«Mais, ils sont fous, ces candidats !», aurait pu s’exclamer un Gaulois bon teint en voyant le comportement des trois candidats à la présidentielle malgache. Selon les résultats partiels provisoires publiés par la commission électorale hier mercredi, Andry Rajoelina, chef de l’Etat de 2009 à 2014, est en tête avec 39,46% des votes, devant Marc Ravalomanana (36,76%) et Hery Rajaonarimampianina (7,49%).
Ils devraient donc s’estimer heureux, du moins, les deux premiers, le président Hery Rajaonarimampianina ne devant pas trouver une once de bonheur à voir qu’il est en effet poussé vers la porte de la sortie. Mais Ravalomanana et son «tombeur» de 2014 auraient pu au moins garder leurs récriminations et économiser leurs forces pour le second tour qui se profile à l’horizon.
Mais que nenni ! Trouvant des poux sur le crâne de la CENI, l’accusant de peu de transparence, de fraudes et d’irrégularités, ils ont fourbi leurs plaintes, s’inscrivant dans la tradition de nombreux pays qui veut que toute élection échappe difficilement aux contestations et aux grincements de dents grognons et boudeurs.
Qu’espéraient-ils dont en participant à ce scrutin qui s’est présenté comme ouvert et pouvant permettre à ces trois ténors de se tutoyer ? Une victoire dès le premier tour ? Ils ne peuvent décemment pas y penser, même si tous pouvaient espérer un miracle et un coup de pouce des Malgaches. Mais dans le contexte et passé de la Grande Île, aucun candidat ne pouvait prétendre remporter ces élections sans passer par la case de la décantation.
Du reste, ces tirs nourris de tous les camps sur les CENI laissent perplexe. Si Hery Rajaonarimampianina, le président sortant, caracolait à la tête des résultats partiels, l’on aurait pu penser que c’est lui tirait les ficelles. Mais il se trouve que lui-même est dans le creux de la vague et est menacé de ne pas continuer les chantiers qu’il avait commencés dans son pays. Et pour ne rien laisser dans le camp de l’étonnement, il chevauche la plainte de la mauvaise organisation de l’élection, comme si la CENI était un OVNI dans l’administration publique de Madagascar !
Il est vrai que Andry Rajoelina a été le dernier à se jeter dans la fosse des contestations. Bien positionné dans les résultats, en se ralliant aux autres dans le concert des lamentations, voudrait-il éviter que les regards suspicieux se tournent vers lui, pour le soupçonner d’être l’éventuel fauteur de troubles au sein de la Commission électorale ?
Car il faut bien qu’il y ait quelqu’un qui veuille qu’un candidat l’emporte dans ce scrutin et mélange les cartes au sein de l’institution. Le cas échéant, on se retrouvait finalement avec un accusé inexistant. On vous l’avait dit du terrible trio composé d’ex-présidents, il ne faut pas attendre de miracle côté comportement, on ne se refait pas surtout lorsqu’on a goûté au nectar du pouvoir. La seule solution est l’avènement d’une nouvelle classe politique, car la Grande île semble être l’otage de ces «ex», qui vont et viennent à leur guise via des manif. de rue, ou d’élections qui se passent souvent mal. Aller en guerre contre la CENI, ne changera rien au score de chacun et dans cette élection, aussi surveillée peut-on imaginer les fraudes dont font cas ces « ogres du pouvoir ?
Une fois de plus, les hommes politiques malgaches confirment leur particularité à travers cette élection. Mais il leur est vivement demandé de ne pas en faire trop et surtout, de ne pas mêler la vie des Malgaches assez meurtris par leur turpitude, à leur errance. Les voies de recours légales n’ont pas été inventées pour orner les roches de l’Océan Indien. Vivement donc qu’ils s’en servent !
Ahmed BAMBARA
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