Cour constitutionnelle malienne : Les 9 grands juges seraient-ils  corrompus?

Cour constitutionnelle malienne : Les 9 grands juges seraient-ils  corrompus?

Malgré la régularité des pluies hivernales qui entretiennent la douceur du pays Manding, les Maliens sentent la tension monter crescendo. Hier mercredi 1er août, 18 candidats réunis autour du Chef de file de l’Opposition, ont chargé la Cour constitutionnelle. C’était lors d’un point de presse, à la Maison de la presse de Bamako. Soumaïla Cissé et 17 autres candidats accusent la Cour constitutionnelle d’être stipendiée par le pouvoir. les 9 grands juges maliens ont-ils été achetés ? L’opposition le croit. Il n’en fallait pas plus pour que cette haute juridiction se fende d’un communiqué refutant toutes ces allégations.

Réunis autour du Chef de file de l’Opposition, Soumaïla Cissé, 18 candidats ont décidé d’unir leurs forces pour dénoncer ce qu’ils considèrent comme un manquement grave de la Cour constitutionnelle. Dans une salle surchauffée de la Maison de la presse de Bamako où journalistes et militants ont dû jouer des coudes pour ne rien rater, on notait la présence de Mohamed Ali Bathily, Soumaïla Cissé et bien d’autres candidats ou représentants de candidats. 14 au départ, la coalition s’est vite retrouvée avec 18 candidats dont Cheick Modibo Diarra (absent de la salle, il se serait démarqué de la déclaration quelques heures plus tard), Aliou Diallo, Oumar Mariko, Mountaga Tall, Choguel Kokalla Maïga, Djénéba N’diaye, Dramane Dembélé…

Par moments transformé en meeting (ce qui a valu le mécontentement de biens de journalistes qui n’ont pas manqué de menacer de quitter la salle), Mohamed Ali Bathily a campé ainsi la situation : «une corde semble avoir été préparée pour nos cous, charge à la Cour constitutionnelle de nous pendre».

Principal animateur de la conférence, Mohamed Bathily est revenu sur la rencontre que l’Opposition a eu avec le premier ministre, le 28 juillet dernier. Cette rencontre avait trait au fichier électoral et l’Opposition constate «qu’à ce jour, il n’y a l’objet d’aucune évaluation». Dans les colonnes de certains journaux et sur les réseaux sociaux, de graves soupçons de corruption ont été formulés à l’encontre de la Cour constitutionnelle, et «cela n’a fait, relève Bathyli, l’objet d’aucun démenti, alors même que Mme la présidente de ladite Cour est longuement intervenue, le 30 juillet 2018, sur les antennes d’une radio locale».

Au nombre des griefs, le communiqué produit par la coalition des 18 candidats note également avoir constaté de graves et multiples anomalies qui ont émaillé le processus électoral sur le territoire national, aussi bien avant, que pendant le scrutin du 29 juillet. C’est entre autres, l’utilisation abusive des moyens de l’Etat par le candidat-président, le «retrait massif de cartes d’électeur par des personnes non titulaires et non habilitées, la corruption et l’achat du vote des électeurs à ciel ouvert, le bourrage d’urnes et l’attribution de résultats fantaisistes à des candidats, l’absence des cartes d’électeur non distribuées dans de nombreux bureaux de vote, en violation de la loi électorale, l’utilisation frauduleuse de certaines cartes d’électeur non retirées, le non affichage des listes électorales devant certains bureaux, l’utilisation illégale de procurations dans certains bureaux de vote». Elle relève également que dans les nombreuses localités où l’élection n’a pas pu se tenir restent encore «imprécises en termes d’électeurs et de communes concernés»

Fort de tout cela, les 18 candidats exigent «une évaluation de la mise en œuvre des mesures annoncées lors de la rencontre entre les candidats et le premier ministre le 28 juillet 2018, la publication de tous les résultats bureau de vote par bureau de vote, la publication du nombre de procurations utilisées par bureau de vote». En outre, par rapport aux soupçons de corruption, ils exigent non seulement que la Cour constitutionnelle fasse un démenti, mais qu’elle ouvre une enquête judiciaire pour situer les responsabilités. Pour plus de transparence, la coalition de candidats exigent également «la publication de la liste détaillée des localités et des bureaux de vote ou l’élection n’a pas pu se tenir le 28 juillet 2018», non sans prévenir qu’elle n’acceptera pas les résultats entachés par les irrégularités énoncées.

Si au stade actuel, ces partis politiques semblent avoir le même objectif, il n’est en réalité que conjoncturel. Rien ne dit que Soumaïla Cissé aura le même soutien en cas de deuxième tour. D’ailleurs, la coalition CMD (Cheick Modibo Diarra) vient de déclarer qu’elle ne se reconnaît pas à travers le communiqué produit par le Chef de file de l’Opposition et ses alliés de circonstance. Pourtant, il a bel et bien été cité comme signataire. Une impasse qui semble être la chose la mieux partagée à l’heure actuelle chez nos voisins. Un membre du bureau de campagne du candidat IBK (il a souhaité garder l’anonymat), nous a confié hier en début d’après-midi, que son staff détient les résultats qui prouvent que le président sortant a été réélu dès le premier tour. «Mais vu la situation sociale, et dans le souci de faire baisser la tension, l’option que nous acceptions d’aller au second tour n’est pas exclu». C’est à ne plus rien comprendre !

Hamed junior à Bamako

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