Hier après-midi, la 22e édition de la Coupe du monde a entamé la dernière journée du premier tour de la compétition, avec les oppositions simultanées Equateur-Sénégal et Pays-Bas-Qatar. Première nation africaine à se présenter aux portes des 8es de finale, le Sénégal qui avait son destin en main n’a pas déçu. Tel un dernier train qu’il ne faut manquer sous aucun prétexte, les Lions de la Teranga ont sauté dans le bon wagon, dès la 44e minute, avec l’ouverture du score par Ismaila Sarr, sur un penalty Neymarisé.
Dans ce groupe (Qatar, Equateur, Pays-Bas, Sénégal) largement à sa portée, seuls les parieurs audacieux, ont misé sur une déchéance du roi d’Afrique en titre, même si l’égalisation (67e minute) de l’Equateur a laissé planer une légère brise de doute. Elle n’aura duré que 2 petites minutes, puisqu’à la 70e minute, le capitaine Kalidou Koulibaly souscrivait une unité d’avance en faveur des siens.
Quatre fois mondialiste avec un 8e de finale perdue devant l’Angleterre en 2006, la sélection de l’Equateur, sans être une artillerie lourde, est loin d’un néophyte qu’il suffirait de dresser la crinière pour impressionner. De toute évidence, les Lions s’en sont bien vite rendus compte en concédant l’égalisation. A découvert avec un but d’avance sur un adversaire qui ne manquait pas d’insolence juvénile, les dernières minutes ont véritablement été époustouflantes. Il a fallu serrer les dents pour garder son statut de favori. Mode d’emploi chez les supporters : avoir le cœur bien accroché ou s’assurer que les pacemakers tiendront le coup.
L’Afrique et les contrées sénégalaises les plus profondes ont forcément dégusté ce but libérateur du colosse défenseur Kalidou Koulibaly, qui n’est pas sans rappeler ceux de Lilian Thuram ou de Laurent Blanc, mais c’est sans doute après le coup de sifflet finale que les rues de Dakar, Tambacounda ou Rufisque ont validé la qualification, tant l’intensité de la rencontre imposait la retenue.
Vingt ans après avoir goûté aux délices d’un 8e de finale de Coupe du monde, les Lions de la Teranga marquent leur retour à l’abreuvoir, avec une soif non dissimulée. Cette première phase passée sans trop d’encombre malgré quelques sueurs froides, tout devient possible. Les garçons du sélectionneur Aliou Cissé qui ont certainement appris au cours de trois matchs de poule, à faire la différence entre l’ombre et la proie, vont aborder ces chalenges de quitte ou double avec plus d’odorat et de flaire.
Donné favori par les bookmakers du continent africain, il faut reconnaître que les Lions, privés de Sadio Mané en raison d’une blessure, ne parviennent pas à développer l’instinct de chasse qui était le leur à la dernière Coupe d’Afrique des nations. Paradoxalement, cette absence de marque a créé une valeur ajoutée au groupe, d’autant plus que visiblement, chaque lion se sent investi d’une mission de fauve dévorante. La preuve, le Sénégal compte 5 buts pour autant d’auteurs. Boulaye Dia, Famara Diédhiou, Bamba Dieng, Ismaila Sarr et Kalidou Koulibaly y sont allés tour à tour de leurs coups de pattes indélébiles. En un mot, le danger peut venir de partout.
Si cette force de frappe offensive peut argumenter un avantage non négligeable, elle peut s’avérer improductive dans les matchs étriqués où la nécessité de disposer d’un élément transcendant, capable de prendre le jeu à son compte est impératif. Mané absent, le Sénégal a perdu cet atout majeur. Sauf qu’à voir les uns et les autres se démêler sur les pelouses tels des lions affamés, on aurait dit que chacun d’eux s’est investi une portion de force sadio-manéenne. C’est sans doute cela la force de cette sélection sénégalaise qui comble ainsi la perte de sa force individuelle par une force collective. Les Lions de la Teranga symbolisent avec fierté, l’ADN de la force familiale africaine !
Sans surprise, les Pays-Bas (7 points) et le Sénégal (6 points), ont composté leurs tickets qualificatifs pour les 8es de finale, avec au passage, un record établi par le sélectionneur Louis Van Gaal. Il n’a perdu aucune rencontre (10 matchs, 7 victoires, 3 nuls) en Coupe du monde. Les Qataris eux, retournent à leurs journées paisibles de thé chaud. L’aventure prend fin, sans relief ni vague, pas même un petit vent, capable de décoiffer une chéchia. Ils quittent la compétition comme ils l’ont abordé. 0 victoire, 0 nul, 0 point. De quoi ajouter à la buanderie malodorante de ce mondial, un linge à nettoyer au détergeant.
Hamed JUNIOR
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