit que «la tête du chef appartient à celui qui n’a pas peur de perdre la sienne».  Reviendra en mémoire de Mokoko, cet autre camarade du président Sassou, le colonel Marcel Tsourou, lui aussi accusé des quasi mêmes motifs, jugé et condamné en 2014 à perpétuité, et mort en prison le 17 avril 2017. Le silence sauvera-t-il le général Mokoko dans ce Congo où la presse semble indésirable dans les prétoires pour relayer les minutes des procès ? Réponse dans les prochaines semaines.

Sam Chris

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