Coup d’Etat de septembre 2015 : Me Mireille Barry jette l’anathème sur la grande muette

Coup d’Etat de septembre 2015 : Me Mireille Barry jette l’anathème sur la grande muette

Le procès du putsch manqué du 16 septembre 2015 bat son plein à la salle des banquets de Ouaga 2000, faisant office de tribunal militaire avec les plaidoiries de la défense. Hier mercredi 10 juillet 2019, ce sont les avocats du colonel major Boureima Kiéré qui se son succédé à la barre pour demander son acquittement. Me Barry dans sa plaidoirie accuse l’armée d’être restée indifférente face aux évènements du 16 septembre et jours suivants. Pour elle, s’il y a eu coup d’Etat, c’est parce que l’armée l’a bien voulue. 

Acquittement pur et simple pour le colonel major Boureima Kiéré. C’est ce que le conseil de l’accusé composé de Me Mireille Barry, de Me Dieudonné Bonkoungou et de Me Michel Traoré a plaidé. Me Mireille Barry a rappelé le contexte qui a occasionné le putsch manqué du 16 septembre 2015. Selon elle, ce procès a permis de percer les mystères des compromissions faites à partir de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014. « C’est le prix de ces compromissions, de ces supercheries qui ont conduit aux évènements du 16 septembre et jours suivants », a-t-elle dit. Pour étayer son propos elle cite l’éditorial de 1993 du journaliste Norbert Zongo qui stipule que tous les peuples méritent leur régime et par conséquent, toutes compromissions se payent. Et selon elle, ce sont les compromissions des 30 et 31 octobre qui ont entraîné les évènements du 16 septembre et jours suivants.

Aucune charge contre le colonel major

 Son confrère Me Bonkoungou va plus épiloguer sur la brillante carrière de l’accusé et démontrer par A+B que celui-ci  est innocent. A l’entendre, les enquêtes doivent être menées de façon individuelle et impartiale. Ce que l’homme de droit ne constate point. Sur quoi le parquet se base pour dire que les éléments du RSP ont utilisé des balles réelles pour tirer sur la population ? S’interroge Me Bonkoungou. Ce dernier estime qu’il n’y a pas eu de volonté criminelle. Et si c’était le cas, que le ministère public le démontre. Par ailleurs, Il a indiqué que le parquet refuse de voir la réalité en face. Car celui-ci se base sur des préjugées pour rassembler des éléments de preuve. «La foule n’était pas toujours à main nue et n’était pas pacifique», a souligné l’avocat. Pour lui, la foule a commis des violences qui ne dit pas son nom. Par exemple explique l’avocat,  la maison de son client a été saccagée et sa famille menacée de mort. «Le parquet nous laisse croire que les éléments du RSP sont sortis pour tirer sur la foule. Il doit le prouver à défaut, aucune infraction ne doit être retenue contre mon client», s’indigne Me Bonkoungou. Il va plus loin en disant que le procureur militaire passe par des raccourcis de l’amalgame, c’est pourquoi, il ne peut pas établir la volonté criminelle. «Dans cette salle si Me Bonkoungou tire des coups  de feu en l’air et quelqu’un qui est plus loin de la salle est touché, on ne peut pas me poursuivre pour coups et blessures volontaires», a-t-il illustré. Il souligne que le parquet veut contraindre le président du tribunal à juger, sans pour autant lui dire ce qu’il doit juger. Dans sa plaidoirie, Me Bonkoungou affirme que le colonel major Boureima Kiéré est aussi innocent au même titre que le général Zagré et le colonel major Théodore Palé, Puisque selon lui, aucune charge n’est retenue contre eux.

La responsabilité de l’armée dans le coup d’Etat

Me Barry reprend la parole et cette fois ci, jette l’anathème sur la grande muette. Pour elle s’il y a eu coup d’Etat et des morts, c’est parce que tout simplement l’armée n’a pas pris ses responsabilités. « Elle n’a fait aucun communiqué pour dire qu’elle ne fait pas partie du coup d’Etat », a-t-elle fait savoir. A l’entendre si l’armée avait courageusement dit qu’elle était contre le coup d’Etat, « on en serait pas arrivé à là ». Et donc poursuit-elle, celui (Boureima Kiéré) qui a eu le courage de faire correctement son travail, en voulant rétablir l’ordre et éviter le chaos, s’il ne doit pas être félicité ne mérite pas non plus qu’on lui punisse. En rappel, le colonel major a porté assistance à des personnalités comme Michel Kafando, Roch Marc Christian Kaboré, Safiatou Lopez et bien d’autres. Et Me Michel Traoré d’enfoncer le clou : « La hiérarchie militaire n’a pas joué son rôle et il y aura d’autres 16 septembre si les choses continuent ainsi ». Appelé à la barre, l’accusé a déploré ce qui s’est passé le 16 septembre et jours suivants et par conséquent, a souhaité que l’armée ne se mêle plus de la politique.

Omar SALIA

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