Crise au Sénégal, retrait des pays de l’AES : les chefs de diplomatie de la CEDEAO réunis d’urgence

Crise au Sénégal, retrait des pays de l’AES : les chefs de diplomatie de la CEDEAO réunis d’urgence

Hier jeudi 8 février 2024, la CEDEAO s’est réunie en urgence à Abuja, au Nigeria, pour se pencher sur les foyers de tensions dans la sous-région. C’est dans un climat de forte tension que les ministres des Affaires étrangères des pays membres de la CEDEAO se sont retrouvés à Abuja. A la décision du Burkina Faso, du Mali et du Niger de quitter l’organisation, s’est en effet ajoutée la crise sénégalaise.

La décision du président Macky Sall de repousser les élections et donc de rester au pouvoir encore quelques mois passe mal auprès d’une partie de l’opinion publique sénégalaise. Le retrait du Niger, du Mali et du Burkina de la CEDEAO et ses conséquences. Mardi, la CEDEAO a demandé au Sénégal, réputé jusqu’à présent comme étant l’un des bons élèves de l’organisation, de rétablir «de toute urgence» le calendrier de la présidentielle. Et à Abuja, le sujet a aussi été évoqué. Omar Alieu Touray, le président de la Commission de la CEDEAO, n’a pas dissimulé son inquiétude. «Alors que nous attendions et espérions voir davantage de progrès dans les pays en transition en termes d’élections prévues pour cette année, nous nous retrouvons confrontés à davantage de problèmes qui ont été aggravés par divers facteurs», a-t-il déploré.

Omar Alieu Touray a par ailleurs indiqué qu’un «autre développement inquiétant est apparu en République du Sénégal. Ces événements qui se déroulent dans la région posent des défis qui risquent de menacer la stabilité de nos pays», a-t-il mis en garde. Car c’est la réputation de l’organisation régionale, vieille de près de 50 ans, qui est en jeu.

Avant la crise au Sénégal, la CEDEAO devait déjà faire face, notamment, à la décision du Burkina Faso, du Niger et du Mali de quitter la communauté économique. Aujourd’hui, lors de la réunion, le ministre des Affaires étrangères du Nigeria, Yusuf Maitama Tuggar, a assuré que la CEDEAO travaillait sur le dossier. «Nous allons poursuivre les efforts pour que Dieu fasse qu’ils restent membres de la CEDEAO, c’est notre souhait et pour cela, nous allons nous servir de la diplomatie», a-t-il indiqué.

Alors qu’elle est décriée par une partie de l’opinion publique en Afrique de l’Ouest, la CEDEAO apparaît comme une organisation en crise, dont l’avenir est menacé. Selon l’expert en gouvernance Dany Ayida qui s’est exprimé sur la DW,  la CEDEAO est d’abord une institution dont les processus et les procédures décisionnelles sont complexes. Il y a aussi le fait que la plupart des dirigeants de la sous-région ne respectent pas toujours les règles de droit dans leur propre pays. Il faut donc des réformes. «Ce qu’il faut faire, c’est tirer les conclusions et faire en sorte que des réformes au niveau institutionnel puissent permettre à cette organisation sous-régionale, si tant est que l’intégration reste la motivation majeure, eh bien de tirer les conclusions de ses incapacités, de ses fragilités. Et si elle veut se reconnaître le droit de s’impliquer dans la gestion des situations en lien avec la politique interne des Etats, de les résoudre durablement, en mettant en place des mécanismes, en donnant des prérogatives réelles à ces institutions et aussi en respectant les textes que la CEDEAO s’est donnés», recommande Dany Ayida.

Il faut noter tout de même que la CEDEAO peut toujours compter sur les poids lourds économiques de la sous-région comme le Nigeria, la Côte d’Ivoire ou encore le Sénégal, même si ce dernier traverse actuellement une crise.

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