Congrès de la FIFA à Kigali : Afrique : la base arrière tout risque d’Infantino ?

Congrès de la FIFA à Kigali : Afrique : la base arrière tout risque d’Infantino ?

Les bons comptes font les bons amis, dit-on, et le moins que l’on puisse affirmer, est que le jeudi 16 mars dernier à Kigali, le congrès de la FIFA a été pour le patron de la puissante Fédération internationale de football (FIFA), Gianni Infantino, l’occasion de retourner l’ascenseur à Patrice Motsepe, le président de la Confédération africaine de football (CAF). Le caractère festif qui a d’ailleurs entouré ce raout de patrons de foot et d’anciens génies des pelouses vertes, décline à volonté, l’état d’esprit du continent qui croit détenir à travers Infantino, le messi dont il avait besoin pour éclore véritablement.

Infantino n’est en réalité pas plus populaire qu’il n’est un fin stratège. En plaçant Patrice Motsepe à la tête de la CAF, il savait qu’il obtiendrait les bonnes grâces du Sud-Africain au moment de sa réélection, d’autant plus que l’Italo-Suisse avait tout fait pour faire plaisir à Motsepe en lui promettant d’appuyer sa proposition de Super Ligue africaine, à laquelle participera le club du milliardaire sud-africain, le Mamelodi Sundown.

En août dernier, au moment du 73e congrès de la CAF, Infantino avait donné son aval définitif au lancement de cette compétition prévue pour août 2023 avec 8 clubs. Al Alhy (Egypte), l’Espérance Tunis (Tunisie), le WAC Casablanca (Maroc), le TP Mazembé (RDC), Petro Atletico (Angola), Simba SC (Tanzanie), Mamelodi Sundows (Afrique du Sud) et le Horoya AC (Guinée). L’enjeu de la victoire en finale est réhaussé par un prix de 100 millions de dollars, plus de 55 milliards de francs CFA.

Conséquence, Motsepe avait offert à Infantino ce qu’il voulait : un soutien unanime et clair de la part de toute l’Afrique. Car pour le vote du président de la FIFA, chaque fédération dispose d’une voix et les 54 fédérations africaines représentent à elles seules plus de 1/4 de l’électorat. Motsepe a joué les Managers pour l’Italo-Suisse et lui a promis les 54 voix africaines.

Le plébiscite de Kigali peut être considéré comme une reconnaissance de principe. Car Infantino n’avait aucun concurrent. Comme en 2019, il a donc été réélu sans opposition. Seul candidat à sa succession, l’Italo-Suisse a confortablement acté sa popularité. Il avait besoin de marquer le coup et de montrer sa cote d’estime sur la planète foot. Et cela passait par un carton plein obtenu, avec en prime l’assurance qu’il peut compter sur une Afrique qui lui est, pour le moment, fidèle. 

Gianni Infantino avait entamé une tournée en Afrique en 2022 pour montrer encore plus son engagement à soutenir les associations membres dans la mise en place d’infrastructures, de compétitions, de projets de développement et d’éducation. D’ailleurs, l’un des faits marquants de son parcours a été l’inauguration d’un bureau de développement régional en RDC et au Rwanda.

Alors que les autorités du football continental défendent depuis longtemps l’idée d’une augmentation du nombre d‘équipes africaines à la Coupe du monde de football, Gianni Infantino a répondu favorablement à leur demande. La FIFA a donc augmenté le nombre d’équipes nationales africaines éligibles en phase finale de Coupe du monde de la FIFA en 2026, qui passent de cinq à 9 avec la possibilité d’une 10e place.

Il faut avouer que Gianni Infantino a su se faire apprécier sur le continent. Il vient de faire passer la dotation attribuée aux fédérations de 6 millions à 8 millions de dollars sur la période allant du 1er janvier 2023 au 31 décembre 2026, soit une augmentation de plus de 30%. Naturellement, chaque pays africain a ses propres besoins et ses problèmes spécifiques : difficultés à organiser un championnat féminin, besoin de fonds pour créer un centre de formation…

Lors du dernier congrès à Kigali par exemple, les Gambiens ont demandé conseil pour accompagner au mieux leurs joueurs U20, récents finalistes de la Coupe d’Afrique. Et nul doute que chaque fédération y est allée de sa petite préoccupation spécifique, renforçant du même coup, leur vassalité individuelle et collective. Dans un contexte africain où les gouvernants ont le plus souvent d’autres urgences que les extras du football, quelques mots justes et un brin de bonne volonté ont suffi à Infantino pour faire du football africain sa base arrière la plus confortable.

Ce congrès électif qui s’est tenu au Rwanda, quatre mois après la première Coupe du monde organisée au Moyen-Orient et dans le monde arabe où une équipe africaine (Maroc) a pour la première fois atteint les demi-finales est un symbole. Il s’agit désormais de tirer profit du vent favorable porté, de bonne foi ou non, par Infantino, et surtout de prendre conscience des valeurs que le football africain a à offrir au monde…  

Hamed JUNIOR

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