Etre reçu au palais du Souverain alaouite par le maître des lieux, le roi Mohamed VI en personne est un honneur et une marque de confiance. C’est ce à quoi ont eu droit Abdoulaye Diop, Bakary Yaou Sangaré et Karamoko Jean-Marie Traoré, respectivement ministres des Affaires étrangères du Mali, du Niger et du Burkina, autrement dit de l’AES.
Officiellement, le plat de résistance de cette audience du 28 avril 2025 est l’Initiative africaine de l’Atlantique, ce projet cher au roi du Maroc. Il s’agit d’un corridor maritime de l’Atlantique supérieur qui sera ouvert aux pays du Sahel. Ce qui tombe bien, car s’il y a déjà les ports de certains voisins de l’AES, ce projet royal ne manque pas d’intérêt. Il s’agit d’étoffer les infrastructures Terre-Air-Mer pour permettre au Mali-Burkina-Niger de booster leurs trafics commerciaux. Des infrastructures qui sont déjà certes embryonnaires, mais aussi bien dotées, il ne reste plus que les connexions digitales et routières. Cette initiative lancée par M6 en novembre 2023, il s’agit d’un partenariat commercialement gagnant-gagnant, le Maroc étant le 1er investisseur en Afrique de l’Ouest. Mais, ce sera faire preuve de nanisme politique et géopolitique que de voir ce tropisme chérifien sous le seul prisme d’une relation commerciale.
La notoriété publique est faite sur le casus belli que constitue le Sahara occidental entre le Maroc et l’Algérie. Avec de plus en plus une ascendance diplomatique du 1er sur le second. Et le Maroc effectue toujours une causalité de ses rapports avec un pays par rapport à ce marqueur sensible qu’est le Sahara occidental.
La marocanité de cette terre que se la disputent le Maroc et l’Algérie embaume les relations entre le royaume chérifien et tout pays. Or, ça tombe bien, l’AES et le Maroc s’entendent parfaitement. Certes, le Mali-Burkina-Niger n’ont pas encore franchi le pas pour s’aligner sur la position marocaine, cultivant toujours cette neutralité, souvent recommandée en diplomatie.
Néanmoins, la proximité de l’AES avec le Maroc et la récente tambouille Algérie-AES font les affaires du roi M6. Lequel semble bien exploiter ce filon diplomatique. C’est connu, l’ennemi de mon ami est mon ennemi. L’AES profite du Maroc pour solder momentanément ses comptes avec l’Algérie.
Depuis fin mars et la destruction du drone malien à Tinzaouatène par l’Algérie, c’est un gel polaire qui fige dans la glace les relations entre ce pays et l’AES, or avec le Maroc aussi, ça ne va pas avec l’Algérie.
L’AES en profite via le Maroc. Et même vu sous un autre angle, on peut dire que le royaume est de nos jours dans une position confortable, dans les relations entre ces 3 pays et la France. Inexistantes quasiment, les rapports entre l’ex-Métropole et son ancien glacis sahélien pourraient connaître des frémissements par le Maroc dont le roi s’avère incontestablement être un grand médiateur.
Or, entre la France et le Maroc, c’est le grand amour, une France qui a même reconnu la marocanité du Sahara occidental, où à sejourné Macron en visite d’Etat fin octobre 2024, provoquant la colère noire d’Alger, un pays avec lequel la France a des liens historiques. Mais la diplomatie, c’est porter aussi des coups souples certes, mais qui font mal, une guerre sans fusil.
Zowenmanogo Dieudonné ZOUNGRANA
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