Cyril Ramaphosa, porté à la tête de l’ANC  : Rédemption et défis  pour  un «historique»

Cyril Ramaphosa, porté à la tête de l’ANC : Rédemption et défis  pour  un «historique»

Victoire dans un mouchoir de poche, mais victoire tout de même pour Cyril Ramaphosa, qui remporte le scrutin au poste de président de l’ANC par une différence de 179 voix, contre sa rivale, Nkosazana Dlamini Zuma.

Par 2 440 contre 2 261, le vice-président sud-africain succède ainsi au président Jacob Zuma, et devient de facto le candidat naturel de l’ANC à la présidentielle de 2019. C’est une rédemption pour l’enfant de Soweto, qui aura vu des vertes et des pas mûrs dans son itinéraire politique et syndical. De ses fréquents séjours en prison pour «terrorisme» dans les années 80, à la claque électorale de 1997 lorsque l’ANC préfèra Thabo M’beki comme son champion, à son détriment, lui «l’un des plus doués de sa génération» selon Madiba en passant par ses luttes syndicales au sein de la NUM le syndical national des mineurs, Cyril Ramaphosa aura parcouru son chemin de croix qui aura duré deux décennies avant ce Saint-Graal d’hier, même si être le champion de l’ANC dans l’existant politique actuel n’est plus forcément synonyme d’un sésame-ouvre toi pour la présidence. Reste qu’avec ce choix, l’ANC remet en selle, une personnalité qui avait même fui la politique et ses chausse-trapes pour se consacrer aux affaires. Du business, qui lui réussira, puisque muni de semblables mains de Midas, il est de nos jours un des Crésus de la Nation arc-en-ciel. Heureux en affaires ! Heureux en politique pour Ramaphosa! Depuis hier 18 décembre, on peut l’affirmer, sous inventaire des échéances de 2019. Ce qui amène à la question basique : que fera Matamela Cyril Ramaphosa de cette victoire ? Bien sûr, il y a les lointaines et prochaines élections de 2019, que l’ANC devra gagner, défi majeur pour le nouveau patron de l’ANC. Mais avant les joutes électorales, il y a d’abord, l’ANC, qu’il devra manager, lui qui débute avec un handicap insigne, puisqu’il est lesté par trois proches de sa rivale, Dlamini Zuma, notamment aux postes de vice-président, de secrétaire général et de trésorier général. Par exemple, le vice-président David Mabusa ne fait pas mystère de sa volonté de s’opposer à certaines initiatives de Ramaphosa. ça promet ! Autrement dit, Ramaphosa devra manager les susceptibilités au sein de l’équipe décisionnelle de l’ANC, dont 3 sur 6 lui donneront du fil à retordre.

L’autre chantier titanesque demeure l’unification du parti, dont les menaces scissipares sont visibles tel un nez crasseux sur un visage propre. Lui, le néolibéral, réformateur économique indécrottable, devra convaincre l’aile gauche et surtout nationaliste, dont un certain Jacob Zuma qui bien que rejoignant «les vétérans» de l’ANC, aura de l’ascendance sur le parti. A la vérité, si Cyril Ramaphosa a vaincu Zuma par procuration via son ex-épouse, il devra pourtant composer avec Jacob, dont la capacité de nuisance restera intact, d’ici 2019. Son oral avant de quitter la scène, indique bien, qu’il n’entend pas couler seul, et surtout il a lancé un avertissement à peu de frais à tous ceux qui grenouillent pour l’humilier.

La loi d’airain valable depuis 1994 qui veut que le porte-étendard de l’ANC, soit sauf tsunami politique, le président sud –africain, n’en est plus une, car Jacob Zuma, qui sentait le souffre, les dernières années de son second mandat, aura contribué à décrédibiliser, un ANC, qui a même cédé certains de ses fiefs à l’Opposition lors des élections municipales.

Rassembler la grande famille ANC en bon père, gérer les humeurs de tous ceux qui ne sont pas en osmose avec sa politique, et gagner les élections de 2019, notamment au parlement et la présidence, ce sont là les défis qui attendent le syndicaliste roué, l’ex-dauphin de Nelson Mandela qui personnellement rongea son frein depuis 1997, dans l’attente de ce mandat suprême. Pourra-t-il transformer cette session de rattrapage distante de 20 ans de la première en réalité, et confirmer  l’équation que président de l’ANC= président de l’Afrique du Sud ?

A lui de puiser dans ses qualités intrinsèques, et nul doute que ses réflexes de militant «historique» ses relais et réseaux et sa fortune (il pèse 378 millions d’Euros selon le magazine Forbes)  ne seront pas de trop, en ces moments, où il joue, la dernière partie de saynète de sa vie politique pour ne pas dire de sa vie tout court.

Sam Chris

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