C’est le sénateur Christian Cambon qui avait déjà donné le tempo il y a 48 heures sur les ondes de RFI, en déclarant clairement, qu’un départ de Barkhane des dunes de sables du Sahel, serait une «fausse bonne solution». Pour lui, il faudra trouver une solution politique et économique via des investissements plus conséquents de l’AFD au Sahel. Et si la France veut éviter l’enlisement ou de paraître comme une force d’occupation, il lui faudra concourir à la stabilité de l’Afrique.
Hier, Barkhane était le plat de résistance des sénateurs, qui ont conféré à une demande de la Commission des affaires étrangères et de la défense de cette haute chambre. Repoussée à plusieurs reprises, le gouvernement français y a accédé et c’est la ministre des Armées Florence Parly et celui des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian qui étaient face aux sénateurs.
De ce jeu de questions-réponses gouvernement-sénateurs, on peut retenir, que «Barkhane n’est pas éternelle au Sahel» verbatim de la ministre Parly, qui ajoutera d’ailleurs en substance, que les modalités de l’intervention française au Sahel évoluent. Une posture qui n’est pas nouvelle, vu qu’au sommet de Pau, 600 hommes sont venus porter le nombre de Barkhane à 5 100. Un an après et sous la bronca d’une opinion publique française de plus en plus réfractaire à cette OPEX sahélienne (51%), il est question d’un allègement de ce corps expéditionnaire, comme l’a du reste laissé entendre Emmanuel Macron en personne, à Brest, lors des vœux du nouvel An à l’armée.
Les sénateurs selon leur coloration sont divisés sur la question. Si le PS est dubitatif, la Droite est contre, et les «marcheurs» sont pour une solution médiane.
«Évolution du mode d’intervention» ne peut signifier que de nombreuses options restent sur la table. Sans doute, faut-il bien tendre l’oreille vers Jean-Yves Le Drian, qui a évoqué 2 solutions ou plutôt, ce qu’il a nommé «2 sursauts pour sauver le Sahel et les autres pays du Golf de Guinée» :
– Le sursaut militaire d’abord : le locataire du Quai d’Orsay, s’il n’affirme pas de go, que les soldats tricolores partiront, il signifie qu’à terme, il faudra que le Sahel puisse prendre sa sécurité en main. Dit autrement, il faudra que les armées nationales puissent être aptes à défaire les katibas qui tuent, font des rapts et ensanglantent le Sahel, sans Barkhane, ni Takuba.
– Le sursaut politique et diplomatique : Jean-Yves Le Drian même dans cette logorrhée enrobée, souhaite que la gouvernance change, il l’a dit le 24 octobre dernier à Bamako, cette gouvernance doit être plus vertueuse, marquée par un leadership très affirmé, un cap, et une stratégie. C’est ce qui a manqué au Mali et qui a valu le pronunciamiento du colonel Goïta et ses frères putschistes.
Diplomatiquement, Le Drian avance, qu’il faudra compter avec l’Algérie et le Maroc par un renforcement de la coopération mais aussi la Libye.
On l’aura constaté, les sénateurs n’ont pas tranché le nœud gordien. Barkhane restera pour le moment au Sahel et on en saura plus ces 15-16 février à l’issue du sommet de Ndjamena. Mais la problématique est là, dans les têtes et sur le terrain et qu’attisent des rivaux de la France : Barkhane doit-elle rester au Sahel ? Que décidera Ndjamena ? Entériner le départ des 600 soldats ? Leur totalité et dans combien
de temps ? Le surseoir ? Le 15 février, c’est dans 5 jours …
Zowenmanogo ZOUNGRANA
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