Coup d’Etat en Guinée, deux jours après : Pourvu que perdure ce parfum de sincérité qui se dégage de Doumbouya

Coup d’Etat en Guinée, deux jours après : Pourvu que perdure ce parfum de sincérité qui se dégage de Doumbouya

Décidément, les forces spéciales guinéennes désormais maîtres de la Guinée depuis ce 5 septembre savent appuyer là où ça ne fait pas mal, et surtout, pour atteindre leurs objectifs.

C’est-à-dire dérider une capitale et ses environs constipés et apeurés dans un quasi univers orwellien. Et quoi de plus normal, si l’on veut s’attirer les applaudissements et les amours des populations guinéennes que de démanteler ce qu’elles avaient en hantise et en horreur ! On comprend mieux donc ces coups de pelle et de pagaie sur les fameux PA, les postes avancés, ces hangars en treillis desquels partaient les escouades militaires, gendarmes et policières qui cassaient du manifestant sous le président Alpha condé. Assurément, les habitants de Hamdalaye à Bambéto en passant par Cosa ou ces quasi cheick-point jalonnaient les routes, ont raison d’applaudir et sortir un «V» de satisfaction à l’endroit du lieutenant-colonel Doumbouya et ses frères d’armes pour les avoir débarrasser de ces vestiges de répression et de violences.

Quel autre gage de bonne volonté et surtout, d’avancée politique que d’annoncer la libération des militants du FNDC, qui avaient été vigoureusement embastillés sous le «règne» du «Professeur». Pour se faire accepter, il faut certainement diminuer le nombre d’ennemis ou, en tout cas, la population de mécontents et de colériques qui pourraient faire écumer des vagues déferlantes sur ce jeune coup d’Etat. Ouvrir les donjons du régime déchu, 79 ont déjà été élargis flétrir le régime d’Alpha Condé, en prenant le contre-pied de tout ce qu’il faisait bref, une «décondéisation», c’est à cela que s’est attelé le colonel Mamady Doumbouya depuis 48 heures.

Enfin, des formules chocs et lapidaires, des promesses, quelques discours bien sentis, bien anglés et  tuant verbalement la «démagogie», la «mal gouvernance» et la «déliquescence» des institutions démocratiques viendront bien enrober cet arrêt brutal à la progression normale de la démocratie, démocratie rafistolée avec les fils du Professeur Condé, certes, mais démocratie tout de même !

Est-ce vraiment la réalité ? Sont-ce réellement des motivations sincères qui se cachent derrière les lunettes fumées du colonel putschiste ? Peut-être. En effet depuis ces 96 heures, il se dégage un air de sincérité sur les vagues soulevées par les forces spéciales qui ont perpétré ce coup d’Etat. Le colonel Doumbouya, haut de ses presque 2 mètres inspire confiance, il n’est ni Lassana Conté, ni Dadis Camara, il est certes un militaire, mais pour le moment, il y a un zeste de Rawlingsmania, ou un peu du ATT chez lui. Seule la suite situera le reste. Va-t-on vers une légitimation de leurs actes ? Les regards sont en tout cas braqués sur le comportement de ces hommes en treillis et masqués jusqu’aux oreilles.

En fait quelle transition proposera le colonel Doumbouya ?

On attend de voir qu’est-ce qui sera mis dans la marmite de la vaste  consultation nationale annoncée et le gouvernement d’union qui est en gestation. Qui sera appelé ? Toutes les composantes de la société guinéenne seront-elles représentées ? On a vu le patron de l’UFDG, Cellou Dalein Diallo, donner d’une voix favorable pour les forces spéciales. Une éventuelle entrée au gouvernement de l’opposant n°1 est-elle envisageable ? Ce n’est pas exclu.

Quelle sera la place du FNDC dans cette équipe intérimaire qui doit cornaquer le pays jusqu’à la gare des élections ? Va-t-on associer le RPG-arc-en-ciel du président déchu ?

On s’interroge aussi sur les ambitions personnelles du meneur des putschistes. Assistera-t-on à un Doumbouya qui fera choir le treillis moucheté pour un costume de présidentiable ? Dadis Camara avait eu les mêmes velléités vite écourtées par son aide de camp, Toumba Diakité. Mais le colonel Doumbouya n’est pas Dadis. Pas certain donc ce que ce soit ce scénario qui soit dans sa tête, car le lieutenant-colonel semble être pragmatique et a les godasses fermement ancrées au sol. Dans tous les  cas, les prochains mois dévoileront les véritables intentions de celui pour lequel ne tarissaient pas d’éloges Alpha Condé lors d’une interview en mars 2021.

Ahmed BAMBARA

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