Crise politique au Mali : Deux «non» qui creusent l’enlisement

Crise politique au Mali : Deux «non» qui creusent l’enlisement

Pourquoi lors de son 1er mandat, IBK a usé 5 premiers ministres, soit en moyenne 1 chef de gouvernement par an, et refuse actuellement de se séparer de l’actuel Boubou Cissé ? Question à un fauteuil de la colline de Koulouba.

Hier l’imam Dicko, a encore réitéré la revendication centrale du M5-RFP, celle du départ non négociable de Boubou Cissé, et le choix de son remplaçant par son mouvement qui dirigera une équipe d’union nationale. Evidemment, à la suite d’IBK, son patron qui l’avait signifié lors du séjour des 5 médiateurs de luxe, Boubou Cissé a opposé une fin de non-recevoir à sa défenestration. 

Concomitamment à cette sortie du M5-RFP, les 30 députés sur les 31 Tambiné ( l’occupant du perchoir s’était fait porté absent ) dont l’élection est sujette à caution ont donné de la voix, une voix discordante à la posture de la CEDEAO qui a recommandé des législatives partielles pour remplacer lesdits députés.

Deux «non» donc qui creusent davantage l’enlisement. Car si les chefs d’Etat lors de la visioconférence ont fait leurs, les décisions de Goodluck Jonathan, le départ d’IBK a été le rubicond non franchi. En rejetant les menaces et oukases  de la CEDEAO, et en s’en tenant à sa position de départ le M5 reste fidèle à lui-même :

– Soit IBK accepte de partir

– Soit c’est Boubou Cissé, son premier ministre, qui passe à la trappe, auquel succèdera un autre «fort» qui aura des prérogatives présidentielles, et qui relèguera IBK à brasser les moulinets.

Dans les deux cas de figure, c’est Kif-kif, IBK perd, et c’est en fait le M5 qui sera au gouvernail. Une perspective que ne veut entendre ni la CEDEAO, encore moins IBK himself, qui a eu la dent dure contre l’imam Mahmoud Dicko, traité «d’arrogant et de putschiste».

C’est désormais un cul de sac politique qui se rétrécit au Mali, car on voit mal comment les choses s’amélioreront. On est enclin à cultiver le pessimisme d’autant qu’on est plus qu’ à 96 heures de la fin de la trêve de la Tabaski  et bonjour les manifestations citoyennes, enrobées dans l’euphémisme de «désobéissance civile». Un bras de fer pouvoir-M5-RFPdont l’issue ne peut se faire qu’avec un durcissement de part et d’autre et IBK qui est au pouvoir à tout à perdre de cette guerre qui ne pourra pas demeurée en l’état.

Il faut avoir peur maintenant pour l’ex-Soudan français qui déjà affaibli par les coups de boutoirs des terroristes, pourrait basculer dans une sorte de théâtre kafkaïen. A moins que le rapport de force ne balance d’un côté soit du M5, qui devra se trouver un dirigeant consensuel, soit IBK qui reprendra la main mais devra gérer un mandat pourri jusqu’à la fin. Ou encore, et on ne cessera de le dire, ou alors l’armée qui reste tranquille pour le moment, décide d’arbitrer. Oui les coups d’Etat ne sont plus à la mode, mais seulement jusqu’à un certain degré de chienlit.  Car c’est le seul corps qui peut encore imposer un semblant d’autorité, tenir une transition et organiser des élections. Un remake ATT est en gestation au Mali, si rien n’est fait.

Pélagie OUEDRAOGO

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