Côte d’Ivoire-Guinée : Opposant au pouvoir et démocratie  font-ils bon ménage?

Côte d’Ivoire-Guinée : Opposant au pouvoir et démocratie  font-ils bon ménage?

Parés de pourpre et d’hermine, leurs habits de fonction, les grands juges du Conseil constitutionnel ivoirien ont donc entériné hier 9 novembre, la réélection d’Alassane Ouattara, du 31 octobre 2020. Tous les chiffres de la CEI ont reçu quitus du président  Mamadou Koné et de ses collègues. 6 millions de votants, 94,27% pour Ouattara, 1,99% pour KKB, 1,66% pour Konan Bédié  et 0,99 pour Affi N’Guessan. Avec 53,29% de taux de participation avec 17 000 bureaux de vote qui ont fonctionnée sur 22 000.

Pour ce coup-ci et contrairement à 2015, les 2 grandes institutions en amont et en aval de l’élection ont parlé d’une voix concordante. Rien d’étonnant.

Blanc-seing donc de la juridiction suprême qui s’est appuyée sur la pratique électorale qui a fait jurisprudence. Dans la foulée, Ouattara fera une prestation télévisuelle pour appeler au calme, mais mettre en garde aussi contre les fauteurs de trouble. Affi N’Guessan est actuellement embastillé. Et sera présenté à un juge à en croire le procureur Adou Richard.

Voilà Ouattara qui a l’entièreté du pouvoir, d’ailleurs, sauf la plateforme de l’opposition agglomérée autour de Bédié du Conseil national de Transition (CNT) sauf elle, qui en doutait personne d’autre, car à observer les petits gestes de la Communauté internationale, on devinait aisément que le scrutin de fin octobre a été estampillée sous l’autorité de la chose votée, malgré le boycott actif du boycott mobilisateur, malgré les violences et les morts, malgré cette atmosphère quasi insurrectionnelle à Dabou, Daoukro, Toumodi … et la présence de l’opération «Barrissement de l’éléphant» qui aura mobilisé 35 000 policiers et gendarmes !

Ainsi comment comprendre les lettres de créances des nouveaux ambassadeurs d’Angola, d’Allemagne, de France, intervenues la semaine passée, alors que Ouattara n’avait pas reçu le feu vert des juges ? Comment interpréter le silence des capitales occidentales qui n’ont pas encore félicité le réélu, mais qui appellent tacitement à reconnaître les résultats des isoloirs ? Car quand l’ambassadeur de l’UE a twitté pour inviter l’opposition à renoncer à leur action et à reconnaître en fait Ouattara tout en négociant, c’est une reconnaissance de fait.

Un Ouattara qui au lendemain de l’élection de Joe Biden a félicité le 46e président des USA, alors que jusqu’à présent, la Communauté internationale se garde bien de la faire à son égard.

Shema identique d’ailleurs pour Alpha Condé qui a aussi été réélu dans la violence, et tous les 2 présidents ont en commun ce fétichisme du 3e mandat ! Tous les 2 ont en commun d’avoir été des opposants, d’avoir souffert dans leur chair, d’avoir perdu des proches de par leur engagement politique. Ouattara a bu la souffrance jusqu’à la lie à cause de l’ivoirité, de la xénophobie, des velléités qu’il a eu en 1993 à la mort du ‘’vieux’’. Nombreux sont ceux qui ont compati, qui l’ont défendu, qui ont pris fait et cause pour lui. Voilà que parvenu au pouvoir, il recule l’alternance, ostracise ses opposants et s’octroie un 3e mandat, dont à vrai dire, il n’en avait pas besoin pour entrer dans l’Histoire. Il avait presque endossé les habits d’Houphouët en matière de développement.

En Guinée, on ne s’explique toujours pas qu’alpha Condé, farouche opposant à Sékou Touré, et à Lassané Conté, du règne sous lequel, il a passé des années dans les donjons de Coronthie, s’accroche ainsi au pouvoir à 83 ans !

Leurs élections qui ont été suivies de celle de Biden devrait pourtant les instruire. On parie que Trump fera un peu de vague, mais que le 20 janvier 2021, Joe Biden intégrera la Maison Blanche. Ouattara et Condé ont été réélus, ils ont forcé ce 3e mandat, mais ont du même coup assommé la démocratie dans leurs pays, laquelle a du mal à respirer depuis des années, étouffées par la boulimie du pouvoir d’une classe politique, qui pense que la Guinée ou la Côte d’Ivoire sont leur propriété ! En 2012, même le grand Abdoulaye Wade au Sénégal a eu cette tentation avec son quart bloquant vite étouffée.

Les opposants parvenus au pouvoir, (à l’exception du Mohican nigérien Issoufou) trucident-ils la démocratie pour laquelle, ils ont prétendu au cours de leur traversée du désert défendre ? Oui avec ces 2 cas, et l’Afrique devrait choisir, soit opter pour les canons de la démocratie occidentale, soit, ériger les siens ! Au moins les choses seront claires !

La REDACTION

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