Sa parole était très attendue après la succession des évènements qui l’ont touchée directement. Du retour de son époux d’ex-président des geôles de la Cour pénale (CPI) après une décennie de procédure judiciaire à l’annonce du divorce qui a ébranlé toute la Côte d’Ivoire, Simone Ehivet Gbagbo s’était murée dans un silence assourdissant, laissant libre cours aux commérages. Hier mardi 6 juillet 2021, elle a rompu ce silence.
C’est une femme bien préparée pour l’exercice qui s’est exprimée via les réseaux sociaux durant 6 minutes sans évoquer le sujet du divorce qui fait des vagues au sein du Front populaire ivoirien (FPI), turlupine les esprits et tient en haleine toute la Côte d’Ivoire. Pendant son allocution, Simone Gbagbo a préféré parler politique en saluant l’œuvre du président Ouattara tout en l’invitant à poursuivre l’action pour le retour au bercail de tous les fils de la Côte d’Ivoire en exil. Restée fidèle à elle –même en matière de foi, elle ne manquera pas d’invoquer le nom de «l’assistance de l’Eternelle» pour avoir permis le retour de son époux, Laurent.
Cette sortie de la célèbre fille Abouré de Grand-Bassam est indicative. A travers ce message d’apaisement et d’espoir, Simone Gbagbo même si elle reconnaît Laurent Gbagbo comme le guide «suprême» du FPI, ne compte se laisser abattre par cette énième épreuve de la vie. Elle qui a été de tous les combats (prison, lutte pour l’avènement du multipartisme, démocratisation, crises, guerre civile…) de l’universitaire devenu président après plusieurs décennies d’opposition, ne saurait se laisser conter fleuret (pour ne pas dire politique). Sans se laisser ébranler par cette brutale annonce de divorce en instance trois jours après le retour du Woody de Mama, elle a su se mettre au-dessus du lot en prenant de la hauteur en dépit de l’amertume qui pourrait l’habiter après la décision de Laurent Koudou Gbagbo de se séparer d’elle.
C’est un truisme de dire que ce divorce n’est pas uniquement conjugal et nuptial, mais pourrait glisser sur le terrain politique. Et en femme politique avertie, Simone Gbagbo sait qu’elle pourrait être la grande perdante en cas de mauvaise manœuvre. Ainsi, en s’exprimant de la sorte, elle prend les devants pour préserver le capital confiance des milliers de militants du FPI qui ne jurent que par elle et des milliers d’Ivoiriens qui louent son courage et sa ténacité.
A présent que l’ex-détenue de la prison d’Odienné du parti s’est exprimée et a affiché sa position, on pourrait affirmer que la Côte d’Ivoire dispose d’une ambassadrice pour une véritable réconciliation des cœurs. Comme elle l’a indiqué dans son intervention, elle souhaite s’impliquer résolument dans le processus de réconciliation enclenché depuis quelques mois. La cofondatrice du FPI dit soutenir le rêve d’une nation véritablement réconciliée, développée, modernisée, hors des ethnies, des religions ou des obédiences politiques. C’est du reste, le vœu pieux de tous les Ivoiriens qui ont subi les meurtrissures de la violence politique et de la guerre civile qui a fait plus de 3 000 morts.
Davy Richard SEKONE
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