Congrès unitaire du RHDP en Côte d’Ivoire : L’unification  de la division

Congrès unitaire du RHDP en Côte d’Ivoire : L’unification  de la division

Flonsflons, rappel du ban et de l’arrière ban des ouailles, ce samedi 26 janvier 2019, le stade Félix Houphouët-Boigny a vibré aux sonorités du RHDP, qui quitte son caractère de conglomérat pour devenir un parti un et indivisible ? Voire.

Les lignes sont désormais claires en République ivoirienne. Ses fils qui, hier, s’étaient donnés la main pour booter hors du pouvoir un certain Laurent Gbagbo, sont aujourd’hui presque à couteaux tirés. Et cela, à cause d’un acte juridique qui devrait sonner le rassemblement.

Mais à partir de ce 26 janvier 2019, date de constitution formelle du Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), les rangs sont désormais desserrés. On a ainsi d’un côté le RHDP composé de MFA, de l’UDPC, du RDR… mais amputé du PDCI/RDA, qui devient une seule formation en quête de garder le fauteuil présidentiel en 2020.

De l’autre, le PDCI/RDA qui a depuis longtemps mis fin à ses épousailles de raison et dont le patron n’arrête pas d’éructer contre la parole non tenue de Ouattara : celle de laisser à un candidat PDCI représenter le RHDP en 2020.

Le Sphinx de Daoukro a clairement exprimé sa désapprobation. Enfin, le président de l’Assemblée nationale a encore préféré s’éloigner des rives de la lagune Ebrié, pour ne pas assister à ce raout rhdpiste, pour des raisons évidentes : il n’est plus désiré et ses ambitions présidentielles justifient une certaine animosité qui va crescendo à mesure que 2020 s’approche. Guillaume Kigbafori Soro a formalisé sa position en brillant par son absence et Alassane Dramane Ouattara a montré ses muscles. Place donc à la reconfiguration du champ politique ivoirien et l’apparition de toutes les possibles hypothèses. Oui les cartes sont rabattues pour ne pas dire qu’elles sont mélangées en Côte d’Ivoire, avec la probable libération de Laurent Gbagbo d’ici le 1er février prochain. C’est presqu’une pré-veillée d’armée et chaque camp prône l’apaisement, le fair-play, avec comme une dague derrière le dos.

Il reste environ une année avant la présidentielle. Les coups, les tractations, les manigances jalonneront les prochains mois. Les actes forts aussi.

Le premier est sans aucun doute ce que Guillaume Soro fera de son poste de Président de l’Assemblée nationale ivoirienne. « Seigneur, apprends-nous à discerner la fonction que tu donnes à chacun », a-t-il prié ce dimanche à « stylo haut » sur sa page Facebook. Qu’est-ce que l’Esprit va donc lui susurrer ? De quitter le perchoir à l’Hémicycle comme tout le monde le murmure depuis quelques semaines ou s’y maintenir ? La première option signifiera la rupture définitive avec son allié d’hier, celui qu’il a d’une manière ou d’une autre aidé à arriver à la tête de l’Etat. Ceci pourrait ouvrir la voie à des conséquences incalculables. Or la question concernant Soro n’est plus s’il ira à cette présidentielle, mais quand est-ce il l’annoncera ?

Mais Alassane Dramane Ouattara a comme déjà balisé le terrain. Il a devancé l’iguane dans la lagune Ebrié et a prévenu qu’il sera ferme, dur contre les «prétentieux déstabilisateurs». Il affirme en outre que l’élection présidentielle se déroulera sans anicroche. On se rappelle sans doute des remous qui ont secoué l’armée ivoirienne en 2018, tirés principalement par les anciens membres des Forces nouvelles. Alassane Ouattara, en affichant cette sérénité virile, fait-il dans le bluff ou a-t-il effectivement consolidé ses bases dans l’armée ivoirienne, de façon à éviter tout hourvari aux velléités de soutien à Guillaume Kigbafori Soro ? Le terrain de l’avenir confirmera la manœuvre.

Ou alors, peut-être que Guillaume Soro, à l’image de ce militant du RHDP, envisagera de rejoindre le RHDP à la dernière minute. Dans le domaine politique, il est osé, voire prétentieux de se mettre sa main au feu, jurant qu’un homme politique ne changera pas d’avis. Au gré des intérêts, des calculs, de l’analyse d’une configuration, il ne serait pas étonnant de voir un Soro revenir dans le bercail RHDP, quoique ce sera inscrit dans les étagères réservées aux surprises et aux retournements de veste spectaculaires.

En attendant, c’est le premier scénario qui est le plus envisageable. En attendant aussi, Henri Konan Bédié est vert de colère et de défiance vis-à-vis de Alassane Dramane Ouattara. Le rapprochement avec le camp du FPI de Laurent Gbagbo a plus que jamais le vent en poupe. Les alliances jusque-là contre-nature pourraient alors voir le jour.

Enfin, Alassane Ouattara maintient le suspense quant à sa candidature ou pas en 2020. Une façon pour lui certainement de maintenir la discipline au sein de son propre camp et d’éviter de probables querelles intestines qui pourraient causer des dommages au sein de son navire déjà en proie à la furie des éléments externes. Dans ce méli-mélo de poker menteur, de suspicions, de chausses-trappes, le RHDP joue gros à commencer d’abord par le ralliement possible PDCI-FPI-Soro, ce sera un attelage difficile à contrer, par cette formation de Ouattara, car, cette triplicité sera une sorte de Blitzkrieg sans compter les probables défections du RDR, telle celle de la députée Célestine Olibe Trazeré, vice-présidente de l’Assemblée nationale qui a largué les amarres avec le RDR.

Enfin, qui sera le candidat de ce RHOP en 2020 ? Qui pour jouer le mouton à cinq (5) pattes ? Hamed Bakayoko ? Gon Coulibaly ? Ou l’affable Kablan Duncan ? Et si c’était Alassane Ouattara himself, un scénario de plus en plus dans les petits papiers du RHDP ?

Au-dessus de tout ce «spectacle», le vieux Félix Houphouet-Boigny doit certainement se tenir la joue gauche d’une main, regardant avec tristesse ses «héritiers» se déchirer depuis que le Très-Haut l’a rappelé auprès de lui en 1993. Puisse-t-il visiter leur cœur dans un de ces songes insufflés par le Tout-Puissant afin que les affres qu’ont subis les Ivoiriens en 2011 ne connaissent pas de macabres jumeaux. Ainsi soit-il.

Ahmed BAMBARA

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