Il est facile de congédier, difficile de remanier et compliqué de remédier : c’est pourtant à cette triplicité que devra s’exercer Alassane Ouattara, le président ivoirien, qui vient de renvoyer l’équipe gouvernementale, respectant ainsi une parole donnée, en mai dernier lors du congrès du RDR après l’adoption du texte consacrant l’unification du RHDP. Par cette pichenette, Ouattara a reconduit Amadou Gon Coulibaly. En charge pour lui, de lui proposer une équipe qui sera en osmose avec la configuration des parapheurs du document du parti unifié.
Alors qui seront les appelés autour de la table du locataire du palais de Cocody ? Quelles formations politiques se rapprocheront de la mangeoire ? D’ores et déjà, certains exultent car ils se savent déjà ‘’désignés’’, car ils ont bien approuvé le texte qui doit canaliser la candidature unique à la présidentielle de 2020. Ainsi le MFA, le PIT ou l’UDPCI peuvent à présent constituer leur short liste à proposer au ‘’Lion’’ surnom de Gon Coulibaly le premier ministre. Si pour le MFA et le PIT, c’est une nouveauté, pour l’UDPCI du docteur Abdallah Mabri Toikeuse, c’est un retour car son parti était déjà dans les précédents gouvernements avant d’en être éjectés pour des questions principielles. Mais l’UDPCI n’a jamais été éloigné du RHDP loin s’en faut. Mais si ces cendrillons de la fable de la politique ivoirienne seront au gouvernement, un grand point d’interrogation plane sur la présence de l’autre poids lourd du RHDP : le PDCI.
Le débat sur l’alternance et le parti unifié entre RDR et PDCI est de notoriété publique. Bédié a toujours clamé mezza voce, qu’il y a un deal tissé entre lui et Ouattara, qui stipule que c’est au tour d’un candidat du PDCI, d’être oint en 2020 pour le RHDP. Ouattara crie que nenni. En juin dernier, c’est quasiment le clash puisque le PDCI n’a pas adhéré à ce parti unifié. Alassane Ouattara prendra-t-il le risque de faire passer à la trappe les treize ministres Pdcistes présents dans le dernier gouvernement ?
Face à la ligne du parti qui s’accommode mal de la posture de Ouattara, tout militant PDCI contacté refusera-t-il d’aller à la soupe ? Pas si sûr à cette deuxième question, car six ministres défenestrés s’étaient déjà démarqués de l’exécutif du PDCI et guignent à une scissiparité qui fera chorus derrière le parti unifié que le président Ouattara souhaite ardemment.
Les six ‘’renégats’’ seront-ils récompensés au-delà de leur espérance, en héritant de maroquins dans le nouveau gouvernement ? A ce stade, deux scénarii se présentent à Ouattara :
– distribuer les strapontins en expurgeant totalement le PDCI et décider d’aller en solitaire à l’échéance cruciale de 2020. Avec tous les risques inhérents à cette option kamikaze. Car dans cette Côte d’Ivoire de 2018 où beaucoup avance masqué, Ouattara aurait voulu pousser le PDCI dans les bras du FPI, qu’il n’agirait pas autrement, surtout que PDCI et FPI sont des alliés historiques. Le plus grand danger d’un éloignement du PDCI du cercle du pouvoir serait une probable défaite du RDR en 2020, car historiquement aucune formation politique ne peut gagner une présidentielle à elle seule.
– Le second scénario serait d’inoculer le venin de la division au PDCI en piochant dans ce grand vivier électoral en maintenant les ministres dissidents. Et en se rapprochant de l’aile qui dispute le leadership du PDCI à Bédié, notamment les jeunes têtes de turcs, genre KKB et Cie. Mais même avec ce stratagème du «diviser pour mieux régner» le parti unifié n’est pas certain de ne pas laisser ses plumes, encore moins de sortir victorieuse en 2020.
Electoralement le PDCI surplombe le RDR et la carte électorale ivoirienne le montre bien. Bédié 83 ans et Ouattara 78 ans, sont deux gros caïmans de la lagune Ebriée qui se toisent, se câlinent de temps en temps, mais dont les agendas cachés seront de plus en plus difficiles à dissimuler. Au grand dam de la CI ?.
Sam Chris
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