«Hambak, A’banan !» (Hambak, c’est fini en dioula), la nouvelle s’est vite répandue, depuis Abidjan jusqu’au Worodougou dans la communauté Koyaga surtout que déjà bien avant son évacuation de Paris à Fribourg, Dame-Rumeur viralement relayée par les réseaux sociaux distillait déjà que l’ex-Premier ministre avait rejoint ses ancêtres, mais qu’on attendait les résultats des législatives pour l’annoncer. Le plus cocasse, c’est que certains insistaient même pour dire qu’il serait décédé le 8 mars 2021, jour de son anniversaire.
En réalité, depuis la nomination de Patrick Achi, ce 9 mars comme Premier ministre intérimaire, il était certain qu’au mieux la convalescence de Hamed Bakayoko, serait longue, au pire, il ne reviendra pas vivant d’Allemagne! Le second scénario s’est avéré.
La Côte d’Ivoire pleure un de ses grands fils que les Burkinabè d’une certaine génération ont connu, également alors qu’il arpentait la faculté de médecine en 1984, d’où, il prendra le chemin du journalisme, avec Radio Nostalgie puis le quotidien Le Patriote et après, ce fut l’ascension fulgurante, aidé en cela par le couple Alassane Ouattara. Plusieurs fois ministre dont le portefeuille de la défense, puis Premier ministre, le Golden Boy ne pouvait pas rêver mieux.
Longtemps présenté comme le fils spirituel de Ouattara, ce qui était vrai pendant plusieurs années, cet amour filial s’est-il disloqué ces derniers temps ? Et puis de cette mort parlons-en :
De quoi est décédé Hamed Bakayoko ? D’un cancer a-t-on annoncé officiellement. Fulgurant du foie ? Du pancréas ? D’un empoisonnement comme ont martelé les réseaux sociaux ? Si oui, par qui ? A qui profite cette disparition ?
Sans doute, le médecin légal ne peut que mentionner sur l’acte de décès «Mort de sa maladie». Une éclipse définitive en Allemagne de l’ancien chef de gouvernement dont l’onde de choc politique et sociale sera quasiment tellurique en Côte d’Ivoire, car qu’on le veuille ou non Hambak était au cœur du pouvoir ouattaraiste, pour ne pas dire, qu’il en était un des centres névralgiques avec Tené Brahima Ouattara, le frère puiné du chef de l’Etat.
Ensuite, avant Hambak, il y a eu la mort le 8 juillet 2020, d’un autre premier ministre de Ouattara, Amadou Gon Coulibaly, son fils et alter ADO, c’est-à-dire son presque égal, tant «parce que c’était Ouattara, c’était Gon Coulibaly» pour paraphraser Montaigne. Moins d’un an après, c’est le second premier ministre que perd Ouattara, on a beau être rationnel, cartésien, quand les Parques, ces fameuses déesses de la destinée humaine coupent successivement le fil de la vie de 2 premiers ministres en l’espace de 8 mois, ça commence à tarauder les esprits. Qui plus est dans une atmosphère politique qu’on dit délétère, au sein du sérail du président, dont les proches, collaborateurs, auraient déjà commencé une danse macabre pour l’après-Ouattara.
Prétendant sérieux au fauteuil présidentiel Hambak? En tout cas si sa mort fait l’affaire de certains qui voient un redoutable adversaire de moins, elle n’arrange pas du tout le chef de l’Etat son mentor. Soit, il a toujours 2 ou 3 fidèles sur qui il peut compter, son frère utérin «Photocopie» et Patrick Achi, le dernier des Mohicans, bombardé premier intérimaire, et Adama Bictogo sans doute mais, Hambak reste celui qui recevait les coups et en donnait. Quiconque s’attaquait au RHDP, et surtout à Ouattara trouvait toujours Hambak sur son chemin. Celui qui avait un côté bling-bling, qui aimait croquer la vie à belles dents, restait aussi une muraille pour le président ivoirien. Les attaques ad hominem envers Ouattara, l’atteignaient à peine, car il y avait un amortisseur nommé Hambak, qui avait ses relations, contrôlait à ce qu’on dit une certaine frange de la jeunesse et était à Ouattara, ce qu’est Blé Goudé à Gbagbo, le côté violent un peu en moins, même s’il ne tendait pas l’autre joue ! Plus de pare-feu, plus de tamis, désormais les tirs, à défaut d’être amortis par «Photocopie», vont directement sur Ouattara. Le départ de son «fils» et «proche collaborateur» pour l’éternité fragilise donc le pouvoir Ouattara et c’est peu dire que les eaux de la lagune Ebrié n’en finissent pas de se troubler .
*Hambak est mort en dioula
La REDACTION
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