Congo-Brazza : L’Accord de Kinkala à l’épreuve des calculs politiques et de survie

Congo-Brazza : L’Accord de Kinkala à l’épreuve des calculs politiques et de survie

Samedi 23 décembre 2017 à Kinkala, chef-lieu du département du Pool, le représentant du gouvernement congolais et celui du Conseil national des républicains (CNR) c’est-à dire du pasteur  Ntumi apposent leur signature sur un document qui stipule :

– un cessez-le feu dans la région

– le ramassage des armes et leurs remises aux autorités publiques

– le rétablissement de l’autorité de l’Etat dans le Pool

– la libre circulation des personnes et des biens dans le Pool

– le déploiement de la force publique dans le Pool.

Un accord qui, certes, par rapport à l’existant politique et sécuritaire constitue une avancée significative dans la recherche de la paix, mais qui est loin d’être la solution. En effet, le nœud gordien même du problème du Pool n’a pas été tranché et a pour nom : Frédéric Bintsamou alias Révérend pasteur Ntumi. Quid de son sort ? Puisque l’épée judiciaire pend toujours sur sa tête sous forme d’un mandat d’arrêt. Quel avenir pour les militaires du Pool ? Va-t-on appliquer ce qui ressemble à une panacée dans ce cas de figure, à savoir l’éculé Désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR) ?

C’est autour de ces points flous, non élucidés par l’Accord de Kinkala que les frères congolais ont repris langue pour aboutir à un véritable modus vivendi. D’où l’achoppement des débats autour des exigences matricielles du Pasteur Ntumi qui tournent autour d’une amnistie pour ce dernier et de la libération des prisonniers. Et encore, le désastre humanitaire qui a cours depuis le début des hostilités, enjoint gouvernement et partisans du Pasteur Ntumi à trouver une médiane d’entente. 138 mille personnes sont en situation de détresse dans le Pool, et de l’application de l’esprit et de la lettre du document de Kinkala dépend la survie des populations en danger dans le Pool. Enfin, ce Pool, qui est la «locomotive du Congo» comme aimait à le dire le premier généticien de l’Afrique, l’ex-président Pascal Lissouba, a besoin de cette paix pour tirer tout le Congo. Cette reprise des travaux de la commission paritaire du suivi de l’accord de Kinkala, veille au grain et sait que la décrispation n’ira pas comme sur des rails. Par rapport à avril 2016, début de la tambouille dans cette région méridionale du Congo-Brazza, on ne peut que se féliciter du chemin parcouru, et si les Ninjas Nsiloulous acceptent de jouer le jeu, c’est-à-dire sortir de la jungle et remettre leurs armes à la commission, on peut opiner et dire que l’illuminé du Pool est vraiment animé de bonnes intentions pour ce coup-ci. Il reste également, que les hommes politiques du Pool, à l’instar de Guy Parfait Kolélas ne jettent pas l’huile sur le feu, par aversion, pour le président Denis Sassou N’guesso. Plus prosaïquement, les guerriers sont fatigués et les Congolais sont blasés, conséquences de la terrible guerre civile de la fin des années 90, et n’attendent plus continuer à se charcuter et à se perforer de balles, pour la boulimie de pouvoir de gourou religieux ou d’un ‘’Papa bonheur’’.

Véritablement donc, c’est un accord à l’épreuve des calculs politiques, mais également, à celle des calculs de survie de Ntumi et ses partisans, qui se jouent actuellement avec cette reprise de l’arbre à palabre des frères congolais. Mais comme toute guerre se termine autour d’une table…UNe

Sam Chris

COMMENTAIRES

WORDPRESS: 0
Aujourd'hui au Faso

GRATUIT
VOIR