Idriss Déy a été com’chef d’Hissène Habré dans les années 80. Il a fait le coup de feu contre les soldats et supplétifs de Kadhafi, contre les Soudanais, contre ses rebelles dans ce vaste Tibesti qu’il connait à merveille. La guerre, c’est son bol de lait car souvent aussi son opposition armée et les rebelles ne lui laissent guère le choix, eux qui menacent parfois même de prendre sa place.
Hauts faits d’arme, il les a, courageux, les Tchadiens le lui reconnaissent avec le dernier acte de bravoure en date du 31 mars au 8 avril 2020 avec l’opération Colère de Bohoma, sa montée au front où il a décimé plus de 1 000 chacals de Boko Haram, suite justement à la tuerie de 92 soldats tchadiens par cette secte. À la tête de la meilleure armée de l’Afrique francophone, une armée qui l’a prouvé sur différents fronts, Déby est le parrain du Sahel face aux menaces sécuritaires, qui ensanglantent la région. Il est le chef des «Warriors», adoubé par l’Occident, dont la France qui a installé au Tchad le QG de Barkhane. Ce n’est pas rien !
Est-ce pour célébrer ce statut, par zèle ou encore par opportunisme à moins que ce ne soit par absence de lois à voter, que les députés tchadiens ont trouvé le moyen ce vendredi 26 juin 2020 d’élever Idriss Déby au rang de maréchal ?
En tout cas, malgré la tentative de justification du MPS, le parti présidentiel par la voix de son porte-parole, Jean-Bernard Padaré ce fut une mauvaise pioche, une mauvaise initiative de la part des parlementaires qui ont voté cette élévation à 100% (146 voix pour, zéro contre et zéro abstention).
Qu’ils veuillent mettre en exergue la témérité, et les qualités du capitaine du bateau tchadien, c’est bien, mais c’est la mauvaise manière de le faire avec ce titre de maréchal, renvoyant aux Mobutu, Idi Amin Dada et autre Bokassa, avec leurs oripeaux, bardés de cliquetis de médailles et d’insignes risibles.
Que ce titre soit honorifique ou militaire, c’est kif-kif bourricot, c’est le miroir du roi mobutuesque de la RD Congo, de celui à l’allure de catcheur d’Ouganda, ou encore au colonial de Berengo en RCA, que ce titre de maréchal renvoie.
Excepté un peu Bokassa, pour qui les Centrafricains reconnaissent un apport, les autres précités sont toujours rangés dans la mémoire de leurs compatriotes comme des tyrans, des Ubu tropicaux qui ont martyrisé leurs peuples.
Est-ce cette image, que les tchadiens veulent que Déby laisse à ses compatriotes ? Il n’a pas besoin de ce titre de maréchal, qui quoiqu’on dise a une coloration militaire martiale, pour ne pas dire liée à la violence. Idriss Déby devrait refuser ce titre inutile car, ça n’ajoute en rien à ses qualités et n’enlève en rien à ses défauts. Après 30 ans à la tête du Tchad, il a suffisamment fait pour que déjà, on sache ce que la postérité gardera de lui, sans rajouter cette mention de maréchal. Et encore il est président de la République, et la fonction primant le grade. Il peut nommer n’importe quel officier de son armée maréchal.
Sam Chris
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