A peine les émissaires de haut vol de la CEDEAO ont-ils quitté Conakry, que le CNDR annonçait les esquisses de ce que sera la Transition qui tiendra lieu d’organe dirigeant après le putsch du 5 septembre qui a évincé Alpha Condé.
Fournée de consultations au pas de charge, 2 heures par corporation socio-politique du 14 au 17 septembre prochain, au Palais du peuple : sociétés civiles, politiques, patronats, religieux, banquiers… tous auront pour vis-à-vis la junte pour tracer les contours de la charte de la Transition guinéenne. Le lieutenant-colonel Mamady Doumbouya, le chef des militaires putschistes en a donné quelques bribes lors de certaines de ses sorties, notamment devant la presse, au siège du Parlement et avec les envoyés spéciaux de la CEDEAO. Il veut une transition apaisée et un gouvernement d’union nationale. C’est dire, si on le prend au mot, qu’il veut un gouvernement intérimaire inclusif, pour diriger le pays jusqu’aux prochaines élections. Mais quelles seront les modalités de choix des membres de cette équipe ? Qui et qui feront partie ? Et ce sera dans quel prorata ?
Est-ce lui-même Doumbouya qui va arbitrer ces choix ou une équipe ad hoc qui sera mise sur pied pour cela ? Au Mali, on a vu que ce sont les militaires de l’ex-CNSP, qui ont choisi les postes qu’ils voulaient laissant la portion congrue aux politiques, religieux et autres. Idem pour le CNT commandé par Malick Diaw, l’ex-n°2 de la junte malienne.
Autant se convaincre donc que derrière la rhétorique rassérénante, et les gesticulations qui rassurent, il faudra que le lieutenant-colonel Doumbouya pose des actes qui campent bien sa phraséologie. Si les Guinéens sont sortis l’acclamer, si le principal parti de l’opposition, l’UFDG le supporte, c’est moins pour le coup d’Etat que d’avoir mis fin au 3e mandat d’Alpha. Nuance à ne pas oublier !
A lui de savoir capitaliser cette sympathie, en remettant la Guinée sur les rails de l’Etat de droit. Celui qu’il a fait tomber disait qu’il a hérité d’un non-Etat. Lui Doumbouya a sur les bras 2 Guinées divisées depuis des décennies. Il a en outre 2 prédécesseurs chez qui, il pourrait tirer des enseignements pour ne pas tomber dans les mêmes travers quasi rédhibitoires : Lassana Conté et Moussa Dadis Camara.
S’il doit annoncer un gouvernement inclusif, et donner tous les pouvoirs à ses frères d’arme, s’il doit ruser pour essayer de se présenter à la prochaine présidentielle (cas de Dadis), s’il doit balayer la maison Guinée, pour s’y installer lui-même, la pilule même enrobée sera difficilement «avalable» par ses compatriotes.
On fait crédit au lieutenant-colonel Doumbouya d’une grande intelligence, du sens des responsabilités, on espère (et avec cette charte qui va être concoctée et le gouvernement) qu’il restera sourd aux sirènes du pouvoir, aux dorures du palais de Sekoutoureya et qu’il rendra le pouvoir dans des délais raisonnables aux civils et retourner dans les casernes. Ce sera une grande œuvre utile qu’il aura rendu à la Guinée, son pays. Il entrera du coup dans l’Histoire aussi.
La REDACTION
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